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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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chose semblable, n’en déplaise à Vos Honneurs, dit l’armurier avec la brusque franchise qui lui était ordinaire ; qu’on ne puisse pas dire que la valeur doit être rare dans la ville de Perth, puisqu’on récompense un homme parce qu’il a pris la défense d’une malheureuse veuve. Je suis sûr qu’il y a une foule de bourgeois à Perth qui auraient fait cette besogne aussi bien ou mieux que moi ; car en bonne conscience, j’aurais dû briser ce casque comme un pot de terre ; oui, et je n’y aurais pas manqué non plus si ce n’était pas moi-même qui en avais trempé l’acier pour sir John Ramorny. Mais si la Belle Ville pense que mes services vaillent quelque chose, je m’en croirai plus que payé si vous pouvez sur les fonds de la commune accorder quelques secours à la veuve Madeleine et à ses pauvres enfans.
    – C’est ce qui pourra très bien se faire, dit sir Patrice Charteris, et la Belle Ville sera encore assez riche pour payer sa dette envers Henry Smith ; c’est d’ailleurs ce dont nous jugerons tous beaucoup mieux que lui, qui est aveuglé par une vaine délicatesse qu’on appelle modestie ; et si le bourg est trop pauvre pour cela, eh bien ! le prévôt en supportera sa part. Les angelots d’or du corsaire n’ont pas encore tous pris la fuite.
    Les flacons circulèrent alors sous le nom de coup de consolation pour la veuve, et une autre rasade fut ensuite vidée à l’heureuse mémoire du défunt Olivier si bravement vengé. En un mot, ce fut un banquet si joyeux que tout le monde convint qu’il ne manquait pour le rendre parfait que la présence du bonnetier lui-même, dont le malheur avait occasionné cette réunion ; Proudfute était ordinairement le boute-en-train de ces sortes de fêtes, et le point de mire de toutes les plaisanteries. S’il eût pu se faire qu’il parût au milieu d’eux, suivant la malicieuse remarque du bailli Craigdallie, il n’aurait pas manqué de revendiquer l’honneur de la journée, et il aurait été prêt à jurer que c’était lui-même qui avait vengé sa mort.
    Au son de la cloche qui appelait aux vêpres, la compagnie se sépara ; les uns, les plus graves de la société, se rendant pour les prières du soir à l’église où, les yeux à demi fermés et la figure animée, ils se joignirent en membres très orthodoxes et très édifians à une sainte congrégation ; d’autres prenant le chemin de leur maison pour raconter à leur famille tous les incidens du combat et du banquet ; et quelques-uns sans doute se dirigeant vers quelque taverne privilégiée dont le carême ne tenait pas les portes aussi rigoureusement fermées que l’exigeaient les réglemens de l’Église. Henry retourna chez lui la tête exaltée par le bon vin et les applaudissemens de ses concitoyens, et il s’endormit pour rêver de bonheur parfait et de Catherine Glover.
    Nous avons dit qu’après le combat les spectateurs s’étaient divisés en deux troupes. Pendant que la portion la plus respectable des habitans formait un joyeux cortége pour accompagner le vainqueur, l’autre troupe beaucoup plus nombreuse, composée de ce qu’on pourrait appeler la canaille, suivait le vaincu qui se retirait dans une direction différente et pour un tout autre motif. Quelle que puisse être l’attraction relative d’une scène de deuil ou d’une scène de joie dans d’autres circonstances, il n’est pas difficile de juger laquelle attirera le plus grand nombre de spectateurs lorsqu’il s’agira d’être témoins de misères que nous ne devons point partager ou de plaisirs que nous ne devons point goûter. Aussi le tombereau qui conduisait le criminel au lieu de l’exécution fut-il accompagné de la plus grande partie de la population de Perth.
    Sur la même charrette que le meurtrier était assis un moine auquel Bonthron n’hésita pas à répéter, sous le sceau de la confession, les calomnies qu’il avait déjà proférées sur le lieu du combat, et par lesquelles il accusait le duc de Rothsay d’avoir dirigé l’embuscade dont le malheureux bonnetier avait été victime. Sur la route il sema les mêmes impostures parmi la foule, assurant avec la plus grande effronterie à ceux qui étaient les plus près de la charrette, qu’il ne mourait que parce qu’il avait consenti à servir d’instrument au duc de Rothsay. Pendant quelque temps il répéta ces paroles d’un air morne et sur le même ton, comme quelqu’un qui récite une leçon

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