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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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et se dirigea vers le boulevard de la Madeleine pour prendre un taxi, aucun de ceux qui stationnaient aux abords de l’hôtel ne lui inspirant confiance.
    De retour rue Jouffroy il informa Aldo de l’état de sa chambre et lui remit le petit paquet :
    — Une excellente cachette ! commenta-t-il. La chambre a été retournée de fond en comble sans que le bijou ait été découvert. Reste à savoir qui est venu fouiller. La police ?
    — Sûrement pas ! dit Morosini. Ou je ne m’y connais plus en hommes ou le commissaire Langlois n’est pas de ceux qui opèrent de la sorte. Son investigation, à lui, aurait été menée avec soin, en ma présence ou, tout au moins celle d’un préposé du Ritz, et en aucun cas avec cette hargne que mettent des truands qui ne trouvent pas ce qu’ils cherchent.
    — Alors qui ? demanda Adalbert.
    — Là est la question. Les ravisseurs n’ont aucun moyen de savoir que je suis mêlé à cette histoire sauf si l’un d’entre eux était rue Ravignan au moment où nous avons ramené le petit Le Bret et répondu aux questions de l’inspecteur.
    — C’est déjà ça ! Mais ce qui est plus grave c’est qu’ils te soupçonnent d’avoir pris le contenu de la cheminée. Qu’as-tu écrit dans la lettre que Théobald a remise aux gens du Ritz ?
    — Que je passais vingt-quatre heures chez un ami avant de partir pour Londres. En admettant qu’on leur permette de la lire, c’est là qu’ils me chercheront…
    — Tu n’oublies qu’une chose, c’est que Langlois t’a prié, courtoisement et à mots couverts, de ne pas quitter la France, ni même Paris. Ne le prends pas pour un imbécile, Aldo ! C’est un type très bien…
    — Il en a l’air mais un bon tailleur ne fait pas forcément un aigle. Cependant j’admets que tu as raison. Aussi vais-je l’avertir que je suis chez toi en priant d’opter pour la discrétion s’il veut venir me parler ou me donner un rendez-vous… Et à propos de parler, il faut que je voie le prince Youssoupoff. C’est son adresse que j’allais chercher à La Maisonnette russe.
    — Qu’est-ce que tu lui veux ?
    — Tout simplement lui rendre ça !
    Aldo prit entre ses doigts le ravissant joyau qu’il venait de déballer et de poser entre eux sur la table.
    — Après tout, c’est son bien, puisque son grand-père l’avait acheté le plus régulièrement du monde. Il en fera ce qu’il voudra et, surtout, c’est lui qui se débrouillera avec le commissaire Langlois. Quant à moi, je pourrai enfin rentrer chez moi.
    — On ne t’a pas donné son adresse, au Ritz ?
    — Non, tu connais Franck, le barman. Contrairement à beaucoup de ses confrères c’est la discrétion même. Il m’a simplement dit qu’il habite Boulogne.
    — J’ai un vieil ami qui habite aussi Boulogne. Il devrait pouvoir te renseigner. Une personnalité aussi exotique ne doit pas tenir facilement sa lumière sous le boisseau… Je vais lui téléphoner.
    Mais il ne bougea pas tout de suite, tendit la main pour prendre la perle par son chapeau de diamants comme il l’eût fait d’une fraise.
    — Magnifique ! soupira-t-il en faisant jouer ses reflets dans la lumière. Comment se fait-il que tu n’aies pas envie de la garder ? Je croyais que tous les bijoux historiques te passionnaient ?
    — Pas celui-là ! D’abord, pour moi, il est « rouge »…
    — Le sang versé ? Mais c’est le sort d’à peu près tous les bijoux qui ont une histoire. As-tu oublié les pierres du Pectoral ?
    — Aussi n’avions-nous qu’une hâte : les remettre à leur place dans leur plaque d’or. Ensuite je suis moins attiré par les perles que par les pierres. Les premières peuvent mourir, les autres ne meurent jamais. Enfin elle vient de Napoléon I er  et, en bon Vénitien, je n’ai jamais apprécié l’Empereur.
    — Admettons ! Mais Napoléon n’était pas pêcheur de perles. Et, avant lui, celle-ci devait bien exister ? D’abord pourquoi l’appelle-t-on « la Régente » ?
    — À cause de Marie-Louise, je suppose, qui était censée assumer la régence pendant que son époux s’en allait guerroyer à Moscou…
    — Cette bécasse ? Elle n’était bonne à rien. Surtout pas au règne et il n’y avait pas de quoi affubler cet œuf merveilleux d’un titre qui ne lui allait pas. Tu n’as pas envie de chercher un peu plus loin ? Il y a sûrement une autre raison ? Une autre régente ! Une vraie !… Ou alors elle a pu

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