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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’absence du jeune Conachar.
    – Cela est vrai, dit Glover ; va l’appeler, ce fainéant de montagnard. Il ne s’est pas montré pendant la bagarre de la nuit dernière ; du moins je ne l’ai pas vu. Quelqu’un l’a-t-il aperçu ?
    La réponse générale fut négative, et Henry ajouta :
    – Il y a des temps où ces montagnards savent se tenir à couvert comme leurs daims, – oui, et courir aussi vite pour fuir le danger ; et quant à cela, j’en ai été témoin moi-même.
    – Et il y a des temps, répliqua Simon, où le roi Arthur et sa Table-Ronde ne pourraient leur tenir tête. Je voudrais, Henry, vous entendre parler avec plus de respect des montagnards. Ils viennent souvent à Perth, soit isolément soit en troupe, et vous devriez vivre en paix avec eux tant qu’ils vivront en paix avec vous.
    Henry était sur le point de lui répondre par une bravade, mais la prudence le retint.
    – Vous savez, mon père, dit-il en souriant, que nous autres artisans nous préférons les gens qui nous font vivre. Or ma profession est de travailler pour les nobles chevaliers, les écuyers, les pages, les hommes d’armes et autres, etc., etc., qui portent les armes que je fabrique. Il est donc tout naturel que je préfère les Ruthven, les Lindsay, les Ogilvie, les Oliphant, et tant d’autres de nos braves et nobles voisins qui sont couverts d’armures de ma façon, à ces maraudeurs montagnards qui vont presque nus et qui ne cherchent qu’à nous nuire ; d’autant plus qu’il ne s’en trouve pas cinq dans chaque clan qui aient une cotte d’armes rouillée aussi vieille que leur brattach {37} , et qui après tout n’est que l’ouvrage de quelque maladroit forgeron de leur clan, qui n’est pas membre de notre honorable corporation, et qui travaille à son enclume comme son père y travaillait avant lui. Je vous dis que de semblables gens ne peuvent être regardés d’un œil favorable par un honnête artisan.
    – Fort bien ! fort bien ! dit Simon ; mais n’en dites pas davantage sur ce sujet quant à présent, car voici notre paresseux qui arrive, et quoique ce soit un jour de fête, je ne veux plus avoir de poudings au sang {38} .
    Conachar entra en ce moment. Il avait les joues pâles, les yeux rouges et l’air préoccupé et agité. Il s’assit au bas bout de la table, en face de Dorothée, et il fit le signe de la croix comme s’il se fût préparé à faire son repas du matin. Comme il ne touchait à rien, Catherine lui présenta le plat contenant les gâteaux qui avaient obtenu l’approbation générale. D’abord il refusa son offre avec un air d’humeur ; mais quand elle l’eût répétée avec un sourire plein de bonté, il prit un gâteau, le rompit, en mordit un morceau, mais l’effort qu’il parut avoir fait pour l’avaler fut apparemment si pénible qu’il ne fit pas une seconde tentative.
    – Vous avez un mauvais appétit pour une matinée de Saint-Valentin, Conachar, lui dit son maître avec un air de bonne humeur ; cependant je crois que vous avez bien dormi la nuit dernière, car je suppose que vous n’avez pas entendu la bagarre qui a eu lieu en face de la maison. Je crois qu’un montagnard actif aurait été aux côtés de son maître, le poignard à la main, au premier son annonçant quelque danger à un mille à la ronde.
    – Je n’ai entendu qu’un bruit peu distinct, répondit le jeune homme en soupirant ; j’ai cru que c’étaient quelques joyeux tapageurs, et vous m’avez défendu d’ouvrir ni porte ni fenêtre et d’alarmer la maison pour de pareilles folies.
    – Bien, bien. Je m’imaginais qu’un montagnard aurait mieux connu la différence qu’il y a entre le cliquetis des armes et le son des instrumens, entre le cri de guerre et les acclamations de joie. N’en parlons plus, jeune homme ; je suis charmé que tu perdes tes habitudes querelleuses. Prends ton déjeuner cependant, car j’ai à te donner de la besogne pressée.
    – J’ai déjà déjeuné, et je suis moi-même très pressé, car je pars pour les montagnes. Avez-vous quelques commissions à me donner pour mon père ?
    – Non, répondit Glover avec surprise. Mais as-tu perdu l’esprit, jeune homme ? Quelle fantaisie te fait partir de la ville avec la rapidité d’un tourbillon ?
    – J’en ai reçu l’ordre inattendu, dit Conachar parlant avec quelque difficulté ; mais était-ce par suite de l’embarras qu’on éprouve quelquefois à s’exprimer dans

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