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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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naissance de la Grèce, l’homme se plaça
au centre de l’univers. Ceci constituait une véritable révolution de la pensée ;
jusqu’alors, l’être humain avait fort peu compté. C’est en Grèce que, pour la
première fois, il prit pleinement conscience de lui-même.
    Les Grecs imaginèrent leurs dieux à leur image, et cela
aussi était neuf. Jusqu’alors, les dieux n’avaient jamais revêtu l’apparence de
la réalité ; ils étaient, par essence, différents de toutes choses
vivantes : en Égypte, un colosse immobile, qu’aucune imagination ne
parvenait à animer, aussi figé dans la pierre que les immenses colonnes des temples
concrétisait la forme humaine de manière délibérément inhumaine ; un
sphinx ou une femme à tête de chat suggéraient, parmi tant d’autres, la
divinité. En Mésopotamie, les bas-reliefs reproduisaient des formes d’animaux
jamais vus, hommes à têtes d’oiseaux, lions à têtes de taureaux, les uns comme
les autres pourvus d’ailes d’aigles, créations d’artistes déterminés à traduire
dans la matière ce qui n’avait jamais existé hors de leur esprit.
    C’étaient là les idoles et les dieux du monde préhellénique
et il suffit de confronter ces formes fantastiques avec n’importe quelle statue
grecque, si normale, si naturellement belle, pour s’apercevoir qu’une idée
nouvelle était apparue dans le monde ; avec elle, l’univers devenait
rationnel.
    Saint Paul a dit que l’invisible doit être compris par le
visible. Cette idée n’était pas juive, elle était grecque. Seuls de tous les
peuples du monde ancien, les Grecs se préoccupaient du visible ; ils
trouvaient autour d’eux la satisfaction de leurs désirs. Le sculpteur, observant
les athlètes qui participaient aux jeux, sentait que rien de ce qu’il pourrait
imaginer ne serait aussi beau que ces corps jeunes et robustes – et il créait
ainsi sa statue d’Apollon. Le conteur rencontrait Hermès parmi ceux qu’il
croisait dans la rue ; il voyait le dieu « comme un jeune homme à l’âge
où la jeunesse est la plus aimable », selon les mots d’Homère. Les
artistes grecs et les poètes comprirent à quelle splendeur pouvait atteindre l’homme
et ils trouvèrent en lui l’accomplissement de leur recherche de beauté.
    Des dieux « humains » rendaient le céleste séjour
plaisamment familier. Les Grecs s’y sentaient chez eux, ils savaient exactement
ce qu’y faisaient les habitants divins, ce qu’ils mangeaient, buvaient, où ils
banquetaient et comment ils se distrayaient. On les craignait aussi, bien
entendu, car ils étaient très puissants et dangereux dans leurs colères. Cependant,
en prenant certaines précautions, un homme pouvait vivre en bonne intelligence
avec eux ; il lui était même loisible de rire à leurs dépens. Zeus, cherchant
à dissimuler ses aventures amoureuses à sa femme et invariablement démasqué, était
une source intarissable d’amusement ; les Grecs y prenaient plaisir et ne
l’en aimaient que mieux. Héra était ce personnage-type du répertoire de comédie,
l’épouse jalouse ; et ses ruses ingénieuses pour décontenancer son mari et
punir ses rivales, loin de déplaire aux Grecs, les réjouissaient autant que
nous égaient aujourd’hui les émules modernes de la déesse outragée. De telles
histoires créaient un climat propice. En présence d’un sphinx égyptien ou d’un
taureau ailé assyrien, le rire est proprement inconcevable mais il était
parfaitement naturel dans l’Olympe et contribuait à l’agrément de la société
divine.
    Sur terre, les divinités étaient séduisantes à l’extrême. Sous
la forme de jeunes filles et d’adolescents, elles peuplaient les bois, les
forêts, les rivières, la mer, en harmonie parfaite avec la beauté du monde
terrestre et des eaux transparentes.
    Et c’est bien là qu’il faut trouver le miracle de la
mythologie grecque – un monde humanisé où les hommes sont libérés de la peur
paralysante d’un Inconnu omnipotent. Les phénomènes incompréhensibles ou terrifiants
vénérés ailleurs, les esprits redoutables fourmillant dans l’air, la mer et sur
la terre, tout cela était banni de Grèce.
    Il peut sembler étrange de dire que ces mêmes hommes qui ont
créé les mythes détestaient l’irrationnel et s’attachaient au réel ; c’est
cependant vrai, quelque fantastiques que soient certaines de ces légendes. Quiconque
les lit avec attention découvre que

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