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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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plaira à Votre Grâce de désigner, et en votre présence royale dans tel lieu qu’il leur sera indiqué, le 30 mars prochain, qui est le dimanche des Rameaux ; le nombre des combattans devant être limité à trente de chaque côté, et le combat devant être à toute outrance ; attendu qu’ils supplient humblement Votre Majesté de vouloir bien consentir avec cette bonté qui le caractérise à suspendre pour ce jour-là son privilège royal d’interrompre le combat en jetant son sceptre ou en criant : – Assez ! jusqu’à ce que le combat soit entièrement terminé.
    – Les barbares ! s’écria le roi ; veulent-ils restreindre notre plus beau, notre plus noble privilège, celui d’arrêter l’effusion du sang et de mettre fin à un combat ? veulent-ils détruire le seul motif qui pourrait me décider à être témoin de leur affreuse boucherie ? veulent-ils se battre en hommes, ou bien comme les loups de leurs montagnes ?
    – Milord, dit Albany, le Comte de Crawford et moi nous avions pris sur nous avant d’avoir pu vous consulter d’accorder cette demande, et de faire une concession que des raisons impérieuses semblaient commander.
    – Comment ! le comte de Crawford ! dit le roi ; il me semble que c’est un conseiller bien jeune pour d’aussi graves circonstances.
    – Malgré son âge, répondit Albany, il jouit d’une telle estime parmi ses voisins des Highlands, que sans son aide et son influence toutes mes démarches auprès d’eux auraient été sans succès.
    – Entendez-vous, jeune Rothsay ? dit le roi à son fils d’un ton de reproche.
    – Je plains Crawford, sire, répondit le prince ; il a perdu trop tôt un père dont les conseils auraient pu lui être utiles.
    Le roi jeta sur Albany un regard de triomphe en entendant cette réponse où se manifestait l’affection d’un fils.
    Albany reprit sans montrer d’émotion : – Ce n’est pas la vie de ces montagnards, c’est leur mort qui importe à la tranquillité de l’Écosse, et voilà pourquoi il nous semblait à désirer, au comte de Crawford et à moi, que le combat fut un combat d’extermination.
    – Certes, dit le prince, si telle est à présent la politique du jeune Lindsay, ce sera un chef bien compatissant dans une douzaine d’années ! Fi d’un enfant qui a le cœur endurci avant d’avoir du poil au menton ! Il ferait mieux de se contenter de faire battre des coqs le mardi-gras, que de se creuser la tête pour faire massacrer des hommes le dimanche des Rameaux, comme s’il était intéressé dans un combat d’animaux où il faut que tous se battent jusqu’à la mort.
    – Robin a raison, Albany, dit le roi ; il serait indigne d’un monarque chrétien de céder sur ce point. Je ne saurais consentir à voir des hommes se battre jusqu’à ce qu’ils soient tous assommés l’un après l’autre, comme des agneaux à la boucherie. Ce spectacle me ferait mal, et le sceptre tomberait de mes mains privées de leur force.
    – Mais il tomberait sans qu’on y prît garde, dit Albany ; permettez-moi de faire observer à Votre Grâce qu’elle ne fait que renoncer à un privilége qui, si elle l’exerçait, ne lui attirerait aucun repos puisqu’il ne commanderait pas l’obéissance. Si Votre Majesté jetait son sceptre dans le fort du combat lorsque le sang de ces montagnards fermente et bouillonne, il ne produirait pas plus d’effet que si un moineau laissait tomber au milieu d’une troupe de loups qui se déchirent le brin de paille qu’il portait à son nid. Ils ne s’arrêteront que lorsqu’il n’y aura plus de sang à répandre ; et ne vaut-il pas mieux que ce sang soit versé par les mains les uns des autres que par les troupes qui d’après vos ordres pourraient essayer de les séparer ? S’ils voyaient employer la farce pour rétablir la paix parmi eux, ils soupçonneraient que quelque embuscade a été préparée contre eux ; les deux partis se réuniraient pour se défendre : le carnage serait le même, mais l’espoir fondé de voir enfin la tranquillité renaître dans les Highlands serait détruit pour jamais.
    – Ce que vous dites n’est que trop vrai, mon frère, dit le facile monarque ; il sert à peu de chose de donner un ordre que je ne puis faire exécuter : et quoique malheureusement ce soit ce qui m’arrive chaque jour de ma vie, il serait inutile de donner à la foule qui s’assemblera pour contempler ce spectacle un exemple aussi public de

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