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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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maison du grand-connétable, et que vous consentiez à n’avoir, sinon pour seule, du moins pour principale compagnie, que le noble comte ici présent, jusqu’à ce que les propos affligeans qui se sont répandus aujourd’hui aient été réfutés ou oubliés.
    – Qu’est-ce à dire, lord Errol ? dit le prince stupéfait ; votre maison doit-elle devenir ma prison, et Votre Seigneurie est-elle mon geôlier ?
    – Les saints m’en préservent, milord ! dit le comte d’Errol ; mais mon devoir m’oblige malheureusement à exécuter les ordres de votre père, en regardant pendant quelque temps Votre Altesse royale comme placée sous ma tutelle.
    – Le prince, l’héritier de l’Écosse sous la tutelle du grand-connétable ! Et quelle raison allègue-t-on pour cela ? la langue envenimée d’un indigne scélérat a-t-elle le pouvoir de ternir mon écusson royal ?
    – Tant que de telles accusations ne sont ni réfutées ni contredites, mon neveu, dit le duc d’Albany, elles souilleraient celui d’un monarque.
    – Contredites, milord ! s’écria le prince, par qui sont-elles avancées, si ce n’est par un misérable trop infâme, même de son propre aveu, pour mériter d’être cru un seul instant, quand même ce ne serait pas l’honneur d’un prince, mais celui du dernier mendiant, qu’il tenterait de flétrir ? Faites-le venir, qu’on lui montre des instrumens de torture, et vous l’entendrez bientôt rétracter les calomnies qu’il a eu le front d’inventer.
    – Le gibet a trop bien fait son devoir pour laisser Bonthron sensible à la torture, dit le duc d’Albany ; il y a une heure qu’il a été exécuté.
    – Et pourquoi cette hâte, milord ? dit le prince ; savez-vous bien qu’on pourrait dire qu’on ne l’a fait que pour flétrir mon nom ?
    – La loi est positive. Le combattant qui succombe dans l’épreuve du combat doit être mené immédiatement du champ-clos à la potence ; et cependant, beau neveu, ajouta le duc d’Albany, si vous aviez repoussé fortement et hardiment l’imputation, j’aurais cru devoir laisser vivre ce misérable jusqu’à plus ample informé ; mais comme Votre Altesse a gardé le silence, j’ai cru que le mieux était d’étouffer le scandale dans la bouche de celui qui l’avait préparé.
    – Par sainte Marie, milord, c’est par trop insultant ! Vous, mon oncle, me supposez-vous capable de conseiller un attentat aussi indigne que celui dont le vil esclave s’est avoué coupable ?
    – Il ne m’appartient pas d’échanger des questions avec Son Altesse, autrement je lui demanderais à mon tour si elle compte nier aussi l’attaque à peine moins indigne, quoique moins sanglante, dont la maison de Curfew-Street fut l’objet ! Ne vous fâchez pas, mon neveu, mais en vérité il est absolument nécessaire que vous vous séquestriez pour quelque temps de la cour, ne fût-ce que pendant le séjour du roi dans cette ville, qui a eu tant de sujets de plaintes.
    Rothsay s’arrêta lorsqu’il entendit cette exhortation, et jetant sur le duc un regard très expressif, il répondit :
    – Mon oncle, vous êtes un excellent chasseur ; vous avez, tendu vos toiles avec beaucoup d’adresse : néanmoins tous vos efforts auraient été inutiles, si le cerf n’était venu se précipiter de lui-même au milieu de vos filets. Dieu vous exauce, et puissiez-vous retirer de cette affaire tout le fruit que vos mesures méritent ! Dites à mon père que j’obéis à ses volontés. Lord Errol, je suis à vos ordres, et prêt à vous suivre quand vous le voudrez. Puisque je dois avoir un tuteur, on ne pouvait du moins m’en donner un qui me fût plus agréable.
    L’entrevue entre l’oncle et le neveu étant ainsi terminée, celui-ci se retira avec le comte d’Errol ; les citoyens qu’ils rencontraient dans les rues se détournaient dès qu’ils apercevaient le duc de Rothsay, pour ne pas être dans l’obligation de saluer un prince qu’ils avaient appris à regarder comme un libertin aussi cruel que licencieux. Le duc et son hôte entrèrent dans la maison du connétable, également charmés de quitter les rues, et cependant éprouvant tous deux un malaise évident de se trouver seuls, dans la position où ils étaient vis-à-vis l’un de l’autre.
    Il faut maintenant que nous retournions sur la place où le combat s’était livré, et que nous nous reportions au moment où les nobles venaient de se retirer ; la foule se

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