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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’un chat, en s’occupant à mélanger les drogues et à préparer les appareils. Le malade fit entendre un ou deux gémissemens, et le médecin s’approchant de son lit lui demanda si ces plaintes étaient un effet des souffrances de sa blessure ou de ses peines morales.
    – Des deux, valet empoisonneur, répondit sir John Ramorny ; elles sont aussi causées par le chagrin d’être obligé de supporter ta maudite compagnie.
    – Si cela est ainsi, je puis au moins remédier à un des maux de Votre Seigneurie ; dit l’apothicaire, en quittant ces lieux pour me rendre dans ceux où d’autres affaires m’appelleront. Grâce aux querelles de ces temps orageux ; si j’avais vingt mains au lieu de deux pour m’assister dans mon art (et l’apothicaire montrait ses mains décharnées), il y aurait assez d’ouvrage pour les occuper, et de l’ouvrage bien récompensé encore, où l’argent et les remerciemens se disputent à qui paiera le mieux mes services ; tandis que vous, sir John, vous reportez sur votre chirurgien la colère que vous devriez seulement éprouver pour l’auteur de votre blessure.
    – Il est au-dessous de moi de te répondre, vilain, dit sir John ; mais chaque mot de ta malicieuse langue est un poignard qui ouvre des plaies que tous les baumes de l’Arabie ne pourraient fermer.
    – Sir John, je ne vous comprends pas ; mais si vous donnez ainsi carrière à vos accès de rage, il est impossible qu’il n’en résulte pas de la fièvre et de l’inflammation.
    – Alors pourquoi parles-tu de manière à m’échauffer le sang ? pourquoi dire que toi, indigne, tu aurais besoin de plus de mains que la nature ne t’en a donné, quand moi, un chevalier, un gentilhomme, quand je suis mutilé comme un invalide ?
    – Sir John, reprit l’apothicaire, je ne suis pas un théologien ni un croyant bien ferme de ce que les théologiens nous enseignent. Cependant je dois vous rappeler que la Providence aurait pu vous traiter plus cruellement encore ; car si le coup qui vous a fait cette blessure avait atteint le haut de vos épaules auxquelles il était destiné, il aurait abattu votre tête au lieu d’amputer un membre d’une moindre importance.
    – Je souhaiterais que cela eût été ainsi, Dwining, je souhaiterais que le coup eût été porté plus haut ; je n’aurais point vu alors des plans combinés avec tant d’adresse renversés tout à coup par la force brutale d’un paysan ivre. Je ne serais point réservé à voir des coursiers que je ne puis monter, des lices où je ne puis entrer, des grandeurs dont je ne puis plus jouir, des batailles où je ne puis plus combattre. Je ne serais pas réservé, avec les passions impétueuses et l’ambition d’un homme, à mener désormais la vie tranquille des femmes, méprisé par elles aussi comme un misérable impotent indigne d’obtenir les faveurs du beau sexe.
    – Supposons qu’il en soit ainsi, je vous prierai cependant de faire attention, répondit Dwining toujours occupé à préparer l’appareil des blessures, que vos yeux que vous auriez perdus avec votre tête, peuvent vous présenter encore un plaisir aussi grand que ceux de l’ambition, que ceux de la victoire dans les lices ou sur les champs de bataille, que ceux de l’amour même.
    – Mes facultés intellectuelles sont trop faibles pour vous comprendre, répondit Ramorny ; quel est le magnifique spectacle qui m’est réservé dans mon malheur ?
    – Le plaisir le plus vif qu’un homme puisse connaître, reprit Dwining. Alors, avec l’accent d’un amant qui prononce le nom d’une maîtresse adorée et dont la Passion se devine jusque dans le son de sa voix, il ajouta le mot : VENGEANCE !
    Le malade s’était soulevé sur son lit pour écouter la solution de l’énigme de l’apothicaire. Il se recoucha lorsqu’il l’eut entendue, et après un moment de silence il dit : – Dans quel collége chrétien avez-vous puisé cette morale, maître Dwining ?
    – Ce n’est point dans un collége chrétien, car quoiqu’elle soit secrètement approuvée dans la plupart, elle n’est ouvertement adoptée dans aucun. Mais j’ai étudié parmi les sages de Grenade, où le Maure courageux montre hautement le poignard qu’il vient de retirer sanglant du cœur de son ennemi, et fait gloire de la doctrine que le timide chrétien pratique sans oser l’avouer.
    – Tu es un vilain dont l’âme a plus d’énergie que je ne le croyais.
    – Les eaux

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