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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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Eglise, n’a jamais parlé
d’elle opprobrieusement, ni logé à ma connaissance aucun hérétique,
ni caché le livre de Luther, ni parlé dudit livre, ni rien fait qui
le puisse faire soupçonner d’avoir manqué aux lois et ordonnances
de l’empire. Ainsi m’aient Dieu et tous ses saints. »
    Jan Van Roosebeke fut alors entendu et dit « que, durant
l’absence de Soetkin, femme de Claes, il avait maintes fois cru
entendre dans la maison de l’accusé deux voix d’hommes, et que
souvent le soir, après le couvre-feu, il avait vu, dans une petite
salle sous le toit, une lumière et deux hommes, dont l’un était
Claes, devisant ensemble. Quant à dire si l’autre homme était ou
non hérétique, il ne le pouvait, ne l’ayant vu que de loin. Pour ce
qui est de Claes, ajouta-t-il, je dirai, parlant en toute vérité,
que, depuis que je le connais, il fit toujours ses Pâques
régulièrement, communia aux grandes fêtes, alla à la messe tous les
dimanches, sauf celui du Saint-Sang et les suivants. Et je ne sais
rien davantage. Ainsi m’aient Dieu et tous ses saints ».
    Interrogé s’il n’avait point vu dans la taverne de la
Blauwe
Torre
Claes vendant des indulgences et se gaussant du
purgatoire, Jan Van Roosebeke répondit qu’en effet Claes avait
vendu des indulgences, mais sans mépris ni gaudisserie, et que lui,
Jan Van Roosebeke, en avait acheté, comme aussi avait voulu le
faire Josse Grypstuiver, le doyen des poissonniers, qui était là
dans la foule.
    Le bailli dit ensuite qu’il allait faire connaître les faits et
gestes pour lesquels Claes était amené devant le tribunal de la
Vierschare
. « Le dénonciateur, dit-il, étant
d’aventure resté à Damme, afin de n’aller point à Bruges dépenser
son argent en noces et ripailles, ainsi que cela se pratique trop
souvent dans ces saintes occasions, humait l’air sobrement sur le
pas de sa porte. Etant là, il vit un homme qui marchait dans la rue
du Héron. Claes, en apercevant l’homme, alla à lui et le salua.
L’homme était vêtu de toile noire. Il entra chez Claes, et la porte
de la chaume fut laissée entr’ouverte. Curieux de savoir quel était
cet homme, le dénonciateur entra dans le vestibule, entendit Claes
parlant dans la cuisine avec l’étranger, d’un certain Josse, son
frère, qui, ayant été fait prisonnier parmi les troupes réformées
fut, pour ce fait, roué vif non loin d’Aix. L’étranger dit à Claes
que l’argent qu’il avait reçu de son frère étant de l’argent gagné
sur l’ignorance du pauvre monde, il le devait employer à élever son
fils dans la religion réformée. Il avait aussi engagé Claes à
quitter le giron de Notre Mère Sainte Eglise et prononcé d’autres
paroles impies auxquelles Claes répondait seulement par ces
paroles : « Cruels bourreaux ! mon pauvre
frère ! » Et l’accusé blasphémait ainsi Notre Saint Père
le Pape et Sa Majesté Royale, en les accusant de cruauté parce
qu’ils punissaient justement l’hérésie comme un crime de
lèse-majesté divine et humaine. Quand l’homme eut fini de manger,
le dénonciateur entendit Claes s’écrier : « Pauvre Josse,
que Dieu ait en sa gloire, ils furent cruels pour toi. » Il
accusait ainsi Dieu même d’impiété, en jugeant qu’il peut recevoir
dans son ciel des hérétiques. Et Claes ne cessait de dire :
« Mon pauvre frère ! » L’étranger, entrant alors en
fureur comme un prédicant à son prêche, s’écria : « Elle
tombera la grande Babylone, la prostituée romaine et elle deviendra
la demeure des démons et le repaire de tout oiseau
exécrable ! » Claes disait : « Cruels
bourreaux ! mon pauvre fère ! » L’étranger,
poursuivant son propos, disait : « Car l’ange prendra la
pierre qui est grande comme une meule. Et elle sera lancée dans la
mer, et il dira : « Ainsi sera jetée la grande Babylone,
et elle ne sera plus trouvée. » – Messire, disait Claes, votre
bouche est pleine de colère ; mais dites-moi quand viendra le
règne où ceux qui sont doux de cœur pourront vivre en paix sur la
terre ? – Jamais ! répondit l’étranger, tant que règnera
l’Antechrist, qui est le pape et l’ennemi de toute vérité. –
Ah ! disait Claes, vous parlez sans respect de notre Saint
Père. Il ignore assurément les cruels supplices dont on punit les
pauvres réformés. » L’étranger répondit : « Il ne
les ignore point, car c’est lui qui lance ses arrêts, les

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