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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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me donneriez la baronnie de Dalkeith et celle de Lugton par-dessus le marché que je ne voudrais pas lui manquer de parole.
    – Lui manquer de parole ! dit le laird d’un ton piqué ; mais qui est-il donc ? Vous ne m’avez pas encore dit son nom ! Bah ! c’est qu’il n’existe pas. Vous faites des façons. Qui est-il enfin, qui est-il ?
    – Reuben Butler, répondit Jeanie.
    – Reuben Butler ! s’écria Dumbiedikes d’un air de mépris, Reuben Butler ! le fils d’un paysan ! un sous-maître d’école ! un homme qui n’a pas dans sa poche la valeur du vieil habit qu’il a sur le dos ! Fort bien, Jeanie, fort bien ! vous êtes bien la maîtresse ! Et, refermant les tiroirs de son armoire et le panneau de boiserie qui les cachait : – Une belle offre refusée, Jeanie, ajouta-t-il, ne doit pas être une cause de querelle. Un homme peut conduire son cheval à l’abreuvoir, mais vingt ne le feraient pas boire malgré lui. Quant à dépenser mon argent pour les amoureuses des autres…
    La fierté de Jeanie se trouva humiliée. – Je ne vous demandais qu’un emprunt, lui dit-elle, et je ne m’attendais pas que vous y mettriez de telles conditions. Au surplus, vous avez toujours eu des bontés pour mon père, et je vous pardonne votre refus de tout mon cœur.
    En même temps, elle tira le verrou, ouvrit la porte, et s’en alla sans écouter le laird, qui lui disait : – Un instant ! Jeanie, un instant, écoutez-moi donc ! Traversant la cour à grands pas, elle sortit du château, remplie de la honte et de l’indignation qu’on éprouve naturellement quand on se voit refuser inopinément un service sur lequel on avait cru pouvoir compter.
    Elle courut sans s’arrêter jusqu’à ce qu’elle eût regagné la grande route. Alors, ralentissant le pas, elle calma son dépit, et commença à réfléchir sur les conséquences du refus qu’elle venait d’essuyer. Entreprendrait-elle véritablement d’aller à Londres en mendiant ? Retournerait-elle à Saint-Léonard pour demander de l’argent à son père, au risque de perdre un temps précieux, et de l’entendre peut-être lui défendre de faire le voyage qu’elle regardait comme le seul espoir de salut qui restât à sa sœur ? Elle ne voyait pourtant pas de milieu entre ces deux alternatives, et tout en réfléchissant sur ce qu’elle devait faire, elle s’avançait lentement sur la route de Londres.
    Tandis qu’elle était dans cette incertitude, elle entendit derrière elle le pas d’un cheval, et une voix bien connue qui l’appelait par son nom. Elle se retourna, et reconnut Dumbiedikes. Il était sur sa monture, en robe de chambre et en pantoufles, mais toujours avec le chapeau galonné de son père, et, dans l’ardeur de sa poursuite, il était parvenu pour la première fois à vaincre l’obstination de Rory, qui, au bout de l’avenue du château, avait voulu tourner du côté de Saint-Léonard, tandis que le laird voyait Jeanie à cent pas de lui sur la route de Londres. Il avait pourtant réussi, à force de faire jouer le bâton et les talons, à lui faire franchir cette distance, tandis que l’animal tournant la tête à chaque pas, témoignait son mécontentement de se trouver forcé d’obéir à son cavalier.
    Dès que Dumbiedikes eut rejoint Jeanie : – Jeanie, lui dit-il, on dit qu’il ne faut jamais prendre une femme à son premier mot.
    – Vous pouvez pourtant me prendre au mien, répondit-elle sans s’arrêter et sans lever les yeux sur lui : je n’ai jamais qu’un mot, et ce mot est toujours la vérité !
    – Mais alors, Jeanie, c’est moi que vous ne deviez pas prendre au premier mot. Je ne veux pas que vous fassiez un tel voyage sans argent, quoi qu’il puisse arriver. En même temps, il lui mit en mains une bourse de cuir assez bien remplie. Je vous donnerais bien aussi Rory, ajouta-t-il, mais il est aussi entêté que vous, et il n’y a pas moyen de le faire aller sur un autre chemin que celui que nous avons fait ensemble, trop souvent peut-être.
    – Je sais que mon père vous rendra cet argent jusqu’au dernier sou, laird Dumbiedikes, et cependant je ne l’accepterais pas, si je croyais que vous pussiez penser à autre chose qu’à vous le voir rendre.
    – Il s’y trouve juste vingt-cinq guinées, dit le laird en soupirant ; mais que votre père me les rende ou non, elles sont à votre service sans aucune condition. Allez où vous voudrez. Faites ce que vous voudrez !

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