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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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sœur ? dit Jeanie, peu satisfaite de cet élan de tendresse pour celui qui avait causé tous les malheurs de sa sœur.
    – Vous savez que nous devons pardonner à ceux qui nous ont offensés, répondit Effie, mais en baissant les yeux et d’un air timide, car sa conscience lui disait que le sentiment qu’elle éprouvait encore pour celui qui l’avait séduite n’avait rien de commun avec la charité chrétienne dont elle tâchait de le couvrir.
    – Et après avoir tant souffert à cause de lui, il est possible que vous l’aimiez encore ! lui dit Jeanie d’un ton mêlé de reproche et de compassion.
    – L’aimer ? – Si je ne l’avais pas aimé comme une femme aime rarement, je ne serais pas en ce moment entre les murs de cette prison ; et croyez-vous qu’un amour comme le mien puisse aisément s’oublier ? Non, non ; vous pouvez couper l’arbre, mais vous ne pouvez changer la courbure de son tronc. – Jeanie, si vous voulez me faire du bien en ce moment, répétez-moi tout ce qu’il vous a dit, et apprenez-moi s’il a été bien affligé ou non pour la pauvre Effie !
    – Et quel besoin ai-je-de vous parler de cela ? dit Jeanie ; vous pouvez être bien sûre qu’il avait assez de ses affaires, pour parler longuement de celles des autres.
    – Cela n’est pas possible, Jeanie, quoiqu’une sainte le dise, reprit Effie avec un retour de cette susceptibilité de caractère qui lui était si naturelle… Vous ne savez pas jusqu’à quel point il a hasardé sa vie pour sauver la mienne !… Mais elle jeta les yeux sur Ratcliffe, et se tut.
    – Je crois, dit Ratcliffe en ricanant, que la jeune fille pense être la seule qui ait des yeux. N’ai-je pas vu que Jean Porteous n’était pas la seule personne que Robertson voulût faire sortir de prison ? Mais vous avez pensé, comme moi, mieux vaut attendre et se repentir, que courir et se repentir, – Vous n’avez pas besoin de me regarder avec de grands yeux ouverts. – Je sais peut-être encore plus de choses que vous ne pensez.
    – Ô mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria Effie en se levant comme en sursaut et se jetant à genoux devant lui, sauriez-vous où l’on a mis mon enfant. – Ô mon enfant ! mon enfant ! le pauvre petit innocent ! – Os de mes os ! chair de ma chair ! – Oh ! si vous voulez jamais mériter une place dans le ciel ou la bénédiction d’une créature au désespoir sur la terre, dites-moi où ils ont mis mon enfant ! – Le signe de ma honte, l’associé de mes douleurs, dites-moi qui me l’a enlevé, ou ce qu’on en a fait.
    – Allons, laissez donc, laissez donc, dit le porte-clefs en cherchant à dégager son habit qu’elle tenait avec force, c’est me prendre par mes paroles… et devant un témoin ! Son enfant ! et comment diable saurais-je quelque chose de votre enfant ? Il faut le demander à la vieille Meg Murdockson, si vous ne le savez pas vous-même.
    Cette réponse détruisant l’espérance qui s’était présentée à elle, la malheureuse prisonnière tomba la face contre terre, saisie d’un violent accès convulsif.
    Jeanie Deans avait, dans la plus extrême infortune, autant de force d’esprit que de jugement. Elle ne se laissa point abattre par ses sentimens douloureux, et ne songea qu’à prodiguer à sa sœur les secours qu’il était possible de lui procurer dans le triste lieu où elle se trouvait. Il faut même rendre cette justice à Ratcliffe, qu’il se montra empressé à donner ses indications et alerte à les remplir ; et même, lorsque Effie fut revenue à elle, il eut la délicatesse de se retirer dans un coin de la chambre, de manière que sa présence officielle gênât le moins possible les deux sœurs dans ce qu’elles avaient à se dire.
    Effie alors conjura de nouveau Jeanie, dans les termes les plus pressans, de lui faire part de tous les détails de l’entrevue qu’elle avait eue avec Robertson, et celle-ci sentit qu’il était impossible de lui refuser cette satisfaction.
    – Vous souvenez-vous, lui dit-elle, qu’un jour vous aviez la fièvre avant que nous eussions quitté Woodend, et que votre mère, qui est aujourd’hui dans un meilleur monde, me gronda de vous avoir donné de l’eau et du lait, parce que vous pleuriez pour en avoir ? Vous n’étiez qu’un enfant alors, aujourd’hui vous êtes une femme, et vous ne devriez pas me demander ce qui ne peut vous faire que du mal. – Mais, allons, bien ou mal, je ne puis vous

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