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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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même les plus absurdes d’entre elles
prennent place dans un monde essentiellement rationnel et réaliste. Héraclès, dont
la vie n’est qu’un long combat contre des monstres invraisemblables, a son
foyer dans la ville de Thèbes. L’endroit exact où Aphrodite naquit de l’écume
de la mer pouvait être visité par n’importe quel touriste de l’Antiquité ;
il était situé juste au large de l’île de Cythère. Pégase, le coursier ailé, après
avoir sillonné l’air tout le jour, retournait chaque nuit à sa confortable écurie,
à Corinthe. Une résidence familière et bien localisée donnait une réalité à ces
êtres mythiques. Si le mélange peut paraître enfantin, il faut admettre que cet
arrière-plan est raisonnable et combien rassurant si on le compare au Génie
surgi de nulle part, lorsque Aladin frotte la lampe, et qui y retourne sa tâche
accomplie.
    L’irrationnel terrifiant n’a pas de place dans la mythologie
classique. La Magie, si puissante dans le monde qui précède et suit la Grèce, y
est à peu près inexistante. Aucun homme et deux femmes seulement sont pourvues
de pouvoirs effrayants et surnaturels. Les ensorceleurs démoniaques et les
vieilles sorcières hideuses, qui hantaient l’Europe et l’Amérique jusqu’à une
époque bien récente, ne jouent aucun rôle dans ces récits. Les deux seules
sorcières, Circé et Médée, sont jeunes et d’une beauté ravissante – des
enchanteresses et non des créatures horribles. L’astrologie, qui a prospéré
depuis l’époque babylonienne jusqu’à nos jours, est complètement absente de la
Grèce classique. S’il y a beaucoup d’histoires au sujet des étoiles, on n’y
trouve aucune trace de l’idée qu’elles influencent la vie des hommes. L’astronomie
et non l’astrologie est la conclusion à laquelle arrivera finalement l’esprit
grec. De même, nul mythe ne fait état d’un prêtre-magicien, capable de se
gagner les dieux ou de se les aliéner. Le prêtre est d’ailleurs rarement
mentionné et il ne jouit d’aucune considération particulière. Quand, dans l’ Odyssée , on voit un prêtre et un poète tomber à
genoux devant Ulysse pour le supplier d’épargner leur vie, le héros, sans la
moindre hésitation, tue le prêtre mais fait grâce au poète, et Homère nous dit
qu’Ulysse redoutait de frapper un homme auquel les dieux avaient enseigné son
art divin. C’était le poète — et non le prêtre – qui avait les liens les
plus étroits avec les dieux et qui méritait le respect de chacun. Quant aux
fantômes, qui ont joué un si grand rôle en d’autres contrées, ils n’apparaissent
jamais sur terre dans les récits grecs. Les Grecs n’avaient pas peur des morts,
« les pitoyables morts », ainsi que les nomme l’ Odyssée.
    Le monde de la mythologie grecque n’était pas un monde de
terreur. Les dieux, il est vrai, étaient déconcertants et leurs actes
imprévisibles. On ne savait jamais où frapperait la foudre de Zeus. Cependant, sauf
quelques exceptions pour la plupart insignifiantes, cette société divine
resplendissait d’une parfaite beauté humaine – et rien de ce qui est humain ne
peut être vraiment terrifiant.
    Ce tableau a toutefois quelques points sombres. L’évolution
qui, depuis les terreurs irraisonnées des premiers âges, avait abouti à cette
conception harmonieuse du monde, se fit lentement et ne s’acheva jamais
complètement. Les dieux-hommes furent longtemps à peine meilleurs que leurs
adorateurs. Ils étaient incomparablement plus beaux et plus puissants et bien
entendu immortels, mais ils agissaient souvent comme aucun homme décent, aucune
femme honnête ne se le permettraient. Dans l’Iliade ,
Hector témoigne d’une noblesse jamais atteinte par les divinités célestes, et
Andromaque est infiniment préférable à Athéna ou Aphrodite. Du début à la fin, Héra
est une déesse d’un niveau humain fort peu élevé. Presque toutes ces divinités
se révèlent capables d’actions cruelles ou méprisables. Dans les cieux d’Homère
– et longtemps après lui – prévalait un sens très limité du bien et du mal.
    Il y avait d’autres ombres encore au tableau ; on y retrouve
des traces d’un temps où existaient les dieux-animaux. Les satyres sont
mi-boucs, mi-hommes, et les centaures mi-hommes, mi-chevaux. Héra est souvent
nommée la « déesse au visage de vache », comme si cette description
lui était restée attachée à travers

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