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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vie, dépêchons.
    – J’ai bien peu d’argent, messieurs, leur dit Jeanie, leur offrant la portion qu’elle avait séparée de son petit trésor d’après le conseil de la bonne hôtesse d’York ; j’en ai besoin, mais si vous l’exigez, le voilà.
    – Cela ne prendra pas, reprit Tom : vous devez en avoir davantage. Croyez-vous que les gens risquent leur vie sur la grande route pour se laisser tromper de cette manière ? Non, non, il faut nous donner jusqu’au dernier farting, ou, de par Dieu, nous vous déshabillerons !
    – Eh non, Tom, eh non, dit son camarade, qui semblait moins inaccessible à la compassion que son féroce compagnon. Je vois que c’est une de ces bonnes âmes avec qui il ne faut que savoir s’y prendre. – Allons, ma belle, levez la main ; jurez que vous n’avez pas plus d’argent, et nous vous laisserons passer sur votre parole, sans chercher d’autres preuves.
    – Je ne puis pas jurer cela, répondit Jeanie, mais je fais un voyage où il s’agit de la vie ou de la mort. Je vais vous montrer ce qui me reste d’argent, et si vous me laissez seulement de quoi me procurer du pain et de l’eau, je vous remercierai, et je prierai le ciel pour vous.
    – Au diable vos prières, s’écria Tom : cette monnaie n’a point de cours avec nous ; en même temps il la saisit par le bras.
    – Un moment, messieurs, dit Jeanie, songeant tout-à-coup au papier que lui avait remis Ratcliffe, j’ai quelque chose à vous montrer. Connaissez-vous ce papier ?
    – Que diable veut-elle dire, Frank ? Regarde donc ce chiffon, car pour moi, du diable si je sais lire !
    – C’est une passe de Jim Ratcliffe, dit Frank, et, d’après les règlemens du métier, nous ne pouvons arrêter cette jeune fille.
    – Du diable si elle va plus loin, dit son compagnon : Rat nous a abandonnés, et l’on dit même qu’il est devenu limier.
    – N’importe, reprit l’autre, nous pouvons encore avoir besoin de lui.
    – Et que diable faire donc ? s’écria Tom. N’avons-nous pas promis de la dépouiller de tout, et de la renvoyer en mendiante dans son pays de mendians ? Et vous voulez que nous la laissions passer ?
    – Je ne dis pas cela, répondit Frank : et il dit à son compagnon quelques mots à voix basse.
    – À la bonne heure, répondit Tom. Mais dépêchons-nous, il ne faut pas rester sur la grande route plus long-temps ; il peut survenir des voyageurs.
    – Allons, jeune fille, suivez-nous, dit Frank.
    – Au nom du ciel, s’écria Jeanie, au nom de l’humanité, laissez-moi continuer mon chemin ; prenez plutôt tout ce que je possède au monde.
    – Que diable craint la belle ? dit Tom : je vous dis qu’on ne vous fera aucun mal. Mais si vous ne voulez pas nous suivre, que le diable m’emporte si je ne vous fais pas sauter la cervelle hors de la tête.
    – Tu es un vrai ours, Tom, lui dit son camarade ; si tu la touches, je te secouerai de manière à faire danser tes dents dans tes gencives. Ne craignez rien, mon enfant, je ne souffrirai pas qu’il vous touche du bout du doigt, si vous nous suivez : mais si vous nous tenez plus long-temps à parlementer sur la grande route, je m’en vais, et je vous laisse régler vos comptes avec lui.
    Cette menace fit une grande impression sur l’esprit de Jeanie, qui voyait qu’elle ne pouvait espérer qu’en lui pour obtenir quelque protection contre la brutalité de son camarade. Non seulement elle le suivit, mais elle saisit le pan de son habit, comme pour empêcher qu’il ne s’éloignât d’elle. Cette marque de confiance parut flatter le brigand ; il lui répéta qu’elle n’avait rien à craindre, qu’il ne souffrirait pas qu’on lui fît le moindre mal.
    Ils conduisirent leur prisonnière dans une direction qui s’éloignait de plus en plus de la grande route ; elle remarqua qu’ils suivaient un petit sentier, ce qui la délivra d’une partie de ses craintes, qui auraient été bien plus vives, s’ils s’étaient écartés de tout chemin battu. Après avoir marché environ une demi-heure dans le plus profond silence, ils arrivèrent à une espèce de vieille grange située loin de toute habitation. Elle était pourtant occupée, car on y voyait de la lumière à travers une croisée.
    Un des voleurs {93} frappa doucement à la porte ; elle s’ouvrit, et ils entrèrent avec leur malheureuse prisonnière. Une vieille femme préparait le souper sur un feu de charbon. Dès qu’elle les

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