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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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est vrai, sire, nous sommes pauvres, répondit la veuve avec une fermeté inébranlable ; mais mes enfans et moi nous chercherons plutôt notre nourriture comme les plus vils animaux que de vivre du sang de mon mari. Je demande le combat par mon champion, comme vous êtes chevalier ceint du baudrier et roi couronné.
    – Je savais qu’il en serait ainsi ! dit le roi à l’oreille d’Albany ; en Écosse les premiers mots que l’enfant bégaie, les derniers que prononce le vieillard mourant, sont : Combat, sang, vengeance ! il serait inutile d’insister davantage ; faites entrer les défendans.
    Sir John Ramorny entra dans l’appartement. Il était revêtu d’une longue robe fourrée, telle que les gens de qualité en portaient lorsqu’ils étaient sans armes. Son bras blessé, caché par des plis adroitement ménagés, était soutenu par une écharpe de soie cramoisie, et de l’autre il s’appuyait sur un jeune homme qui à peine sorti de l’enfance portait déjà sur son front l’empreinte précoce de pensées profondes et de passions fougueuses : c’était ce célèbre Lindsay, comte de Crawford, qui par la suite mérita d’être surnommé le Comte tigre, et qui exerça dans la grande et riche vallée de Strathmore le pouvoir absolu et les cruautés sanglantes du plus farouche tyran. Deux ou trois gentilshommes, amis du comte ou les siens, étaient venus prêter dans cette occasion l’appui de leur présence à sir John Ramorny. L’accusation fut reproduite, et repoussée par un désaveu formel de la part de l’accusé ; et en réplique, les demandeurs offrirent de prouver leur assertion pour l’épreuve du droit de cercueil .
    – Je ne suis pas tenu de me soumettre à cette épreuve, répondit sir John Ramorny, puisque je puis prouver par le témoignage du prince mon ancien maître qu’au moment où le prévôt et les baillis prétendent que je commettais un crime où rien ne me portait, et auquel je ne songeais nullement, j’étais chez moi, malade et dans mon lit. Aucun soupçon ne peut donc s’attacher à moi.
    – Je puis attester, dit le prince, que je vis sir John Ramorny, et je causai avec lui de quelques affaires concernant ma maison, la nuit même où ce meurtre se commettait. Aussi sais-je qu’il était effectivement malade, et qu’il n’a pu commettre en personne le crime en question. Mais je ne sais point ce que faisaient ses gens, et je ne prendrai pas sur moi de dire qu’il ne se peut pas que l’un d’eux soit l’auteur du crime dont ils sont accusés.
    Pendant les premières paroles de ce discours sir John Ramorny avait promené autour de lui un regard de triomphe et d’arrogance ; mais les derniers mots le déconcertèrent un peu. – Je remercie Votre Altesse, dit-il avec un sourire, du témoignage restreint et circonspect qu’elle rend en ma faveur. Il était sage celui qui a écrit : Ne comptez pas sur les princes.
    – Si vous n’avez d’autre preuve à fournir de votre innocence, sir John Ramorny, dit le roi, nous ne pouvons pas en ce qui concerne vos gens refuser à la veuve et aux orphelins ici plaignans l’épreuve du droit de cercueil, à moins que l’un d’eux ne préfère le combat. Quant à vous personnellement, vous êtes, d’après le témoignage du prince, affranchi de tout soupçon.
    – Sire, répondit sir John, je puis me porter caution de l’innocence de mes gens et de tout ce qui dépend de moi.
    – Voilà ce que pourrait dire au moins une femme, repartit sir Patrice. Mais pour parler en chevalier, veux-tu, sir John Ramorny, te battre contre moi pour défendre tes gens ?
    – Le prévôt de Perth n’aurait pas eu le temps de prononcer le mot combat, dit Ramorny, avant que je l’eusse accepté ; mais je ne suis pas à présent en état de tenir une lance.
    – Excusez-moi, sir John, si je dis que j’en suis bien aise, dit le roi. Ce sera toujours un peu de sang qui coulera de moins. Il faudra donc que tous les gens de votre maison, conformément aux registres de votre intendant, se présentent dans la grande église de Saint-Jean, afin qu’en présence de toutes les personnes intéressées ils se disculpent de cette accusation. Ayez soin qu’ils comparaissent à l’heure de la grand’messe ; autrement ce serait une tache ineffaçable pour votre honneur.
    – Ils se présenteront tous jusqu’au dernier, dit sir John Ramorny. À ces mots il s’inclina respectueusement devant le roi, et se tournant vers le jeune

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