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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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était trop habituée à voir des montagnards près de Perth pour être aussi alarmée qu’une autre jeune fille des plaines aurait pu l’être dans une semblable occasion. Elle vit avec assez de tranquillité ces hommes à taille gigantesque former un demi-cercle autour d’elle et du moine ; ils fixaient sur eux leurs grands yeux, qui exprimaient, autant qu’elle en pouvait juger, une sauvage admiration de sa beauté. Elle leur adressa une inclination de tête et prononça imparfaitement les mots usités dans la salutation des montagnards. Le plus âgé et celui qui conduisait la bande répondit au salut, et redevint silencieux et immobile. Le moine prit son chapelet, et Catherine elle-même conçut d’étranges frayeurs pour sa sûreté personnelle, et désirant savoir sans plus tarder si elle et le moine seraient libres de quitter ces lieux, elle s’avança comme si elle avait l’intention de descendre la montagne ; mais lorsqu’elle essaya de passer la ligne que les montagnards avaient tracée, chacun d’eux étendit sa hache d’armes et remplit ainsi tous les espaces par lesquels elle aurait pu passer.
    Un peu troublée, mais non pas découragée, car elle ne pouvait concevoir que les montagnards eussent des intentions coupables à leur égard, elle s’assit sur un des fragmens du rocher, et rassura le moine qui était à côté d’elle.
    – Si je crains, dit le père Clément, ce n’est pas pour moi-même ; que ma tête soit abattue par la hache de ces hommes sauvages, ou que mes mains soient liées avec les cordes de leurs arcs pour être livré à de plus cruelles tortures, je ne regretterai point la vie, ma fille, si tu peux échapper sans danger.
    – Nous n’avons ni l’un ni l’autre occasion de craindre aucun mal, répondit la Jolie Fille de Perth ; voici Conachar qui nous l’assurera lui-même.
    Tandis qu’elle parlait ainsi ses yeux doutaient encore, tant les manières et les vêtemens de Conachar étaient changés ; il s’élança d’un roc élevé et tomba légèrement devant Catherine. Son habit était de la même étoffe que celui des montagnards dont nous avons déjà parlé, mais assujéti au col et aux coudes par un collier et des bracelets d’or. Son haubert avait le poli de l’argent. Ses bras étaient chargés d’ornemens ; sa toque, outre la plume d’aigle qui indiquait la qualité de chef, était décorée d’une chaîne d’or qui l’entourait plusieurs fois, et attachée par une agrafe ornée de perles : La boucle qui servait à assujétir sur l’épaule le manteau de tartan, ou le plaid comme ce manteau est appelé maintenant, était d’or aussi et artistement travaillée. Il n’avait d’autres armes à la main qu’une petite baguette de sapin dont la tête était recourbée. Son maintien et sa démarche, qui exprimaient autrefois l’humeur et le chagrin que lui causait sa dégradation, indiquaient alors la hardiesse, la présomption et la fierté. Il s’arrêta devant Catherine avec un sourire de confiance sur les lèvres, comme s’il voulait lui laisser le temps de le reconnaître.
    – Conachar, dit Catherine désirant terminer cet état d’inquiétude, sont-ce là les gens de votre père ?
    – Non, belle Catherine, répondit le jeune homme ; Conachar n’est plus, et cependant les injures qu’il a reçues seront vengées. Je suis Ian Eachin Maclan, fils du chef du clan de Quhele ; j’ai changé de plumage, comme vous le voyez, en changeant de nom. Ces hommes ne sont point les gens de mon père, mais les miens. Vous en voyez seulement la moitié ; ils forment une bande composée de mon père nourricier et de ses huit garçons ; ce sont mes gardes du corps et, les enfans de mon baudrier {64} , qui ne respirent que pour accomplir ma volonté. Mais Conachar, ajouta-t-il d’une voix plus douce, existe encore si Catherine désire le voir ; il est le jeune chef du clan de Quhele aux yeux de tous, mais près d’elle aussi humble, aussi soumis que lorsqu’il était l’apprenti de Simon Glover. Voyez, voici la baguette que j’ai reçue, de vous le jour où nous allâmes chercher des noisettes ensemble sur les coteaux de Lednoch, au commencement de l’automne de l’année qui vient de s’écouler. Je ne voudrais pas la donner, Catherine, même pour le bâton de commandement de ma tribu.
    Tandis qu’Eachin parlait, Catherine réfléchissait qu’elle avait peut-être agi imprudemment en demandant le secours d’un jeune

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