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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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misérables bourgeois, m’a défié, moi que ce prince sans pitié savait être hors d’état de porter les armes. Avant que je l’oublie ou, que je le lui pardonne, tu prêcheras toi-même le pardon des injures. Mais songeons à demain : crois-tu, Henbane Dwining, que les blessures de l’homme assassiné s’ouvriront réellement et qu’elles verseront des larmes de sang à l’approche du meurtrier ?
    – Je ne saurais, milord, vous l’assurer autrement que par le bruit public qui garantit le fait, répondit Dwining.
    – Cette brute de Bonthron, dit Ramorny, s’effraie à cette idée et dit qu’il préférerait le combat. – Qu’en penses-tu ? Il manie bien le fer.
    – C’est le métier de l’armurier de le manier toute la journée, répondit Dwining.
    – Quand même Bonthron succomberait, je saurais m’en consoler, dit Ramorny, bien que je perdisse en lui une main qui m’est utile.
    – Je crois sans peine que Votre Seigneurie s’en consolera plus vite que de celle qu’elle a perdue dans la dernière bagarre… eh ! eh ! eh ! Excusez ma plaisanterie ! – Mais quelles sont les qualités de ce Bonthron ?
    – Celles d’un boule-dogue, répondit le chevalier ; il déchire sans aboyer !
    – Vous ne craignez point qu’il fasse d’aveux ? demanda le médecin.
    – Qui pourrait dire ce que peut faire la crainte de la mort ? reprit Ramorny. Il a déjà montré une pusillanimité tout-à-fait contraire à la fermeté habituelle de son caractère ; lui qui voulait à peine se laver les mains après avoir tué un homme, craint à présent de voir saigner un corps mort.
    – Eh bien ! dit le docteur, il faut que je fasse quelque chose pour lui, s’il est possible, puisqu’après tout ce fut, pour servir ma vengeance qu’il frappa ce coup vigoureux, quoique par malheur il ne l’ait pas porté à celui auquel il était destiné.
    – Et à qui la faute, timide coquin, dit Ramorny, si ce n’est à toi, qui indique un méchant daim pour un cerf dix-cors ?
    – Bon dieu ! noble chevalier, dit le médecin, voulez-vous que moi qui ne connais presque rien hors de mon art, je me connaisse en bois comme Votre Seigneurie, et que je sache distinguer un cerf d’un daim, une biche d’un chevreuil, dans une rue sombre, à minuit ? J’eus bien quelques doutes lorsque je vis l’individu passer rapidement devant nous en costume de danseur, et se diriger vers la demeure de l’armurier ; je n’étais pas bien sûr que ce fût notre homme ; il me paraissait moins grand. Mais lorsque je le vis sortir après autant de temps qu’il lui en avait fallu pour changer d’accoutrement, et qu’il s’avança casque en tête et affublé du justaucorps de buffle, en sifflant comme c’est l’usage de l’armurier, j’avoue que j’y fus pris, et que je lâchai sur lui le boule-dogue de Votre Seigneurie, qui a fait son devoir en conscience, quoiqu’il se soit trompé de proie. Aussi, à moins que ce maudit Smith n’étende notre pauvre ami raide mort sur la place, je suis déterminé, si l’art y peut quelque chose, à tirer Bonthron de ce mauvais pas.
    – Il faudra tout ton art en effet, savant docteur, dit Ramorny, et je crois que ce sera pour lui une rude épreuve ; car apprends que si notre champion est vaincu, en supposant qu’il ne reçoive pas le coup de grâce dans la lice, il en sera tiré par les talons, et sera sans plus de cérémonie hissé à la potence comme convaincu de meurtre ; et quand il y sera resté suspendu une heure ou deux comme un gland de rideau, je doute que tu veuilles te charger de lui remettre le cou.
    – Je suis d’un avis différent, n’en déplaise à Votre Seigneurie, répondit Dwining avec douceur. Je saurai bien le transporter du pied même de la potence dans le pays de la féerie, comme le roi Arthur, ou sir Huon de Bordeaux, ou Ogier-le-Danois ; ou bien, si je le préfère, je le laisserai pendre au gibet un certain nombre d’heures ou de minutes et alors je l’escamoterai aux yeux de tous aussi facilement que le vent emporte la feuille desséchée.
    – Ce sont de vaines fanfaronnades, sire docteur, reprit Ramorny. Toute la populace de Perth sera sur le lieu de l’exécution ; tous plus avides les uns que les autres de voir mourir un homme attaché au service d’un seigneur pour avoir tué un misérable bourgeois. Ils seront plus de mille autour de la potence.
    – Et fussent-ils dix mille, s’écria Dwining, ne saurai-je pas, moi

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