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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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plus promptement possible en traversant la foule aussi vite que le permettaient la sainteté du lieu et la solennité de l’occasion. En s’ouvrant un chemin dans les flots de la multitude, il fut porté un instant si près d’Eachin, que leurs yeux se rencontrèrent. Le teint bruni du hardi armurier devint aussi rouge que le fer sur lequel il travaillait, et conserva cette teinte foncée pendant plusieurs minutes. Les traits d’Eachin se couvrirent d’une rougeur d’indignation plus brillante, et un éclair de haine et de fierté partit de ses yeux.
    Mais cette teinte aussi vive que subite fit place à une pâleur mortelle, et il détourna ses regards à l’instant même pour éviter le coup d’œil ferme et menaçant qui était dirigé sur lui.
    Torquil, dont les yeux étaient toujours fixés sur son fils nourricier, remarqua son émotion, et chercha avec inquiétude autour de lui quelle pouvait en être la cause. Mais Henry était déjà bien loin, et en chemin pour le couvent des chartreux. Le service divin y était aussi terminé, et ceux qui venaient de porter des palmes en honneur du grand événement qui amenait la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté se rendaient alors vers le lieu du combat, les uns se préparant à priver leurs semblables de la vie ou à perdre la leur, les autres disposés à voir cette lutte mortelle avec le plaisir sauvage que les païens prenaient aux combats de leurs gladiateurs.
    La foule était si grande que tout autre individu aurait pu désespérer de s’y frayer un chemin ; mais la déférence générale qu’on avait pour Henry comme champion de Perth, et la conviction universelle qu’il était en état de se frayer un passage, déterminaient chacun à lui faire place, de sorte qu’il se trouva bientôt près des guerriers du clan de Chattan. Leurs joueurs de cornemuses marchaient en tête de leurs colonnes. Suivait leur bannière bien connue, offrant aux yeux un chat des montagnes rampant avec la devise : Ne touchez pas le chat sans gants. Le chef du clan marchait ensuite, tenant son épée à deux mains, comme pour protéger l’emblème de sa tribu. C’était un homme de moyenne taille, âgé de plus de cinquante ans, mais dont les traits et les membres n’annonçaient ni diminution de forces physiques, ni aucun symptôme de vieillesse. Quelques poils gris se montraient parmi des cheveux d’un roux ardent, courts, et bouclés naturellement ; mais on remarquait dans ses pas et dans ses gestes, soit à la danse, soit à la chasse, soit au combat, la même légèreté que s’il n’eût pas encore atteint sa trentième année. Ses yeux gris brillaient d’un éclat sauvage qui annonçait un mélange de valeur et de férocité ; mais la sagesse et l’expérience formaient l’expression de son front, de ses sourcils et de ses lèvres. Les champions de son clan le suivaient deux à deux. L’inquiétude se peignait sur la physionomie de plusieurs d’entre eux, car ils avaient découvert ce matin même qu’un de leurs compagnons était absent, et dans un combat qui devait être désespéré, comme on s’y attendait, la retraite d’un individu paraissait une chose importante à tous les autres, à l’exception de leur chef, l’intrépide Mac Gillie Chattanach.
    – Qu’on ne dise rien de son absence aux Saxons, dit ce brave montagnard en apprenant la diminution de sa troupe. Les langues menteuses des basses-terres pourraient dire qu’il s’est trouvé un lâche dans le clan de Chattan, et peut-être même que les autres ont favorisé sa fuite afin d’avoir un prétexte pour éviter le combat. Je suis sûr que Ferquhard Day se trouvera dans nos rangs avant que nous soyons prêts à combattre ; et s’il ne s’y trouvait pas, ne suis-je pas en état de faire tête à deux hommes du clan de Quhele ? ne les combattrions-nous pas quinze contre trente, plutôt que de renoncer à la gloire que nous devons acquérir aujourd’hui ?
    Le discours du brave chef fut couvert d’applaudissemens ; et pourtant plus d’un regard inquiet se dirigeait encore de côté et d’autre, dans l’espoir de voir le déserteur venir rejoindre sa bannière. Le chef était peut-être le seul homme de sa troupe qui fût complètement indifférent à son absence.
    Ils traversèrent les rues de la ville sans apercevoir Ferquhard Day qui, arrivé déjà bien au-delà des montagnes, s’occupait à recevoir les dédommagemens que l’amour peut accorder pour la perte

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