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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’impuissance de son roi. Que ces sauvages s’entre-déchirent donc tant qu’ils le voudront, je ne tenterai point d’arrêter ce que je ne saurais les empêcher d’accomplir. Le ciel prenne pitié de la malheureuse Écosse ! Je vais me retirer dans mon oratoire et prier pour elle, puis, qu’il ne m’est point permis de l’aider autrement : Digne prieur, je réclame l’appui de votre bras.
    – Un instant, mon frère, dit Albany ; permettez-moi de vous rappeler que nous avons une affaire à juger entre les citoyens de Perth et Ramorny au sujet de la mort d’un bourgeois.
    – Il est vrai, il est vrai, dit le monarque en se laissant retomber sur son siége ; encore de la violence, encore des combats ! – Ô Écosse ! Écosse ! si le sang le plus pur de tes braves enfans pouvait féconder ton sol aride, quelle terre dans le monde serait plus fertile que toi ! Quand donc verra-t-on blanchir la barbe d’un Écossais, à moins que ce ne soit celle de quelque misérable comme ton souverain, que sa faiblesse ne protége contre le meurtre que pour qu’il soit témoin des scènes de carnage auxquelles il n’a pas le pouvoir de mettre fin ? – Qu’ils entrent : ne les faites point attendre ; il leur tarde de verser du sang, de se disputer l’un à l’autre chaque souffle d’air que leur dispense la bonté de leur Créateur. Le démon du carnage est déchaîné sur tout le pays !
    À peine ce faible mais bon monarque s’était-il assis d’un air d’impatience et de mécontentement qui ne lui était pas très ordinaire, que la porte qui était au fond de la salle s’ouvrit, et l’on vit s’avancer de la galerie sur laquelle elle donnait et où se montrait en perspective un détachement de Brandanes sous les armes, la veuve du pauvre Olivier, à laquelle sir Patrice Charteris donnait la main avec autant de respect que si c’eut été une dame de la première distinction. Derrière elle venaient deux matrones respectables, femmes de magistrats de la ville, toutes deux vêtues de robes de deuil, l’une portant l’enfant qui n’était point encore sevré, l’autre conduisant celui qui marchait à peine. L’armurier suivait, paré de ses plus beaux habits, et portant par-dessus son justaucorps de buffle une écharpe de crêpe noir. Le bailli Craigdallie et un magistrat son confrère, portant également des emblèmes de deuil, fermaient le cortége.
    L’accès d’humeur du bon roi se dissipa du moment qu’il eut jeté les yeux sur les traits pâles de la pauvre veuve et sur les innocens orphelins, trop jeunes pour sentir la perte qu’ils avaient faite. Lorsque sir Patrice Charteris eût aidé Madeleine Proudfute à s’agenouiller, et que sans quitter sa main il eut lui-même mis un genou en terre, ce fut d’un ton de compassion que le roi Robert demanda à la triste veuve son nom et ce qui l’amenait. Elle ne répondit point, mais murmura quelques mots en regardant son conducteur.
    – Parlez pour cette pauvre femme, sir Robert Charteris, dit le roi, et apprenez-nous le motif qui l’amène devant nous.
    – Sous votre bon plaisir, milord, répondit sir Patrice en se levant, cette femme et ces malheureux orphelins viennent porter plainte devant Votre Majesté contre sir John de Ramorny, chevalier, parce que, soit par lui-même ou par quelqu’un des siens, son mari Olivier Proudfute, homme libre et bourgeois de Perth, a été tué dans les rues de la ville le soir du mardi-gras ou le matin du mercredi des Cendres.
    – Femme, répondit le roi du ton le plus affable, la douceur est de ton sexe, et ton malheur doit t’apprendre la pitié ; car nos infortunes nous rendent compatissans, et les plus malheureux sont souvent les plus indulgens pour les autres. Ton mari n’a fait que franchir le passage qu’il nous faut tous affronter.
    – Votre Majesté voudra bien se rappeler, sire, dit la veuve, que pour lui ce passage a été court et sanglant.
    – Je conviens qu’il n’a pas été bien partagé. Mais puisque je n’ai pu le protéger comme j’avoue que c’était mon devoir, je suis prêt en expiation à pourvoir à vos besoins et à ceux de ces orphelins aussi bien et mieux que votre mari ne pouvait le faire. Seulement désistez-vous de cette accusation, et ne soyez pas cause qu’il y ait encore du sang répandu. Rappelez-vous que je vous donne à choisir entre écouter la pitié et poursuivre la vengeance, et en même temps entre l’abondance et la pauvreté.
    – Il

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