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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Kapurthala avec fermeté. De votre aveu, aucun étranger ne s’est approché de votre pavillon. Il faut donc que ce soit l’un d’eux…
    — Ou n’importe quel hindou portant la livrée du prince, avança Morosini.
    En dépit de la mine sombre de son invité, Jagad Jit Singh se mit à rire :
    — Je vois mal un homme de couleur revendiquant un nom aussi illustre que celui de l’Empereur.
    — D’autant qu’on le dit d’ascendance russe, reprit Aldo. Ce qui n’empêche que pendant un moment on l’a cru espagnol. Si les recherches ne donnent rien ici, il va falloir prévenir le commissaire principal Langlois, au Quai des Orfèvres, puisque jusqu’à présent le voleur ne s’est jamais manifesté qu’à Paris… Il faut que Langlois sache que son gibier est venu se promener jusqu’ici. Il pourra au moins faire surveiller les arrivées de bateaux, de trains…
    — Encore faudrait-il savoir à quoi ressemble Sa douteuse Majesté, corrigea Adalbert.
    — Langlois est un type méthodique, organisé, intelligent. C’est un excellent policier et je suis persuadé qu’il réussira à mettre la main dessus, parce que notre homme va sûrement regagner Paris…
    En attendant on fouilla le palais, la ville, le parc, d’où les princes invités partaient les uns après les autres. Ce qui ne simplifiait pas les choses. Entre le palais et la gare s’établissait une incessante noria de voitures qui compliquait encore la tâche des enquêteurs, la plupart des princes ayant catégoriquement refusé que l’on explore leurs bagages, à la grande fureur de Patiala. Soudain Morosini eut une idée :
    — Et s’il était parti avec Alwar ? Cet homme semble remarquablement renseigné sur l’endroit où chercher les joyaux dont il veut s’emparer. Il doit bien savoir que Jay Singh nous a repris la « Régente » ?
    — Auquel cas il vaudrait mieux pour lui n’être jamais né ; je ne donnerais pas cher de sa peau. Et d’ailleurs, c’est peut-être bien lui qui a cambriolé ta chambre, émit Adalbert.
    — Il est trop poli pour n’avoir pas laissé un carton de remerciements. Tu connais ses habitudes…
    — Oui, mais c’eût été révéler trop tôt sa présence et je te rappelle qu’il visait quelque chose de beaucoup plus important que les diamants d’Eugénie…
    Effectivement, on ne trouva rien. Le voleur et son fabuleux butin s’étaient dissous dans l’atmosphère scintillante mais, par force, un peu confuse d’une fête à laquelle tant de gens divers avaient participé. Il fallut bien en prendre son parti…
    Pendant que Patiala courait à Delhi pour mettre le Vice-Roi en demeure de faire intervenir Scotland Yard, les Morosini et Vidal-Pellicorne restèrent encore quelques jours à Kapurthala dans la paix retrouvée. On put visiter le lycée français, l’hôpital moderne, le palais du Trésor où l’on gardait les joyaux de la Couronne, des armes anciennes, des meubles orfévrés et une admirable collection de peintures mogholes et tibétaines. Mais seuls les deux hommes eurent le droit de visiter la salle proche des appartements de Jagad Jit Singh dont les murs s’ornaient de portraits, tous superbes, mais d’un genre particulier : une très éclectique collection de femmes nues…
    Au même moment la princesse Brinda emmenait Lisa rendre visite à la première épouse du maharadjah, celle qui ne sortait jamais du ravissant palais semé de jardins pleins de fleurs brillantes et de chants d’oiseaux où elle résidait, à quelque distance de la ville. N’ayant jamais pu donner d’enfants au maharadjah, elle avait elle-même choisi de s’appliquer le purdah en dépit des représentations d’un mari qu’elle venait visiter une fois l’an.
    — L’âge venant et les maharanis qui lui ont succédé n’étant plus de ce monde, elle pourrait reprendre sa place auprès de mon beau-père, expliqua Brinda, mais elle s’y refuse…
    — Elle a dû être très belle !
    — Elle l’est encore, mais elle est très attachée aux traditions. Le Palais Neuf lui déplaît et elle s’y sentirait perdue. Ici elle vit comme ont vécu toutes celles qui l’ont précédée et j’espère sincèrement qu’elle mourra avant son époux. Sinon elle serait très capable de revendiquer sa place sur le bûcher funéraire.
    — Et de se faire brûler vive ? fit Lisa horrifiée.
    — Oui. Elle est ainsi. C’est pourquoi nous considérons tous comme une bénédiction qu’elle soit

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