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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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méprisa lui-même en voyant le vieux moine se détourner de lui avec un air de sainte résignation. Il fut tenté un moment de suivre l’exemple que lui donnaient la philanthropie et le zèle désintéressé du prédicateur ; mais ce mouvement fut comme l’éclair qui pénètre un instant dans un souterrain ténébreux où il ne se trouve rien pour conserver sa flamme. Il descendit à pas lents de la montagne en suivant un chemin différent de celui qu’avait pris le père Clément, qu’il oublia bientôt ainsi que sa doctrine, pour ne songer qu’à l’inquiétude que lui causait le destin de sa fille et le sien.

CHAPITRE XXVIII.
     
    La cérémonie des Obsèques étant terminée, la même flottille qui était arrivée formant sur les eaux du lac une pompe mélancolique et solennelle, se prépara à repartir bannières déployées et avec toutes les démonstrations de la joie et de la gaîté ; car on n’avait pas de temps à perdre pour célébrer une fête, quand l’époque fixée pour le combat entre les montagnards du clan de Quhele et leurs redoutables rivaux était si voisine. Il avait donc été convenu que la solennité funèbre serait immédiatement suivie de la fête qui avait ordinairement lieu lors de l’inauguration du nouveau chef.
    Quelques objections furent faites à cet arrangement, qu’on prétendait de mauvais augure. Mais d’une autre part il avait en sa faveur les habitudes et les sentimens des montagnards, qui encore aujourd’hui sont accoutumés à mêler une gaîté de fête à leurs cérémonies de deuil, comme une sorte de mélancolie à leurs divertissemens. La répugnance ordinaire à parler de ceux qu’on a aimés et qu’on a perdus, et même à y penser, est moins commune chez cette race grave et enthousiaste que partout ailleurs. Non-seulement on y entend les jeunes gens citer avec éloge, comme c’est l’usage en tout pays, les parens qui, suivant le cours de la nature, ont quitté ce monde avant eux, mais la veuve fait de l’époux qu’elle a perdu un sujet de conversation ordinaire, et ce qui est encore plus étrange, les père et mère font de fréquentes allusions à la beauté de la fille ou à la valeur du fils qui ont cessé d’exister. Les montagnards écossais paraissent considérer la mort de leurs parens comme une séparation moins complète et moins absolue qu’on ne l’envisage dans les autres pays. Ils parlent des objets chéris qui sont entrés dans la tombe avant eux comme s’ils avaient entrepris un long voyage dans lequel ils doivent bientôt eux-mêmes les suivre. Le festin funéraire, coutume universelle dans toute l’Écosse, n’offrait donc dans l’opinion de ceux qui devaient y assister rien d’incompatible avec les réjouissances qui devaient célébrer l’inauguration du nouveau chef.
    Ce nouveau chef, le jeune Mac Ian, monta sur la barque qui avait si récemment transporté le défunt au lieu de sa sépulture, et les ménestrels firent retentir les airs, de leurs chants les plus joyeux pour féliciter Eachin sur son avénement, de même qu’ils avaient fait entendre les sons les plus lugubres quand ils avaient accompagné Gilchrist au tombeau sur toute la flottille qui le suivait ; des airs de triomphe remplaçaient les cris lamentables qui avaient si peu de temps auparavant troublé les échos du lac Tay. Mille acclamations saluèrent le jeune chef quand on le vit debout sur la poupe, armé de toutes pièces, dans la fleur de la beauté et toute l’activité de la jeunesse, là même où le corps de son père avait été entouré d’amis plongés dans l’affliction, et dont la bouche ne s’ouvrait maintenant que pour des accens d’allégresse. Une barque de la flottille se tenait toujours près de la barge d’honneur. Torquil du Chêne, géant à cheveux gris, en maniait le gouvernail, et ses huit enfans, tous d’une stature au-dessus de la taille ordinaire, faisaient mouvoir les rames. Semblable à un chien-loup favori détaché de sa chaîne et sautant autour de son maître, la barque conduite par ses frères de lait passait à côté de la barge du chef, tantôt à droite, tantôt à gauche, et décrivait même un cercle tout autour avec l’expression d’une joie extrême, tandis qu’avec la vigilance jalouse de l’animal auquel nous l’avons comparée, elle rendait dangereux à tout autre esquif de la flottille d’en approcher d’aussi près, par le risque qu’elle aurait couru d’être renversée et

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