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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Shinzō cessa de masser le dos du vieillard pour aller chercher
de l’huile. Quand il revint, Kagenori, toujours étendu à plat ventre, avait
levé de l’oreiller son visage osseux. La lumière se reflétait étrangement dans
ses yeux.
    — ... Qu’y a-t-il,
monsieur ?
    — Tu n’entends pas ? On
dirait de l’eau qui éclabousse.
    — Ça paraît venir du puits.
    — Qui cela pourrait-il bien
être, à cette heure ? Crois-tu que certains des hommes soient encore allés
boire ?
    — Sûrement, mais je vais
jeter un coup d’œil.
    — Passe-leur un bon savon
pendant que tu y es.
    — Oui, monsieur. Tâchez de
dormir. Vous devez être fatigué.
    Quand la douleur de Kagenori se
fut calmée et qu’il se fut endormi, Shinzō lui couvrit soigneusement les
épaules et se rendit à la porte de derrière. Deux élèves, penchés sur le seau
du puits, lavaient le sang de leur visage et de leurs mains. Il courut à eux,
l’expression sévère.
    — ... Vous y êtes allés,
n’est-ce pas ? dit-il sèchement. Après que je vous ai demandé de n’en rien
faire.
    L’exaspération de sa voix se
dissipa lorsqu’il vit un troisième homme, couché dans l’ombre du puits. D’après
ses gémissements, il semblait qu’il allait mourir d’un instant à l’autre de ses
blessures.
    Pareils à de petits garçons
mendiant le secours d’un frère aîné, les deux hommes, la face bizarrement
convulsée, sanglotaient sans pouvoir se maîtriser. Shinzō devait se
retenir de leur administrer une raclée :
    — ... Imbéciles !
Combien de fois vous ai-je prévenus que vous n’étiez pas dignes de vous mesurer
à lui ? Que ne m’avez-vous écouté !
    — Après qu’il a traîné le nom
de notre maître dans la boue ? Après qu’il a tué quatre des nôtres ?
Vous dites sans arrêt que nous ne sommes pas raisonnables. N’est-ce pas vous
qui avez perdu la raison ? Contrôler votre humeur, vous retenir, supporter
les insultes en silence ! Est-ce là ce que vous appelez raisonnable ?
Ce n’est pas la Voie du samouraï.
    — Vraiment ? Si
affronter Sasaki Kojirō était la chose à faire, je l’aurais défié
moi-même. Il est sorti de ses gonds au point d’insulter notre maître et de
commettre contre nous d’autres outrages, mais ce n’est pas une excuse pour
perdre notre sens des proportions. Je n’ai pas peur de mourir, mais Kojirō
ne mérite pas que je risque ma vie, ni celle de n’importe qui d’autre.
    — Ce n’est pas le point de
vue de la plupart des gens. Ils croient que nous avons peur de lui. Peur de
défendre notre honneur. Kojirō a diffamé Kagenori dans tout Edo.
    — Si ça lui fait plaisir de
déblatérer, laissez-le. Pensez-vous donc que quiconque connaît Kagenori croira
qu’il ait perdu la face devant ce prétentieux blanc-bec ?
    — A ton aise, Shinzō.
Nous autres, nous ne resterons pas les bras croisés.
    — Qu’avez-vous en tête, au
juste ?
    — Une seule chose. Le
tuer !
    — Vous vous en croyez
capables ? Je vous ai dit de ne pas aller au Sensōji. Vous n’avez pas
voulu m’écouter. Quatre hommes y sont morts. Vous revenez après avoir été
vaincus de nouveau par lui. N’est-ce pas là entasser la honte sur le déshonneur ?
Ce n’est point Kojirō qui détruit la réputation de Kagenori, mais vous.
Simple question : l’avez-vous tué ?
    Pas de réponse.
    — ... Bien sûr que non. Je
parierais n’importe quoi qu’il n’a pas une égratignure. L’ennui avec vous,
c’est que vous n’avez pas assez de bon sens pour éviter de le rencontrer sur
son propre terrain. Vous ne comprenez pas sa force. Certes, il est jeune, vil,
grossier, arrogant. Mais c’est un remarquable homme d’épée. Comment il a appris
son métier, je l’ignore, mais on ne saurait nier qu’il le possède. Vous le
sous-estimez. Voilà votre première erreur.
    Un homme fonça sur Shinzō,
comme prêt à l’attaquer physiquement.
    — Tu prétends que quoi que
fasse cette canaille, nous n’y pouvons rien ?
    Shinzō acquiesça de la tête
avec une expression de défi :
    — Exactement. Nous ne pouvons
rien faire. Nous ne sommes pas hommes d’épée ; nous étudions la science
militaire. Si tu estimes que mon attitude est celle d’un lâche, alors il va
falloir que je m’habitue à être traité de lâche.
    A leurs pieds, le blessé
gémissait :
    — De l’eau... de l’eau... je
vous en prie.
    Ses deux camarades s’agenouillèrent
et le soutinrent pour

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