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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Il parle de pièces d’or aussi lestement que je parlerais de sous d’argent ; et cependant je jurerais que le pouce du gant de laine de sa mère pourrait contenir le trésor de tout son clan.
    – Assez probable, dit le gantier souriant de cette idée, d’autant plus que sa mère était une femme qui avait une main assez forte.
    – Et quant aux bestiaux, continua Henry, je suppose que ses frères et son père volent des moutons un à un.
    – Moins nous en parlerons mieux ce sera, dit Glover en reprenant un air grave. Il n’a pas de frères… Son père est un homme puissant… Il a les bras longs ; il les étend autant qu’il le peut, et ses oreilles entendent de si loin qu’il n’est pas nécessaire de parler de lui.
    – Et cependant il a placé son fils unique comme apprenti chez un gantier de Perth ! ajouta Henry. J’aurais cru que la noble profession, comme on l’appelle, de saint Crépin, lui aurait mieux convenu ; et que si le fils de quelque grand Mac ou 0’ {42} devait devenir un artisan, ce ne pouvait être que dans le métier où des princes lui ont donné l’exemple.
    Cette observation, quoique faite d’un ton ironique, parut éveiller en notre ami Simon le sentiment de toute la dignité de sa profession, sentiment qui caractérisait en général tous les artisans de cette époque.
    – Vous vous trompez, mon fils Henry, répondit-il avec beaucoup de gravité ; la profession de gantier est la plus honorable des deux, puisqu’elle travaille pour les mains, au lieu que les savetiers et cordonniers ne s’occupent que des pieds.
    – Ce sont des membres également nécessaires au corps, répliqua Henry dont le père avait été cordonnier.
    – Cela peut être, mon fils, dit le gantier, mais ils ne sont pas également honorables. Songez que nous employons les mains comme des gages de bonne foi et d’amitié ; les pieds n’ont pas un pareil privilège. Les braves gens combattent les armes à la main ; les lâches se servent des pieds pour s’enfuir. Un gant se maintient en haut lieu ; un soulier se plonge dans la boue. On salue un ami la main ouverte ; on repousse avec le pied un chien, ou un homme qu’on méprise comme un chien. Un gant sur la pointe d’une pique est un signe et un gage de bonne foi dans tout l’univers, comme un gantelet jeté par terre est un appel au combat entre chevaliers, tandis que je ne vois aucun emblème dans un vieux soulier, si ce n’est que quelques bonnes femmes le jettent au dos d’un homme pour lui porter bonheur, pratique à laquelle j’avoue que je n’ai pas grande confiance.
    – Sur ma foi, s’écria l’armurier amusé de l’éloquent plaidoyer de son ami en faveur de la dignité du métier qu’il exerçait, je vous réponds que ce ne sera jamais moi qui chercherai à déprécier la profession de gantier. Songez donc que je suis moi-même fabricant de gantelets. Mais la dignité de votre ancienne corporation ne m’empêche pas d’être surpris que le père de ce Conachar ait souffert que son fils apprit un métier quelconque d’un artisan des basses-terres ; car ces montagnards nous regardent comme infiniment au-dessous de leur rang sublime, comme une race de méprisables journaliers qui ne méritent d’autre destin que d’être maltraités et pillés toutes les fois que ces grands seigneurs à jambes nues croient pouvoir se le permettre sans danger.
    – Sans doute, repartit Simon ; mais il y avait de puissantes raisons pour… pour… Il retint quelque chose qui semblait sur le point de sortir de ses lèvres, et ajouta : – pour que le père de Conachar agit comme il l’a fait. Au surplus, j’ai accompli tout ce que je lui avais promis, et je ne doute pas qu’il n’agisse honorablement à mon égard. Mais le départ soudain de Conachar me met dans l’embarras. Il avait certaines choses confiées à ses soins… Il faut que j’aille jeter un coup d’œil dans la boutique.
    – Puis-je vous aider, mon père ? demanda Henry, trompé par le ton sérieux de son ami.
    – Vous ? non ! répondit Simon d’un ton sec qui fit tellement sentir à Henry la maladresse de sa proposition, qu’il rougit jusqu’au blanc des yeux de son manque de présence d’esprit dans une circonstance où l’amour aurait dû lui faire comprendre à demi-mot quelle était l’intention du vieux Glover.
    – Catherine, dit Simon en sortant, faite compagnie à votre Valentin pendant cinq minutes, et ne le laissez point partir

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