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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Altesse de s’ennuyer quand nous rentrerons au château après avoir chassé dans le parc.
    Il y eut encore un long intervalle de silence, pendant lequel le prince parut, réfléchir profondément. – Ramorny, dit-il enfin, j’ai un scrupule dans cette affaire ; mais si je te le fais connaître, le diable du sophisme dont tu es possédé t’inspirera des raisonnemens qui le feront disparaître, comme cela est arrivé déjà. Cette fille est la plus belle que j’aie jamais vue ou connue, à l’exception d’une seule ; et je ne l’en aime que mieux parce qu’elle a quelques-uns des traits d’Elisabeth de Dunbar. Mais Catherine Glover est promise, et sur le point d’être mariée à Henry l’armurier, artisan qui n’a pas son égal dans sa profession, et homme d’armes dont on chercherait long-temps le pareil par-dessus le marché. Mettre fin à cette intrigue, ce serait faire à ce brave garçon une trop forte injure.
    – Votre Altesse ne s’attend pas à me voir prendre fort à cœur les intérêts de Henry Smith, dit Ramorny en jetant un regard sur son bras mutilé.
    – Par la croix de saint André ! John Ramorny, tu reviens trop souvent sur cet accident. Il y a des gens qui mettent le bout du doigt dans le plat ; mais toi, il faut que tu y plonges ta main saignante tout entière. L’affaire est faite ; on ne peut y remédier ; il faut l’oublier.
    – Vous y faites allusion plus souvent que moi, milord ; par dérision, il est vrai, tandis que je… Mais je puis garder le silence sur ce sujet, s’il m’est impossible de l’oublier.
    – Eh bien donc ! je te dis que j’ai des scrupules sur cette intrigue. Te souviens-tu lorsque nous fîmes la partie d’aller entendre prêcher le père Clément, ou pour mieux dire d’aller voir cette belle hérétique, il parla d’une manière presque aussi touchante qu’un ménestrel du riche qui enlève l’unique brebis du pauvre ?
    – Grand malheur, en vérité, que le fils aîné de la femme de ce manant ait pour père le prince d’Écosse ! Combien de comtes souhaiteraient le même destin à leurs belles comtesses ! Combien de gens ont eu la même bonne fortune, sans en avoir perdu une heure de sommeil !
    – Et s’il m’est permis de prendre la liberté de parler, dit Dwining, les anciennes lois d’Écosse accordaient à tout seigneur féodal ce privilège sur ses vassales, quoique plusieurs par cupidité et faute de noblesse d’âme y aient renoncé pour de l’argent.
    – Il ne me faut pas des argumens bien pressans, dit le prince, pour me déterminer à être galant auprès d’une jolie femme, mais cette Catherine m’a toujours montré de la froideur.
    – Ma foi ! dit Ramorny, si vous ne savez, vous jeune, bien fait, et prince, comment faire agréer vos soins à une jolie femme, il ne me reste plus rien à dire.
    – Et si je pouvais sans trop d’audace prendre encore la parole, dit le médecin, j’ajouterais que personne n’ignore dans Perth que ce Gow n’a jamais été l’objet du choix de cette jeune fille, et que c’est son père qui la force à l’accepter pour mari. Je sais pertinemment qu’elle l’a refusé à plusieurs reprises.
    – Si tu peux nous assurer ce fait, cela change la face des choses, dit Rothsay. Vulcain était forgeron comme Henry Gow. Il s’obstina à épouser Vénus, et nos chroniques nous apprennent ce qui en résulta.
    – Eh bien ! dit sir Joli Ramorny, puisse lady Vénus vivre et être adorée long-temps, et succès au galant chevalier Mars qui va courtiser sa divinité !
    La conversation roula pendant quelques minutes sur ces allusions d’une folle gaîté ; mais le duc de Rothsay ne tarda pas à prendre un autre ton.
    – J’ai laissé derrière moi l’air de ma prison, dit-il, et cependant mon enjouement ne peut renaître. Je suis accablé de cette sorte de langueur qui a quelque chose de mélancolique, sans être désagréable, qu’on éprouve quand on est épuisé par l’exercice ou rassasié de plaisir. Un peu de musique qui se glisserait dans l’oreille, sans être assez haute pour faire lever les yeux, serait une fête digne des dieux.
    – Votre Altesse n’a qu’à faire connaître ses désirs, dit Ramorny, et les nymphes du Tay lui sont aussi favorables que celles qui habitent la surface de la terre. Écoutez ! c’est un luth.
    – Un luth ! dit le duc de Rothsay en écoutant ; et l’on en pince supérieurement. Je voudrais pouvoir me rappeler cette

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