Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
Saint-Fillan pour découvrir le vol par le moyen de sa cloche et pour rendre la raison aux malheureux qui en sont privés en les baignant dans une citerne ; et sur-le-champ les persécuteurs m’ont retranché de leur communion, comme ils voudront bientôt me retrancher du nombre des vivans.
    – Vous y voilà ! voyez ce que c’est qu’un homme qui ne veut pas se tenir pour averti ? Eh bien ! père Clément, je vous dirai qu’on n’aura jamais aucune raison pour me retrancher du nombre des vivans, si ce n’est pour avoir fréquenté votre compagnie. Je vous prie donc de m’apprendre ce que vous avez à me dire de ma fille ; et ensuite soyons voisins l’un de l’autre un peu moins que nous ne l’avons été.
    – Voici donc, frère Simon, ce que j’ai à vous apprendre. Ce jeune chef contemple avec orgueil son pouvoir et la gloire qu’il y attache ; il existe pourtant une chose qu’il y préfère, et c’est votre fille.
    – Lui ! Conachar ! mon apprenti fugitif lever les yeux sur ma fille !
    – Hélas ! combien l’orgueil mondain a de force ! il s’attache à nous comme le lierre à la muraille, et rien ne peut l’en détacher. – Lever les yeux sur votre fille, mon bon. Simon ! hélas, non ! le chef du clan de Quhele, grand comme il est, et espérant de le devenir bientôt encore davantage, laisse tomber un regard sur la fille du bourgeois de Perth, et croit s’abaisser en agissant ainsi. Mais pour me servir de son expression profane, Catherine lui est plus chère que la vie en ce monde et le ciel dans l’autre. – Il ne peut vivre sans elle.
    – En ce cas, il peut mourir si bon lui semble ; car je l’ai promise à un honnête bourgeois de Perth, et je ne manquerais pas à ma parole quand il s’agirait de lui donner pour époux le prince d’Écosse :
    – J’avais prévu que telle serait votre réponse. Je voudrais, mon digne ami, que vous pussiez apporter dans vos intérêts spirituels une partie de la résolution intrépide avec laquelle vous conduisez vos affaires temporelles.
    – Silence ! père Clément, silence ! Quand vous retombez sur ce sujet, vos discours sentent la poix enflammée ; c’est une odeur que je n’aime point. Quant à Catherine, je m’arrangerai de mon mieux pour ne pas offenser le jeune chef ; mais il est heureux pour moi qu’elle soit hors de sa portée.
    – Il faut donc qu’elle soit bien loin, dit le vieux moine. Et maintenant, frère Simon, puisque ma présence et mes opinions vous paraissent dangereuses, je resterai seul avec ma doctrine et les dangers qu’elle attire sur moi. Mais si vos yeux, moins aveuglés qu’ils ne le sont à présent par les craintes et les espérances mondaines, jetaient jamais un regard en arrière sur celui qui peut bientôt vous être enlevé, souvenez-vous que ce n’est qu’un sentiment profond de la vérité et de l’importance de la doctrine qu’il enseignait qui a pu apprendre à Clément Blair à mépriser et même à provoquer l’animosité de ceux qui sont armés de puissance et de méchanceté, à exciter la crainte des envieux et des hommes timides, à vivre dans le monde comme s’il n’y appartenait pas, à consentir que les hommes le regardassent comme privé de raison, dans l’espoir de gagner des âmes à Dieu. Le ciel m’est témoin que rien de ce qui est légal et permis ne me rebuterait pour gagner l’affection de mes semblables ; car ce n’est pas peu de chose que d’être évité par les gens estimables comme un pestiféré, d’être persécuté par les pharisiens du jour comme un hérétique infidèle, d’être l’objet du mépris et de l’horreur de la multitude qui me regarde comme un fou dangereux. Mais quand tous ces maux seraient multipliés au centuple, le feu qui m’anime ne serait pas étouffé, la voix intérieure qui me dit : – Parle ! – n’en serait pas moins écoutée. Malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile, quand même je devrais finir par le prêcher sur un bûcher enflammé !
    Ainsi parlait ce moine intrépide, un de ces hommes suscités par le ciel de temps en temps pour conserver au milieu des siècles d’ignorance et transmettre à ceux qui devraient les suivre la manifestation d’un pur christianisme depuis le temps des apôtres jusqu’au moment où, favorisée par l’invention de l’imprimerie, la réformation parut dans toute sa splendeur. Le gantier ne put fermer les yeux sur l’égoïsme de sa politique, et il se

Weitere Kostenlose Bücher