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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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faire offrande des patins de chevaux. Après
quoi, nous pourrons continuer la soirée. Veuillez nous attendre ici.
    L’homme qui menait le cortège
portait à hauteur du front la table aux patins de chevaux ; les autres
suivaient en file indienne. Ils attachèrent leur ouvrage aux branches d’un
arbre, à côté de l’entrée du sanctuaire. Puis, ayant frappé une fois dans leurs
mains devant la divinité, ils rejoignirent Musashi.
    La chère était simple – un
ragoût de taros, des pousses de bambou au beurre de fèves, et du poisson séché –,
le genre de repas que l’on sert dans les fermes locales. Mais le saké coulait à
flots ; l’on rit et bavarda beaucoup. Quand l’atmosphère devint
chaleureuse, Musashi déclara :
    — C’est un grand honneur
d’avoir été prié de me joindre à vous, mais je me suis interrogé sur votre
petite cérémonie. Elle doit avoir une signification très particulière à vos
yeux.
    — Certes, répondit Magobeinojō.
A notre arrivée ici en tant que guerriers vaincus, nous n’avions personne vers
qui nous tourner. Nous serions morts plutôt que de voler, mais il fallait
manger. Finalement, nous avons eu l’idée d’ouvrir une boutique là-bas, à côté
du pont, et de faire des patins de chevaux. L’entraînement à la lance nous
avait rendu les mains calleuses ; aussi nous a-t-il fallu faire effort
pour leur apprendre à tresser la paille. Nous avons fait cela trois années
durant, à vendre notre ouvrage aux palefreniers de passage ; nous gagnions
juste assez pour ne pas mourir de faim... Les palefreniers en sont venus à
soupçonner que le tressage de la paille n’était pas notre métier habituel, et
quelqu’un a fini par parler de nous au seigneur Hosokawa Sansai. Apprenant que
nous étions d’anciens vassaux du seigneur Shimmen, il a envoyé un homme nous proposer
des postes.
    Il raconta comment le seigneur
Sansai avait offert une solde collective de cinq mille boisseaux, qu’ils
avaient refusée. Ils acceptaient de le servir de bonne foi, mais ils estimaient
que la relation de seigneur à vassal devait être une relation d’homme à homme.
Sansai comprit leur point de vue, et revint avec une offre de soldes
individuelles. Il s’était aussi montré compréhensif quand ses vassaux avaient
exprimé la crainte que les six rōnins ne fussent pas en mesure de
s’habiller comme il convenait pour être présentés à Sa Seigneurie. Mais lorsque
l’on suggéra une allocation spéciale pour acheter des vêtements, Sansai
répondit que non, que cela ne ferait que gêner les rōnins. En réalité, ces
craintes étaient sans fondement : si bas qu’ils fussent tombés, ils se
trouvaient encore en mesure de mettre des vêtements empesés et de porter leurs
deux sabres lorsqu’ils allèrent recevoir leur nomination.
    — ... Si nous ne nous étions
pas serré les coudes, nous serions morts avant d’être engagés par le seigneur
Sansai. Nous ne devons pas oublier que la Providence a pris soin de nous durant
ces années difficiles.
    Son récit terminé, il leva une
coupe en disant :
    — ... Pardonnez-moi de vous
avoir aussi longuement parlé de nous. Je voulais seulement vous faire savoir
que nous sommes des hommes de bonne volonté, même si notre saké n’est pas de
premier ordre et la nourriture très copieuse. Nous tenons à ce que vous vous
battiez en brave, après-demain. Si vous perdez, nous enterrerons vos ossements,
ne vous inquiétez pas.
    En acceptant la coupe, Musashi
répondit :
    — Je me sens honoré d’être
ici parmi vous. Cela vaut mieux que de boire le meilleur saké dans la plus
belle demeure. J’espère uniquement avoir autant de chance que vous en avez eu.
    — Ne dites pas ça ! Il
vous faudrait apprendre à tresser des patins de chevaux.
    Un bruit de terre éboulée brisa
net leur éclat de rire. Ils portèrent leurs regards au quai où ils aperçurent,
tapie comme une chauve-souris, une silhouette d’homme.
    — Qui va là ? cria Kagashirō,
aussitôt debout.
    Un autre homme se leva, tirant son
sabre ; tous deux grimpèrent sur le quai pour scruter des yeux la brume.
En riant, Kagashirō cria de là-haut :
    — ... Ce devait être un des
partisans de Kojirō. Il croit probablement que nous sommes les seconds de
Musashi, et que nous tenons en secret une séance de stratégie. Il a filé avant
que nous ayons bien pu le voir.
    — Voilà qui sent à plein nez
les partisans de Kojirō, commenta un

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