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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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tête sur votre oreiller ; allez tenir conseil avec votre lit de plumes jusqu’à ce qu’il fasse grand jour ; après quoi vous me conduirez à la porte de la chambre de votre fille ; vous lui demanderez pour moi la permission d’entrer pour lui souhaiter le bonjour, et je serai l’homme le plus heureux que le soleil aura éveillé dans la ville ou bien loin à la ronde.
    – L’avis n’est pas mauvais, mon fils, répondit l’honnête Glover, mais toi, que vas-tu devenir ? veux-tu prendre la moitié de mon lit, ou partager celui de Conachar ?
    – Ni l’un ni l’autre, répondit Henry ; je ne ferais que vous empêcher de dormir. Ce fauteuil me vaudra un lit de duvet, et je me coucherai comme une sentinelle, mes armes à côté de moi.
    Et en parlant ainsi il porta la main sur son couteau de chasse.
    – Fasse le ciel que nous n’ayons plus besoin d’armes ! dit Simon ; bonne nuit ou pour mieux dire bon jour, jusqu’à ce que le soleil se montre ; et le premier éveillé appellera l’autre.
    Ainsi se séparèrent les deux bourgeois. Le gantier alla se mettre au lit, et l’on peut supposer qu’il y trouva le sommeil. L’amant ne fut pas si heureux ; son corps robuste supporta aisément la fatigue qu’il avait éprouvée pendant le cours de cette nuit, mais son esprit était d’une trempe plus délicate. Sous ce point de vue Henry Smith n’était que le bourgeois résolu de cette époque, fier de savoir également bien fabriquer des armes et s’en servir ; sa jalousie contre ses rivaux dans sa profession, sa force personnelle, ses connaissances en escrime, l’avaient entraîné dans bien des querelles qui l’avaient fait craindre généralement, et qui lui avaient même attiré quelques ennemis. Mais il joignait à ces qualités la bonté et la simplicité d’un enfant, et en même temps un caractère plein d’imagination et d’enthousiasme qui semblait peu d’accord avec ses travaux dans sa forge et avec ses combats si fréquens. L’ardeur et l’impétuosité qu’il avait puisées dans de vieilles ballades et dans les romans en vers, qui étaient la seule source de ses connaissances, l’avaient peut-être excité en partie à quelques-uns de ses exploits qui avaient souvent pour lui un air de chevalerie. Du moins il était certain que son amour pour la belle Catherine avait une délicatesse qui aurait pu convenir à cet écuyer de bas degré qui, s’il faut en croire la ballade, fut honoré des soupirs de la fille du roi de Hongrie. Ses sentimens pour elle étaient certainement aussi exaltés que s’ils avaient eu pour objet un ange véritable. Aussi le vieux Simon et tous ceux qui observaient sa conduite pensaient-ils que sa passion était d’un genre trop élevé pour pouvoir réussir auprès d’une jeune fille formée du même limon que les autres mortels. Ils se trompaient pourtant. Catherine avec toute sa réserve et sa retenue avait un cœur en état de comprendre et de sentir l’amour de l’armurier ; et soit qu’il lui fût possible d’y répondre ou non, elle était secrètement aussi fière de l’attachement du redouté Henry Gow, ou Smith, qu’on peut supposer qu’une héroïne de roman le serait d’un lion apprivoisé qui la suivrait pour la protéger et la défendre. Ce fut avec la plus sincère reconnaissance qu’elle se rappela en s’éveillant au point du jour les services de Henry pendant cette nuit agitée ; et la première pensée qui l’occupa fut de songer aux moyens de lui faire connaître les sentimens qui l’animaient.
    Se levant à la hâte, et rougissant à demi de son projet, elle se dit à elle-même : – Je lui ai montré de la froideur, et j’ai peut-être été injuste ; je ne serai point ingrate envers lui, quoique je ne puisse céder à ses vœux. Je n’attendrai pas que mon père me force à le recevoir comme mon Valentin pour cette année ; j’irai le chercher, et je le choisirai moi-même. J’ai accusé les autres jeunes filles d’être trop hardies quand elles agissaient ainsi, mais c’est le moyen de plaire à mon père ; et après tout, je ne ferai qu’accomplir les rites de saint Valentin en prouvant ma reconnaissance à cet homme brave.
    Mettant à la hâte ses vêtemens, dans lesquels elle laissa pourtant un peu plus de désordre qu’à l’ordinaire, elle descendit l’escalier et ouvrit la porte de la chambre dans laquelle, comme elle l’avait supposé, son amant était resté depuis le combat qu’il

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