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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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soit.
    — Dans un sens, conclut Morosini, tu m’as rendu service avec la séance de sauve-qui-peut que nous venons de vivre. J’avais l’impression d’être suivi depuis ma sortie du Ritz.
    — Où tu ne vas pas rester une minute de plus ! s’écria Adalbert. Si le commissaire Langlois te fait suivre, il ne viendra pas te chercher ici. Quand il aura fini la vaisselle, on va envoyer Théobald chercher tes valises à l’hôtel. Il passera par la rue Cambon, se fera aussi discret que possible, et tu sais qu’il ouvre admirablement les portes ? C’est moi qui le lui ai appris !
    — Mon Dieu, la bonne idée ! La prochaine fois que je descends au Ritz, on me fait arrêter pour grivèlerie ? Merci bien !
    — Tu lui confieras une enveloppe avec de l’argent et une lettre qu’il laissera sur la cheminée.
    — C’est que… il n’y a pas que mes bagages.
    — Tu as laissé la perle au coffre de l’hôtel ?
    — Non. Justement elle est dans ma chambre.
    — Eh bien, tu n’auras qu’à lui dire où elle est. Tu peux lui faire confiance, tu sais ?
    — Voilà une phrase de trop ! Je connais Théobald. Et son jumeau aussi. Au fait, il va bien Romuald ?
    — Il ne va pas, il clopine : un coup de bêche sur le pied en faisant son jardin.
     
    Une heure plus tard, chapeau melon et pardessus noir, l’allure parfaite du serviteur de grande maison, Théobald pénétrait au Ritz par l’entrée de la rue Cambon, gagnait sans encombre le second étage et arrivait devant la porte du 207 que, grâce à un passe-partout qu’il maniait avec la dextérité d’un professionnel, il ouvrit sans la moindre difficulté. Mais apparemment, quelqu’un l’avait précédé et pas pour le bien de l’élégant appartement : tout y était sens dessus dessous et, si rien n’était brisé en apparence, il n’y avait pas un tiroir qui ne fût retourné, un coussin à sa place, un meuble vidé jusqu’aux tréfonds.
    Un instant, mais sans paraître autrement ému, Théobald contempla le désastre. Puis son regard se leva vers le lustre à cristaux taillés où, après un examen attentif il crut discerner un renflement le long de la colonne habillée de tronçons de verre aux formes diverses. Poussant un soupir résigné il ôta son manteau, son chapeau et son veston, garda ses gants, puis s’attaqua à une armoire marquetée qui se trouvait contre un mur, l’amena sous le lustre, poussa à côté la table à écrire sur laquelle il monta avant d’escalader l’armoire elle-même (une manœuvre que lui avait indiquée Morosini en personne). Arrivé là-haut, il découvrit sans peine le petit paquet de papier cristal qui enveloppait le joyau et que de minces bandes de papier collant maintenaient entre deux manchons. Du sol, à moins d’être au courant, la cachette était invisible et Théobald apprécia en connaisseur mais sans perdre de temps en admiration stérile. Il détacha le petit paquet, qu’il mit dans sa poche, descendit de son perchoir, remit les meubles en place puis entreprit de rassembler les vêtements et objets personnels d’Aldo, de les ranger dans une valise, s’occupa ensuite de la salle de bains et du nécessaire de toilette, remit de l’ordre dans la sienne, reprit manteau et chapeau puis quitta la chambre comme si de rien n’était en prenant soin de refermer derrière lui, non sans avoir hésité un instant sur ce qu’il convenait de faire de l’enveloppe que lui avait remise Aldo en conseillant de la laisser bien en vue sur le bureau. La pagaille qui régnait dans la pièce n’incitait pas à y abandonner quoi que ce soit.
    Parvenu dans le hall, il alla droit à la réception, remit le pli cacheté au portier en disant :
    — Je suis venu chercher les bagages du prince Morosini.
    — Nous regrettons toujours de voir partir le prince mais c’est avec l’espoir de le revoir bientôt ! Assurez-le que nous sommes toujours tout à son service, fit gracieusement le préposé après avoir jeté un coup d’œil rapide à la lettre qui accompagnait l’argent.
    D’un signe du doigt, Théobald attira l’oreille du portier plus près de sa bouche :
    — Entre nous, il vaut mieux que Son Excellence m’ait envoyé, moi ! confia-t-il à ladite oreille. Vous avez une curieuse façon de faire le ménage ici.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que vous devriez envoyer quelqu’un au 207. Ce qu’on y voit est surprenant…
    Ayant dit, Théobald reprit ses bagages en toute dignité

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