La mariage du Viking
ealdorman, membre du conseil royal, l’en avait dissuadé. D’autant que si son épouse se montrait très discrète, lui-même avait toujours affiché son goût pour les jolies femmes. Ludella n’aurait eu donc aucune difficulté à persuader les siens de son innocence, n’hésitant pas à accuser Kendric de bafouer depuis toujours les liens du mariage.
Une nouvelle fois, Kendric se demanda si Ludella l’avait vu enlacer Meradyce après la naissance de leur fille, et si elle avait deviné qu’il témoignait ainsi à la sage-femme bien davantage que de la simple reconnaissance. Etait-ce pour cette raison que son épouse avait pris un amant ?
Cela semblait impossible. Dans ce geste, Meradyce elle-même n’avait pu déceler un sentiment autre que l’affection et la gratitude. Par ailleurs, tous au village savaient que cette jeune beauté portait sa chasteté comme une armure et qu’aucun homme ne parviendrait aisément à l’attirer dans son lit.
Une fois son épouse enlevée par les Vikings, Kendric serait libre de demander la main de Meradyce. Ce qui,à coup sûr, aiderait à briser le rempart derrière lequel elle se protégeait.
Toutefois, il espérait la posséder sans être obligé de l’épouser car, secrètement, il ne renonçait pas à se remarier avec l’héritière d’une puissante famille. N’était-il pas un thane riche et beau qui, lui aussi, accéderait sans doute un jour au rang d’ealdorman ?
Il ne lui restait maintenant qu’à trouver une excuse pour tuer Orwin. Ludella avait choisi le premier venu pour en faire son amant ; il ne devrait donc pas être difficile de se débarrasser de lui…
Les guerriers saxons atteignirent la colline qui surplombait le village en cendres. A présent, Kendric distinguait des habitants, qui erraient désespérément devant leurs maisons en ruine.
Bien qu’il n’eût pas payé les Vikings pour qu’ils détruisent tout sur leur passage, il restait très satisfait de ce qu’il constatait. Depuis longtemps, il désirait reconstruire le bourg, avec des habitations plus solides et une salle plus grande pour lui-même. Les villageois, par avarice, s’y étaient toujours opposés. Aujourd’hui, ils n’auraient guère le choix.
Kendric fut soulagé de n’apercevoir aucun cadavre.
La seule chose à redouter, dans un marché avec les Vikings, était qu’ils n’agissent pas selon leurs promesses. Ils avaient en effet l’art de reprendre leur parole aussi souvent qu’ils la donnaient.
Selwyn, le négociant qui servait d’intermédiaire, avait reçu l’ordre de Kendric d’allumer un feu sur la colline et de donner l’alerte lorsque le drakkar accosterait. Ainsi, les habitants avaient eu le temps de courir se réfugier dans les grottes alentour.
Tous les habitants, excepté Ludella qui, profitant del’absence de son époux, était sûrement partie retrouver Orwin. Kendric était certain qu’elle avait passé la nuit avec lui, pour revenir juste avant l’aube afin de ne pas éveiller les soupçons. Puis, elle s’était sans doute fait capturer au-delà de l’enceinte du village, ou s’était vue contrainte d’aller se cacher dans la remise. D’une façon ou d’une autre, la jeune femme n’avait certainement pas eu le temps de trouver refuge dans les grottes. Les Vikings avaient donc localisé sans peine leur proie, la reconnaissant grâce au crucifix qui ne la quittait jamais.
Alors… Alors, ils avaient dû la tuer.
Kendric mena ses troupes jusqu’au village. Puis il sauta à terre et contempla les ravages accomplis par les Vikings. Peu à peu, il se vit entouré par les habitants qui, les uns après les autres, lui racontèrent les atrocités de la nuit précédente.
— Kendric ! lança soudain derrière lui une voix aiguë.
Stupéfait, le regard fixe, le thane se retourna lentement pour voir s’avancer vers lui sa femme, les yeux rougis par les larmes et la fumée. Sa bouche crispée lui barrait le visage d’un trait sec et sévère.
— Scélérat ! s’écria-t-elle. Tout ceci est ta faute !
Les mains sur les hanches, Kendric se prit à maudire en silence tous les Vikings que la terre portait.
— Que veux-tu dire ? répondit-il d’un ton glacial. Nous ne pouvions prévoir qu’ils nous attaqueraient alors que l’hiver est si proche !
— Pars à leur poursuite ! Retrouve-les !
— Es-tu devenue folle ? Ils doivent voguer loin sur la mer à l’heure qu’il est.
Ludella vint se planter devant
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