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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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contrevenir à un commandement divin que les chrétiens de toutes les sectes regardent comme sacré.
    – Est-il possible que ce soit mon père qui m’ait parlé ainsi ? pensa Jeanie quand Deans se fut retiré. N’est-ce pas l’ennemi qui a pris sa voix et ses traits pour me conduire à ma perte éternelle ? Une sœur prête à périr, et un père qui me montre le moyen de la sauver ! – Ô mon Dieu, – délivrez-moi d’une si terrible tentation !
    Dans l’incertitude de ses pensées, elle s’imagina un instant que son père s’attachait au sens littéral du neuvième commandement, comme défendant le faux témoignage contre sonprochain, mais non pour le sauver. Son bon sens lui fit rejeter bien vite une interprétation si bornée et si indigne de l’auteur de la loi. Elle resta donc dans une agitation pleine de terreur, n’osant communiquer franchement ses idées à son père, de peur de lui entendre exprimer un avis qu’elle ne pourrait suivre ; – déchirée surtout de douleur en pensant à Effie, qu’elle avait le pouvoir de sauver, mais par un moyen que réprouvait sa conscience. Elle était comme un vaisseau battu par une mer orageuse, et n’ayant plus qu’un seul câble, une seule ancre, – sa confiance en la Providence et sa résolution de faire son devoir.
    L’affection de Butler, ses sentimens religieux, auraient été son soutien et sa consolation dans la circonstance pénible où elle se trouvait ; mais depuis sa mise en liberté il ne venait plus à Saint-Léonard, ayant promis de ne pas quitter la paroisse de Libberton. Elle fut donc réduite à n’avoir d’autre guide que sa propre conscience pour distinguer ce qui était bien de ce qui était mal.
    Elle espérait, elle croyait que sa sœur était innocente ; mais elle n’avait pu en recevoir l’assurance de sa propre bouche, et ce n’était pas le moindre de ses chagrins.
    L’hypocrite conduite de Ratcliffe à propos de Robertson n’avait pas empêché qu’il fût récompensé comme le sont souvent les fourbes. Sharpitlaw lui trouvait un génie qui avait quelque rapport avec le sien. Aussi était-ce lui qui avait intercédé en sa faveur auprès des magistrats. Il fit valoir qu’il serait dur d’ôter la vie à un homme qui aurait pu si facilement se sauver s’il l’avait voulu, lorsque la populace avait forcé les portes de la prison. Un pardon sans réserve lui fut donc accordé, et bientôt après James Ratcliffe, le plus grand voleur et le plus grand escroc de l’Écosse, fut choisi, peut-être sur la foi d’un ancien proverbe, pour garder les autres habitans de la prison.
    Depuis que Ratcliffe était ainsi placé dans un poste de confiance, le savant Saddletree et d’autres personnes qui prenaient quelque intérêt à la famille Deans, le sollicitaient souvent de procurer une entrevue aux deux sœurs ; mais les magistrats avaient donné des ordres contraires, parce qu’ils espéraient qu’en les tenant séparées ils pourraient en obtenir quelques renseignemens sur Robertson, dont l’arrestation était toujours le principal objet de leurs désirs. Jeanie fut interrogée sur le fugitif par M. Middleburgh ; mais que pouvait-elle lui dire ? Elle lui déclara qu’elle ne le connaissait nullement, qu’il était possible que ce fût avec lui qu’elle avait eu un entretien près de la butte de Muschat ; qu’il lui avait demandé ce rendez-vous pour lui donner quelques avis relativement à sa sœur, ce qui, dit-elle, ne regardait que Dieu et sa conscience ; qu’enfin, elle ne savait ni ce qu’il avait été, ni où il était, ni quels étaient ses projets.
    Effie garda le même silence, quoique par une cause différente. On lui offrit inutilement une commutation de peine et même sa grâce, si elle voulait indiquer les moyens de le découvrir ; elle ne répondait que par ses larmes, et quand, à force de persécutions, ceux par qui elle était interrogée l’obligeaient à parler, ils n’en obtenaient que des réponses peu respectueuses.
    On différa plusieurs semaines à la mettre en jugement, dans l’espoir qu’on pourrait la déterminer à s’expliquer sur un sujet bien plus intéressant pour les magistrats que son crime ou son innocence ; mais, trouvant qu’il était impossible de lui arracher le moindre renseignement, les juges perdirent patience, et fixèrent le jour où elle comparaîtrait devant la cour.
    Ce ne fut qu’alors que M. Sharpitlaw, se rappelant enfin la promesse qu’il

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