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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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est porté au bûcher, même des êtres vivants, et, il n'y a pas longtemps encore, la règle d'une cérémonie funèbre complète voulait que les esclaves et les clients qui lui avaient été chers fussent brûlés avec lui.
    20. Les cités qui passent pour être particulièrement bien organisées ont des lois qui prescrivent que quiconque a reçu d'un pays voisin quelque nouvelle intéressant l'État doit la faire connaître au magistrat sans en parler à nul autre, parce que l'expérience leur a montré que des hommes qui sont impulsifs et ignorants, souvent, sur de faux bruits, s'effraient, se portent à des excès, prennent les résolutions les plus graves. Les magistrats gardent secret ce qu'ils pensent devoir cacher, livrent à la masse ce qu'ils croient utile de divulguer. On n'a le droit de parler des affaires publiques qu'en prenant la parole dans le conseil.
    21. Les mœurs des Germains sont très différentes. En effet, ils n'ont pas de druides qui président au culte des dieux et ils font peu de sacrifices. Ils ne comptent pour dieux que ceux qu'ils voient et dont ils éprouvent manifestement les bienfaits, le Soleil, Vulcain, la Lune ; les autres, ils n'en ont même pas entendu parler. Toute leur vie se passe à la chasse et aux exercices militaires ; dès leur enfance, ils s'entraînent à une existence fatigante et dure. Plus on a gardé longtemps sa virginité, plus on est estimé par son entourage : les uns pensent qu'on devient ainsi plus grand, les autres plus fort et plus nerveux. De fait, connaître la femme avant l'âge de vingt ans est à leurs yeux une honte des plus grandes ; on ne fait pourtant point mystère de ces choses-là, car hommes et femmes se baignent ensemble dans les rivières, et d'ailleurs, ils n'ont d'autres vêtements que des peaux ou de courts rénons qui laissent la plus grande partie du corps à nu.
    22. L'agriculture les occupe peu, et leur alimentation consiste surtout en lait, fromage et viande. Personne ne possède en propre une étendue fixe de terrain, un domaine ; mais les magistrats et les chefs de cantons attribuent pour une année aux clans et aux groupes de parents vivant ensemble une terre dont ils fixent à leur gré l'étendue et l'emplacement ; l'année suivante, ils les forcent d'aller ailleurs. Ils donnent plusieurs raisons de cet usage : crainte qu'ils ne prennent goût à la vie sédentaire, et ne négligent la guerre pour l'agriculture ; qu'ils ne veuillent étendre leurs possessions, et qu'on ne voie les plus forts chasser de leurs champs les plus faibles ; qu'ils ne se préoccupent trop de se protéger du froid et de la chaleur en bâtissant des demeures confortables ; que ne naisse l'amour de l'argent, source des divisions et des querelles ; désir enfin de contenir le peuple en le gardant de l'envie, chacun se voyant, pour la fortune, l'égal des plus puissants.
    23. Il n'est pas de plus grand honneur pour les peuples germains que d'avoir fait le vide autour de soi et d'être entourés d'espaces désertiques aussi vastes que possible. C'est à leurs yeux la marque même de la vertu guerrière, que leurs voisins, chassés de leurs champs, émigrent, et que personne n'ose demeurer près d'eux ; ils voient là en même temps une garantie de sécurité, puisqu'ils n'ont plus à craindre d'invasion subite. Quand un État a à se défendre ou en attaque un autre, on choisit des magistrats qui conduiront cette guerre et auront le droit de vie et de mort. En temps de paix, il n'y a pas de magistrat commandant à tous, mais les chefs de régions et de cantons rendent la justice et apaisent les querelles chacun parmi les siens. Le vol n'a rien de déshonorant, lorsqu'il est commis hors des frontières de l'État : ils professent que c'est un moyen d'exercer les jeunes gens et de combattre chez eux la paresse. Lorsqu'un chef, dans une assemblée, propose de diriger une entreprise et invite les volontaires à se déclarer, ceux à qui plaisent et la proposition et l'homme promettent leur concours, et ils reçoivent les félicitations de toute l'assistance ; ceux qui par la suite se dérobent, on les tient pour déserteurs et traîtres, et toute confiance leur est désormais refusée. Ne pas respecter un hôte, c'est à leurs yeux commettre un sacrilège : ceux qui, pour une raison quelconque, viennent chez eux, ils les protègent, leur personne leur est sacrée ; toutes les maisons leur sont ouvertes et ils ont place à toutes les tables.
    24.

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