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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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une langue étrangère {39} , ou par quelque autre cause secrète, c’était ce qu’il n’était pas facile de distinguer. Il doit y avoir, ajouta-t-il, une réunion, une partie de chasse… et il se tut.
    – Et quand comptez-vous revenir de cette bienheureuse partie de chasse ? c’est-à-dire s’il m’est permis de vous faire cette question.
    – Je ne puis le dire exactement ; peut-être jamais, si tel est le bon plaisir de mon père, répondit l’apprenti en affectant un air d’indifférence.
    – Je croyais, dit Glover d’un ton sérieux, qu’il ne devait plus être question de tout cela quand après de vives prières je vous reçus sous ce toit ; je pensais qu’en me chargeant, ce dont je ne me souciais guère, de vous apprendre une profession honnête, nous n’entendrions plus parler de chasse, de rassemblemens de clan, d’excursions, ni de rien de semblable.
    – On ne m’a pas consulté en m’envoyant ici, répondit le jeune homme avec hauteur ; je ne puis dire quelles en furent les conditions.
    – Mais moi, je puis vous dire, sire Conachar, s’écria le gantier avec colère, qu’il n’est nullement honnête à vous de vous être engagé comme apprenti à un honorable artisan, de lui avoir gâté plus de peaux que n’en vaut la vôtre, et maintenant que vous êtes d’âge à pouvoir lui rendre quelques services, de disposer de vôtre temps à votre bon plaisir, comme s’il vous appartenait et non à votre maître.
    – Comptez-en avec mon père, répliqua Conachar, et il vous paiera bien un mouton de France {40} pour chaque cuir que j’ai gâté, et une vache ou un bœuf gras pour chaque jour que je me suis absenté.
    – Acceptez, l’ami Glover, acceptez, dit Henry d’un ton sec ; vous serez bien payé du moins, sinon honnêtement. Il me semble que je voudrais savoir combien de bourses ont été vidées pour remplir le sporran de peau de chèvre {41} où l’or doit se puiser pour vous si libéralement, et de quels pâturages viennent les bœufs qui doivent vous être envoyés par les défilés des monts Grampians.
    – Vous me rappelez, l’ami, dit le jeune montagnard en se tournant vers l’armurier avec un air de hauteur, que j’ai aussi un compte à régler avec vous.
    – N’avance pas à la portée de mon bras, s’écria Henry en étendant son bras nerveux, je ne veux pas avoir affaire à toi de plus près ; je ne veux plus de combats à coup d’épingle : je ne me soucie guère de la piqûre d’une guêpe ; mais je ne souffre pas que l’insecte m’approche quand je suis averti par son bourdonnement.
    Conachar sourit avec un air de mépris. – Je ne voulais te faire aucun mal, dit-il ; le fils de mon père ne t’a fait que trop d’honneur en répandant le sang d’un manant comme toi. Je te le paierai à tant par goutte, afin qu’il se sèche et qu’il ne me souille pas les doigts plus long-temps.
    – Paix, singe fanfaron, dit l’armurier ; le sang d’un brave homme ne peut se payer à prix d’argent. La seule réparation que tu pusses me faire, ce serait de venir à un mille de distance de tes montagnes, dans les basses-terres, avec deux des plus fiers rodomonts de ton clan, et tandis que j’aurais affaire à eux, je laisserais le soin de te corriger à mon apprenti, le petit Jankin.
    Catherine intervint dans la conversation. – Silence ! mon fidèle Valentin, à qui j’ai le droit de commander ; et vous aussi, Conachar, silence ! vous devez m’obéir comme étant fille de votre maître ; il est mal de réveiller le matin une querelle que la nuit a dû assoupir.
    – Adieu donc, maître Glover, dit Conachar après avoir jeté sur Smith un autre regard de dédain, auquel celui-ci ne répondit que par un éclat de rire ; adieu. Je vous remercie de toutes vos bontés ; vous en avez eu pour moi plus que je ne le méritais. Si j’en ai paru quelquefois trop peu reconnaissant, ce fut la faute des circonstances et non celle de ma volonté. Catherine…
    Il jeta sur elle un regard de vive émotion qui semblait produite par des sentimens de différente nature. Il hésita comme pour lui dire quelque chose, et se détourna enfin en ajoutant le seul mot : – adieu.
    Cinq minutes après, ayant aux pieds des brodequins de montagnard et un petit paquet sous le bras, il sortit de Perth par la porte conduisant vers le nord, et prit le chemin des montagnes.
    – Le voilà parti aussi fier et aussi gueux que tout un clan montagnard, dit Henry.

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