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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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cadence qui semble mourir. Faites avancer la barque du côté d’où vient cette musique.
    – C’est le vieux Henshaw qui remonte le fleuve, dit Ramorny. Holà ! batelier !
    Le marinier répondit à cet appel, et s’approcha de la barque du prince.
    – Oh ! oh ! mon ancienne amie ! s’écria le prince en reconnaissant la figure et l’accoutrement de Louise, la chanteuse provençale. Je crois que je te dois quelque chose pour la frayeur que je t’ai occasionnée, tout au moins, le jour de Saint Valentin. Passe dans cette barque, toi, ton chien, ton luth et tout ce qui t’appartient. Je te ferai entrer au service d’une dame qui nourrira ton chien, même de blancs de chapons, et qui t’abreuvera de vin des Canaries.
    – J’espère dit Ramorny, que Votre Altesse songera…
    – Je ne songe qu’à mon plaisir, John, et je te prie d’être assez complaisant pour y songer aussi.
    – Est-ce véritablement au service d’une dame que vous voulez me faire entrer ? demanda Louise. Et où demeure-t-elle ?
    – À Falkland ; répondit le prince.
    – Oh ! j’ai entendu parler de cette grande dame, dit Louise ; et vous me ferez réellement entrer au service de votre épouse royale ?
    – Je le ferai, sur mon honneur, répondit le prince, aussitôt que je la reconnaîtrai en cette qualité ajouta-t-il à demi-voix. – Remarque bien cette réserve, dit-il à part à Ramorny.
    Les passagers qui étaient dans la barque entendirent cette conversation, et concluant qu’une réconciliation allait avoir lieu entre le prince et son épouse, ils engagèrent Louise à profiter de sa bonne fortune, et à accepter une place parmi les femmes de la suite de la duchesse de Rothsay. Quelques uns lui offrirent un léger tribut en récompense de l’exercice de ses talons.
    – Pendant ce moment de délai Ramorny dit à l’oreille de Dwining : – Allons, drôle, trouve quelque objection. Cette addition est de trop. Que ton esprit s’évertue, tandis que je vais dire un mot à Henshaw.
    – Si je puis me permettre de parler, dit Dwining, je vous dirai, milord, en homme qui a fait ses études en Espagne et en Arabie, qu’une maladie contagieuse s’est déclarée à Édimbourg, et qu’il serait dangereux d’admettre près de Votre Altesse une jeune femme qui court ainsi le pays.
    – Ah ! répondit Rothsay ; et, que t’importe si je veux être empoisonné par la peste ou par un apothicaire ? Faut-il que toi aussi tu contraries mes fantaisies ?
    Tandis que le prince mettait ainsi fin aux remontrances de Dwining, sir John Ramorny avait saisi un instant pour apprendre d’Henshaw que le départ de la duchesse de Rothsay de Falkland était encore complètement ignoré, et que Catherine Glover y arriverait dans la soirée ou le lendemain matin avec l’espoir d’être prise sous la protection de cette noble dame.
    Le duc de Rothsay, plongé dans de profondes réflexions, reçut cette nouvelle si froidement que Ramorny se permit à son tour de lui faire une remontrance. – Vous désiriez la liberté, lui dit-il ; elle vous arrive. Vous soupiriez pour la beauté ; elle vous attend, sans plus de délai qu’il n’en faut pour rendre ses faveurs plus précieuses. Même vos moindres désirs semblent une loi pour le destin ; car vous souhaitiez de la musique dans un instant où il semblait impossible de vous en procurer, et sur-le-champ un luth et une chanteuse sont à vos ordres. Il faut savoir jouir des dons que la fortune nous fait ainsi, sans quoi nous sommes comme des enfans gâtés qui brisent et jettent loin d’eux les jouets pour la possession desquels ils ont pleuré.
    – Pour jouir du plaisir, Ramorny, il faut avoir connu la peine, de même qu’il faut jeûner pour avoir bon appétit. Nous qui pouvons avoir tout ce que nous désirons, nous en jouissons peu quand nous le possédons. – Vois-tu ce nuage épais qui est prêt à nous inonder de pluie ? Il me semble qu’il m’étouffe ; – l’eau me paraît trouble et noire ; les rives du fleuve ont perdu à mes yeux toute leur beauté.
    – Pardonnez à votre serviteur, milord, mais vous vous abandonnez trop à votre imagination, comme un cavalier peu habile laisse un cheval fougueux se cabrer au point de tomber sur son maître et de l’écraser. Secouez cette léthargie, je vous en supplie. – Dirai-je à cette chanteuse de vous donner un peu de musique ?
    – Oui, qu’elle chante – mais que ce soit quelque chose de

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