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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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mélancolique. Les sons de la gaîté n’auraient pas d’harmonie en ce moment pour mon oreille.
    Louise commença une chanson mélancolique en français-normand et un air non moins triste accompagnait les paroles dont voici l’imitation.
     
    Tu peux encor faire entendre un soupir,
    Et regarder cette aimable prairie,
    Ce ciel si beau, cette rive fleurie ;
    Mais de tes jours la source va tarir :
    Tu dois mourir.
     
    À ton destin résigné sans gémir
    Le sang fait-il battre encor tes artères ?
    Pour toi qu’un moine offre au ciel des prières,
    Entends la cloche, – elle fait retentir :
    Tu vas mourir !
     
    Sache braver ce dernier coup du sort.
    C’est un moment d’angoisse passagère,
    Le court frisson d’une fièvre éphémère ;
    Et l’on ne craint soucis ni déconfort,
    Quand on est mort.
     
    Le prince ne fit aucune observation sur cette chanson, et Louise obéissant aux ordres de Ramorny, continua de temps en temps à faire entendre ses chants. Dans la soirée il tomba de la pluie. D’abord elle était peu forte, mais elle finit par tomber en torrens, et elle était accompagnée d’un vent glacial. Le prince n’avait ni manteau ni rien pour se couvrir, et il refusa avec humeur celui que portait Ramorny, qui le lui offrit.
    – Il ne convient pas que Rothsay porte vos vieux habits, sir John. – Cette neige fondue me gèle jusqu’à la moelle des os. C’est votre faute. Pourquoi vous êtes-vous permis de faire partir, la barque sans attendre mes gens et mon bagage ?
    Ramorny ne chercha point à se justifier, car il savait que lorsque le prince était dans un de ses accès d’humeur, il aimait mieux se plaindre que de s’entendre fermer la bouche par des excuses. Rothsay tantôt continua ses plaintes, tantôt garda un sombre silence jusqu’à ce qu’on arrivât au village de Newburgh, habité par des pêcheurs. Là nos voyageurs quittèrent la barque et prirent des chevaux que Ramorny y avait fait placer plusieurs jours auparavant dans l’attente de cette occasion. La mauvaise humeur du prince continuant, il critiqua sa monture, n’épargna pas celles des autres, et se soulagea par des sarcasmes amers et piquans qu’il adressait quelquefois directement à Ramorny. Enfin ils se mirent en route. La nuit commençait à tomber, et la pluie ne cessait pas. Rothsay précédait les autres, aveugle à toute espèce de danger. La chanteuse, à qui par son ordre exprès on avait donné un cheval, les accompagnait ; et il fut heureux pour elle qu’elle fût habituée à souffrir les injures du temps et à voyager à cheval comme à pied, car ce fut ce qui lui donna la force de supporter avec autant de fermeté que les hommes les fatigues de cette course nocturne. Ramorny fut obligé de se maintenir à côté du prince, n’étant pas sans inquiétude que quelque nouveau caprice ne le portât à s’éloigner de lui et à chercher un abri chez quelque baron loyal où il échapperait au piége qui lui était préparé. Il passa donc tout le temps du voyage dans des souffrances inexprimables d’esprit et de corps.
    Enfin ils entrèrent dans la forêt de Falkland, et la clarté de la lune qui se montra un instant leur fit voir la tour sombre et immense qui était une dépendance de la couronne, quoiqu’elle eût été donnée pour un certain temps à Albany. À un signal donné le pont-levis se baissa. Des torches brillèrent dans la cour, et plusieurs serviteurs se présentèrent. On aida le prince à descendre de cheval, et on le fit entrer dans un appartement où il fut suivi par Ramorny et Dwining. Le premier le supplia de prendre l’avis du médecin. Le duc de Rothsay n’en voulut rien faire, et ordonna avec hauteur qu’on préparât son lit. Il resta quelque temps à grelotter devant un grand feu, couvert de ses vêtemens mouillés, et il se retira dans son appartement sans adresser un seul mot à personne.
    – Vous voyez l’humeur fantasque de ce jeune homme, de cet enfant, dit Ramorny à Dwining. Serez-vous surpris qu’un serviteur qui a fait pour lui tout ce que j’ai fait soit fatigué d’un tel maître ?
    – Non vraiment, répondit Dwining ; ce motif et la promesse du comte de Lindores ébranleraient la fidélité la plus à l’épreuve. – Mais nous mettrons-nous en besogne avec lui ce soir même ? Si ses yeux disent la vérité, il porte dans son sein les germes d’une fièvre qui rendra notre ouvrage plus facile, et qui mettra tout sur le compte de la

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