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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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rouge sur les lèvres ! Par saint Jean ! je voudrais qu’elle t’eût envoyé la vieille Dorothée en sa place, et qu’elle t’eût obligé à être le Valentin de ce squelette vivant, à qui il ne reste pas une dent. On n’aurait pu trouver dans tout Perth une Valentine qui convint mieux à un amant qui manque de cœur.
    – Quant à manquer de cœur, père Simon, il y a une vingtaine de bons coqs dont j’ai rabattu la crête qui peuvent vous dire si j’en manque ou non. Mais le ciel sait que je donnerais ma maison que je tiens à droit de bourgeoisie, ma forge, mes soufflets, mon enclume et tout ce que je possède, pour pouvoir penser comme vous à ce sujet. Mais ce n’est ni de sa honte ni de sa rougeur que je parle ; c’est de la pâleur qui a chassé si vite les couleurs de ses joues, et des pleurs qui y ont succédé. C’était comme une giboulée d’avril, rendant obscur le plus beau jour qui ait jamais brillé sur le Tay.
    – Ta ! ta ! ta ! ni Perth ni Rome n’ont été bâties en un jour. Tu as pêché le saumon mille fois, et tu aurais dû y prendre une leçon. Quand le poisson a mordu à l’hameçon, tirer brusquement la ligne c’est le moyen de la briser, quand elle serait de fil de laiton ; mais lâchez la main, laissez le saumon revenir sur la surface de l’eau, ayez de la patience, et en moins d’une demi-heure vous le tenez sur le sable. Tu as un aussi beau commencement que tu peux le désirer, à moins que tu ne veuilles que la pauvre fille coure au chevet de ton lit comme elle a couru à ton fauteuil, ce qui n’est pas la mode des jeunes filles modestes. Mais fais bien attention quand nous aurons déjeuné je te fournirai l’occasion de t’expliquer avec elle. Cependant prends garde de ne pas rester trop en arrière et de ne pas te mettre trop en avant. – Donne-lui de la ligne ; ne cherche pas à tirer trop vite le poisson hors de l’eau, et je gage ma vie contre la tienne que tu réussiras.
    – Quoi que je puisse faire, père Simon, j’aurai toujours tort à vos yeux ou je donnerai trop de ligne, ou je n’en donnerai pas assez. Je donnerais le meilleur haubert que j’aie jamais travaillé pour que toute la difficulté vint de mon côté, car alors j’aurais plus d’espoir de la surmonter. J’avoue pourtant que je ne suis qu’un âne pour trouver la manière d’entamer la conversation sur un pareil sujet.
    – Viens dans ma boutique avec moi, mon fils, et je te fournirai un sujet convenable. Tu sais que l’homme qu’une jeune fille a embrassé pendant qu’il dormait doit lui présenter une paire de gants. Viens dans ma boutique, je t’en donnerai une paire de la plus belle peau de chevreuil qu’on puisse voir, et qui iront parfaitement à sa main et à son bras. – Je songeais à sa pauvre mère en les taillant, ajouta l’honnête Simon en soupirant, et à l’exception de Catherine, je ne connais pas une seule femme en Écosse à qui ils iraient, quoique j’aie pris la mesure des plus grandes beautés de la cour. – Viens avec moi, te dis-je, et tu auras un sujet sur lequel tu pourras dégoiser à ton aise, pourvu que le courage et la prudence ne te manquent pas en faisant ta cour.

CHAPITRE VI.
     
    « Jamais Catherine ne donnera sa main à un homme. »
    SHAKSPEARE. La méchante femme mise à la raison.
     
    Le déjeuner fut servi, et les gâteaux tout chauds, faits de fleur de farine et de miel d’après une recette de famille, non-seulement obtinrent les éloges que devait leur donner naturellement la partialité d’un père et d’un amant ; mais chacun leur rendit justice avec cet appétit qui est la meilleure preuve du mérite d’un gâteau comme d’un pouding. On parla, on rit, on plaisanta. Catherine elle-même avait recouvré son calme habituel dans l’endroit où les dames et les demoiselles de nos jours perdraient probablement le leur, c’est-à-dire dans la cuisine où elle avait exercé les fonctions de surintendante sur toutes les affaires domestiques avec un talent reconnu. Je doute fort que la lecture de Sénèque, pendant un espace de temps égal, eût autant contribué à rétablir la tranquillité dans son esprit.
    La vieille Dorothée était assise au bas bout de la table, suivant l’usage ordinaire à cette époque. Les deux amis s’amusaient tellement de leur conversation, et Catherine était tellement occupée, soit à les écouter soit à réfléchir en secret, que la vieille femme fut la première à remarquer

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