La mariage du Viking
la forêt, pour venir se jeter aux pieds d’Einar.
Le géant blond le saisit alors par les épaules.
— Non ! hurla Meradyce en se ruant sur le Viking pour agripper son bras vigoureux. Ne le tuez pas !
Sans se départir de son calme, son ravisseur baissa les yeux sur elle et la considéra un instant. Puis il sourit.
— Le thane pourrait être fier de vous et de ses enfants, déclara-t-il avant de lâcher Adelar. Montez sur le bateau, maintenant.
Fiévreusement, Meradyce saisit Adelar par la main et s’avança vers l’homme qui tenait encore Betha dans les bras. D’un geste ferme, elle lui enleva la fillette, la déposa à terre et la serra contre elle.
— Il faut obéir, dit-elle aux enfants avant de les guider vers le long navire.
Sans un mot, Einar ôta alors son heaume et observa la jeune femme tandis qu’elle se retournait pour regarder un instant le village ravagé par les flammes.
Puis, lentement, elle fit face à son ravisseur.
Remarquant les yeux cernés de noir du guerrier, Meradyce se rappela que les Vikings, hommes ou femmes, avaient pour tradition de se grimer la face avec de la suie. Grâce à ce maquillage, l’homme prenait une expression démoniaque. Et pourtant, il sembla qu’il lui souriait.
En même temps que l’équipage chargeait le butin sur le bateau, Meradyce se laissa docilement emmener à bord et alla s’asseoir avec les enfants, à l’écart. Résignée, elle songea que si les Vikings tenaient leur promesse de les épargner, ils finiraient tous les trois comme esclaves. Elle n’ignorait pas le sort réservé aux femmes que l’on vendait ainsi comme du vulgaire bétail.
Un sanglot lui échappa, qui lui attira le regard inquiet de la petite Betha. Aussitôt, elle se ressaisit. Elle ne devait pas montrer son angoisse aux enfants.
— Ne t’en fais pas, dit-elle d’une voix douce en embrassant la fillette. N’oublie pas que ton père est le thane. Personne ne te fera de mal.
— Qu’ils osent toucher à un seul de nos cheveux ! menaça Adelar d’une voix vibrante de fierté. Si j’avais mon épée…
— Non, non, Adelar ! s’écria sa sœur avant de lui agripper le bras. Tu te ferais tuer !
— Elle a raison, Adelar, acquiesça Meradyce en tentant d’apaiser le jeune garçon. Nous ne pouvons rien contre eux tous.
— Mais…
— Rien, Adelar.
Alors, comme Meradyce les enlaçait l’un et l’autre d’un bras protecteur, Betha se remit à pleurer doucement.
Le navire était à présent empli de Vikings qui attendaient impatiemment le départ. A son tour, le grand guerrier blond sauta à bord, un coffret sous le bras et, d’une voix forte, lança un ordre aux marins.
Tandis que le long vaisseau s’écartait lentement de la berge, Einar alla d’une démarche souple se poster à l’avant, non loin de la tête de dragon qui ornait la proue. Alors, son corps élancé et puissant se mit à se balancer avec les mouvements du navire, comme s’il faisait partie intégrante de la coque.
Les enfants serrés contre elle, altière dans sa douleur, Meradyce, les yeux fixés sur le nuage de fumée qui assombrissait le ciel au-dessus de son village dévasté, contempla le rivage qu’elle ne reverrait sans doute jamais.
***
— Par tous les dieux ! Regardez !
Les yeux de Kendric se tournèrent dans la direction où pointait l’arme du soldat. A l’horizon, là où se trouvait son village, des volutes de fumée noire s’élevaient dans le ciel que l’aube éclairait à peine.
Dans un cri, le thane brandit son arme et ordonna à ses hommes de le suivre. Eperonnant son coursier au galop, il ne put réprimer un sourire de satisfaction.
Lorsqu’il avait proposé cette expédition destinée à ramener du bétail au village, ses guerriers avaient approuvésans trop de méfiance, songeant raisonnablement, qu’à l’approche de l’hiver, jamais les Vikings n’oseraient s’aventurer aussi loin en pays saxon. D’ailleurs, il lui avait fallu beaucoup d’or pour convaincre le chef viking de lancer une telle offensive contre son village.
Heureusement, personne n’irait soupçonner son rôle d’indicateur dans cette attaque ennemie.
L’idée lui était venue lorsqu’il avait appris son infortune conjugale… Certes, avant de concevoir cette vengeance, Kendric avait bien songé à répudier Ludella quand il avait découvert qu’elle le trompait avec Orwin, un de ses soldats. Mais la crainte d’offenser son beau-père, puissant
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