Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
Grâce trouvera parmi ses courtisans des chevaliers et des lords d’assez bonne volonté pour jouer le rôle de sir Pandarus de Troyes {55}  : c’est un rôle trop chevaleresque pour le pauvre Henry du Wynd.
    – Ah ! ah dit le prince, ma bourse, Edgar… mais j’oubliais que je l’ai donnée à cette pauvre fille. Je vous connais assez vous autres artisans en général, pour m’être aperçu qu’on ne prend point les faucons les mains vides ; mais je suppose que ma parole répondra pour le prix d’une bonne armure, et je te la paierai en y ajoutant des remerciemens pour ce léger service.
    – Votre Altesse peut connaître d’autres ouvriers, répondit l’armurier ; mais sauf votre respect, elle ne connaît point Henry Gow. Il vous obéira toutes les fois que vous lui commanderez de fabriquer des armes ou d’en raccommoder, mais il ne se mêle point de rendre service à des princes quand il y a quelques jupons sous jeu.
    – Écoute, mulet de Perth, dit le prince en souriant de l’opiniâtre point d’honneur du bourgeois, cette fille ne m’est rien, pas plus qu’à toi ; mais dans un moment d’étourderie, comme tu as dû l’entendre dire si tu ne l’as pas vu toi-même, je lui ai accordé une faveur en passant, qui peut-être lui coûtera la vie. Il n’y a personne ici à qui je puisse me fier pour la protéger contre les courroies des ceinturons et les cordes d’arc avec lesquelles les brutes qui sont à la suite de Douglas la fustigeront, puisque tel est le bon plaisir du comte.
    – Si cela est ainsi, monseigneur, cette femme a des droits à la protection de tout honnête homme, et puisqu’elle porte un cotillon, quoique je voudrais qu’il fût moins court et d’une mode moins singulière, je réponds de sa sûreté autant que le peut un seul homme. Mais où faut-il que je la conduise ?
    – Par ma foi, je ne puis pas vous le dire ; menez-la chez sir John Ramorny… Mais non, non, il ne se porte pas bien, et en outre il y a des raisons… Menez-la au diable si vous voulez, mais qu’elle soit en sûreté, et vous obligerez Robin de Rothsay.
    – Mon noble prince, dit l’armurier, je pense, toujours sauf le respect que je vous dois, que j’aimerais autant confier une femme sans défense aux soins du diable qu’à ceux de sir John Ramorny. Mais quoique le diable travaille au milieu du feu ainsi que moi, je ne connais point sa demeure, et j’espère avec l’aide de la sainte Église le tenir toujours à une distance respectueuse de la mienne. Mais comment m’y prendre pour conduire cette femme hors de la foule et à travers les rues avec son habit de comédienne ? Voilà une nouvelle question.
    – Quant à sortir du couvent, ce bon moine, dit le prince en saisissant par le capuchon le premier moine qui tomba sous sa main, père Nicolas ou Boniface…
    – Le pauvre frère Cyprien, aux ordres de Votre Altesse dit le religieux.
    – Eh bien ! le frère Cyprien, continua le prince, vous conduira par quelque passage secret qu’il doit connaître, et je le reverrai pour lui offrir les remerciemens d’un prince. Le religieux salua en signe de consentement, et la pauvre Louise, dont les regards pendant le débat s’étaient arrêtés alternativement tantôt sur le prince tantôt sur Henry Smith, dit avec vivacité : – Je ne scandaliserai pas davantage ce brave homme par mon fol ajustement ; j’ai un mantelet dont je me sers ordinairement.
    – Eh bien ! Smith, dit le prince en riant, tu as le capuchon d’un religieux et le mantelet d’une femme pour t’abriter : je voudrais bien que mes folies fussent cachées aussi saintement ! Adieu, honnête garçon ; nous nous reverrons bientôt.
    Alors, comme s’il craignait quelque nouvelle objection de la part de l’armurier, il entra précipitamment dans le palais.
    Henry Gow resta stupéfait après le départ du prince. Il se voyait engagé dans une affaire non-seulement dangereuse ; mais bien capable d’occasionner du scandale ; ce qui, joint à la part qu’il avait prise dans la dispute avec son impétuosité ordinaire, pourrait renverser d’un seul coup toutes ses espérances. Cependant laisser une créature sans défense exposée à la barbarie des Galwegians {56} et à la licence des partisans de Douglas, c’était une pensée que l’âme noble de Henry ne pouvait supporter un seul instant.
    Il fut tiré de cette rêverie par la voix du moine qui, avec l’accent de cette indifférence que les religieux

Weitere Kostenlose Bücher