La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
toutes les métamorphoses qui la firent
passer de l’état de vache divine à celui de très humaine reine de l’Olympe. Certains
récits font clairement allusion à une époque où sévissait le sacrifice humain. Néanmoins,
le fait le plus étonnant n’est pas qu’on trouve par-ci par-là des restes de
croyances barbares, l’étrange est qu’il y en ait si peu.
Bien entendu, les monstres sont partout présents et sous les
formes les plus diverses,
Gorgones et Hydres et néfastes Chimères.
mais ils ne sont là que pour donner au héros sa part de
gloire. Que pourrait bien faire un héros dans un monde sans monstres ? Et
toujours ils sont vaincus par lui. Héraclès, le héros-type de la mythologie, pourrait
bien être une allégorie de la Grèce elle-même. Il combat les monstres et en
débarrasse la terre tout comme la Grèce libéra le monde de l’idée monstrueuse
que l’inhumain règne en maître absolu sur l’humain.
Pour une grande part, la mythologie grecque est faite de
récits concernant les dieux et les déesses, mais il ne faudrait pas la
considérer comme une sorte de Bible grecque, un exposé de la religion grecque. Si
l’on en croit les conclusions les plus modernes, les mythes n’ont rien à voir
avec le sentiment religieux ; ils seraient plutôt l’explication des
phénomènes de la nature, tels que la naissance d’une partie de l’univers, arbre
ou fleur, soleil, planètes, tempêtes, ou éruptions volcaniques, tremblements de
terre, bref tout ce qui provoque le tonnerre et les éclairs. Un volcan entre en
éruption parce qu’une créature horrible est emprisonnée dans la montagne et se
débat par moments pour se libérer. Le Chariot, constellation aussi désignée
sous le nom de Grande Ourse, ne descend jamais au-dessous de l’horizon parce qu’un
jour une déesse irascible la punit d’un méfait en lui interdisant de jamais se
coucher sous l’Océan. Les mythes représentent la science des premiers âges, ils
sont le résultat des premières tentatives des hommes pour expliquer ce qu’ils
voient autour d’eux ; cependant, beaucoup de ces récits n’expliquent rien
du tout, ce sont alors des contes purement récréatifs, comme ceux que l’on dit
au cours d’une longue soirée d’hiver. L’histoire de Pygmalion et Galathée en
offre un exemple ; on n’y trouve aucun lien avec un phénomène quelconque
de la nature. De même pour la Conquête de la Toison d’Or, pour le mythe d’Orphée
et Eurydice et bien d’autres encore. Ce fait est généralement accepté de nos
jours et nous ne nous efforçons plus de retrouver la lune ou l’aurore dans
chaque héroïne mythologique, ni le mythe du soleil dans la vie de chaque héros.
On admet aujourd’hui que ces récits sont à la fois la littérature primitive et
la science des premiers âges.
Néanmoins la religion apparaît, elle aussi ; à l’arrière-plan,
il est vrai, mais nettement visible. D’Homère aux grands tragiques et même plus
tard, la compréhension de ce qui manque aux êtres humains et de ce qu’ils
veulent trouver dans leurs dieux se fait de plus en plus profonde. Il semble
certain que Zeus, le dieu tonnant, fut à une certaine époque le dieu de la pluie.
S’il régnait en maître sur le soleil, c’est que la Grèce rocheuse requérait
plus de pluie que de soleil, et le dieu des dieux était celui-là qui dispensait
la précieuse eau vitale. Mais le Zeus d’Homère n’est plus un phénomène de la
nature, il est un personnage vivant, dans un monde où la civilisation a fait
son apparition et il a acquis, bien entendu, le sens du bien et du mal. Un sens
peu développé, certes, et qui semble applicable aux autres plus qu’à lui-même :
il punit le menteur et le parjure ; le manque de respect envers les morts
l’irrite et il prend en pitié le vieux Priam et lui vient en aide lorsque
celui-ci se rend en suppliant devant Achille. Dans l’ Odyssée il atteint à un niveau plus élevé. Là, le
gardien des troupeaux de pourceaux déclare que le mendiant et l’étranger
viennent de Zeus et que celui qui leur refuse son assistance pèche ainsi contre
Zeus lui-même. Pas beaucoup plus tard que le poète de l’Odyssée (sinon à la même époque), Hésiode dit d’un
homme qui lèse le suppliant et l’étranger ou fait tort aux enfants orphelins :
« contre cet homme-là, Zeus s’irrite ».
Puis la Justice devient la compagne habituelle de Zeus. C’était
une idée toute neuve ; les
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