Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
qui suis passé maître, moi qui ai étudié en Espagne et même en Arabie ; ne saurai-je pas tromper les yeux d’une foule ignare et stupide, lorsque le plus mince jongleur qui ait jamais fait des tours de passe-passe réussit à tromper même les regards malins de votre très clairvoyante noblesse ? Je vous dis que je leur donnerai le change, comme si je possédais l’anneau de Keddie {81} .
    – Si tu dis vrai, répondit le chevalier, et je ne pense pas que tu osasses te jouer de moi sur un pareil sujet, il faut que tu aies des intelligences avec Satan, et je ne veux rien avoir à démêler avec lui ; – je le repousse et je le défie.
    Dwining se livra à son gros rire étouffé lorsqu’il entendit son patron défier ainsi l’esprit malin, et qu’il le vit en même temps faire le signe, de la croix. Il se contint cependant en voyant le front de Ramorny se rembrunir extrêmement, et il dit avec une gravité passable, quoique interrompue de temps en temps par les efforts qu’il lui fallait faire pour réprimer son humeur joyeuse :
    – Les compères, très noble chevalier, les compères sont l’âme de la jonglerie. Mais… eh ! eh ! eh – Je n’ai pas l’honneur d’être… eh ! eh !… l’allié du gentilhomme dont vous parlez, et à l’existence duquel je n’ajoute pas une foi extrêmement vive… eh ! eh ! quoique assurément Votre Seigneurie doive savoir mieux que moi à quoi s’en tenir.
    Achève, drôle, et dispense-toi de ces ricanemens qui autrement pourraient te coûter cher.
    – Très volontiers, intrépide chevalier, reprit Dwining. Apprenez donc que j’ai aussi mon compère ; sans quoi tout mon art me servirait à peu de chose.
    – Et quel est-il, je vous prie ?
    – Etienne Smotherwell {82} , s’il plaît à Votre Honneur, lochman {83} de cette Belle Ville. Je m’étonne que Votre Seigneurie ne le connaisse pas.
    – Et moi je ne m’étonne pas que tu le connaisses. Un drôle comme toi à dû avoir plus d’un rapport avec lui dans l’exercice de ses fonctions, reprit Ramorny ; pourtant ton nez est encore à sa place, tes oreilles ne sont point déchirées, et si tu as quelque marque sur les épaules, tu as le bon esprit de porter un collet montant.
    – Eh ! eh ! eh ! Votre Honneur plaisante, dit le médecin ; ce n’est point par suite de circonstance personnelle que j’ai fait la connaissance d’Étienne Smotherwell, mais à cause de certain trafic entre nous dans lequel, ne vous déplaise, j’échange certaines sommes d’argent contre les corps, les têtes et les membres de ceux qui meurent par l’entremise de l’ami Étienne.
    – Misérable ! s’écria le chevalier, avec horreur, c’est pour composer des charmes et préparer d’infâmes sortiléges que tu trafiques de ces tristes débris de l’humanité.
    – Eh ! eh ! eh ! non, non, s’il vous plaît, répondit le docteur que l’ignorance de son patron amusait beaucoup ; mais nous qui sommes chevalier du scalpel, nous sommes dans l’usage de découper avec soin les membres des personnes défuntes, ce que nous appelons disséquer, afin de découvrir par l’examen du membre mort comment il faut traiter celui qui a encore un principe de vie, mais qu’un accident ou une maladie a presque mis hors de service. Ah ! si Votre Honneur voyait mon pauvre laboratoire, je pourrais lui montrer des têtes et des mains, des pieds et des poumons qu’on croit depuis long-temps tombés en pourriture ; le crâne de Wallace dérobé sur le pont de Londres ; le cœur de sir Simon Fraser qui n’a jamais craint âme qui vive ; le joli crâne de la belle Jeanne Logie. Oh ! que n’ai-je eu le bonheur de pouvoir conserver également la main chevaleresque de mon très honoré patron !
    – Brisons là, insolent valet ! veux-tu me dégoûter avec ton catalogue d’horreurs ? – Dis-moi tout de suite où tu en veux venir ; comment ton trafic avec un pendard de bourreau peut-il t’aider à me servir ou à secourir Bonthron ?
    – C’est un expédient que je ne propose à Votre Seigneurie qu’en cas d’absolue nécessité, répondit. Dwining. Supposons donc le combat fini, et notre coq battu. Le point essentiel est de le bien convaincre d’avance que s’il a le dessous nous le sauverons du moins de la potence, pourvu qu’il ne fasse aucun aveu qui puisse compromettre Votre Honneur.
    – Ah ! et parbleu il me vient une idée, dit Ramorny. – Oui, nous pouvons faire mieux encore ;

Weitere Kostenlose Bücher