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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de la nuit avec des gens comme vous et comme Tyburn Tom. Bonsoir, messieurs ; puissiez-vous dormir jusqu’à ce que le bourreau vous éveille – pour le bien du pays !
    Alors, quittant le bras de Jeanie et semblant obéir au caprice de sa pensée égarée, elle s’avança doucement vers sa mère, qui était assise près du feu, dont la lueur rougeâtre éclairait ses traits ridés et portant l’empreinte de la rage et de la haine ; elle semblait Hécate célébrant les rites infernaux. Se mettant à genoux devant elle et joignant les mains, Madge lui dit, comme aurait pu le faire un enfant de dix ans : – Maman, écoutez-moi réciter mes prières avant que j’aille me coucher, et donnez votre bénédiction à ma jolie figure comme autrefois.
    – Que le diable prenne ta peau pour s’en faire des souliers ! cria la vieille en répondant par la menace d’un soufflet à cet acte de respectueuse requête.
    Madge connaissait probablement, par expérience, la manière dont sa mère donnait ses bénédictions maternelles ; elle fit un saut en arrière avec agilité, et le coup ne l’atteignit pas. Meg Murdockson, furieuse de l’avoir manquée, saisit de vieilles pincettes qui étaient près de la cheminée ; elle allait en décharger un coup sur la tête de sa fille ou de Jeanie, car peu lui importait sur qui elle assouvirait sa rage, quand Frank lui arrêta le bras, et la repoussant avec violence : – Encore ! mère damnée, s’écria-t-il ; et en ma présence ! Allons, Madge de Bedlam ; retirez-vous dans votre trou avec votre camarade, sans quoi nous ferons ici payer le diable, et nous ne lui paierons rien.
    Madge profita de l’avis de Levitt, et fit une retraite précipitée, traînant Jeanie après elle, dans un réduit séparé de la grange par une cloison en planches, et rempli de paille, ce qui annonçait qu’il servait de chambre à coucher. La clarté de la lune l’éclairait par une espèce de fenêtre, et laissait voir une selle, un coussin, une bride et une valise, équipage de voyage de Meg et de sa fille.
    – Là ! dit Madge à Jeanie, dites-moi si, dans toute votre vie, vous avez jamais vu une plus jolie chambre. Il n’y en a pas une pareille dans tout Bedlam ! Avez-vous jamais été à Bedlam ?
    – Non, répondit Jeanie, étonnée de la question et de la manière dont elle était faite, mais ne voulant pas mécontenter sa compagne, dont la présence, toute folle qu’elle était lui semblait une sorte de protection.
    – Jamais à Bedlam ! s’écria Madge d’un ton de surprise. Je crois vraiment que les magistrats n’y envoient que moi. Oh ! ils ont pour moi beaucoup d’attentions ; car toutes les fois qu’on me mène devant eux, ils ne manquent jamais de m’y faire conduire, et me donnent même deux de leurs gardes pour me suivre. Au surplus, ajouta-t-elle en baissant le ton, je vous dirai en confidence que vous n’y perdez pas grand’chose, car le gardien est méchant, et il faut que tout aille à sa fantaisie. Eh ! mais, quel tapage ! à qui en veulent-ils donc ? Appuyons le dos contre la porte, personne ne pourra entrer.
    – Madge ! Madge Wildfire ! Madge la diablesse ! criaient les deux bandits, où est donc le cheval ? qu’en avez-vous fait ?
    – Il est à son souper, la pauvre bête. Je voudrais que le diable vous servît le vôtre, et qu’il vous échaudât le gosier ; vous feriez moins de tapage.
    – Mais où est-il ? s’écria Tom ; répondez, ou je vais vous faire sauter votre cervelle de Bedlam.
    Eh bien ! il est dans le champ de blé de Gaffer Gabblewood.
    – Dans le champ de blé ! s’écria Frank.
    – Eh ! oui, dans le champ de blé. N’avez-vous pas peur que les épis lui écorchent la langue, Tyburn Tom ?
    – Ce n’est pas la question ; mais que dira-t-on de nous demain matin, Frank, quand on verra notre jument dans le clos de Gaffer ? il nous faudra changer de quartier.
    – Tom, va bien vite l’en retirer, mon garçon, et aie soin d’éviter la terre molle pour qu’on ne voie point la trace de ses pieds.
    – Quand il y a une mauvaise commission, dit Tom, une commission où il n’y a rien à gagner, c’est toujours sur moi qu’elle tombe.
    – Allons, saute, Laurence ; allons, dépêche-toi !
    Tom partit sans répliquer davantage.
    Pendant ce temps, Madge avait arrangé sa paille de manière à se coucher le dos à demi appuyé contre la porte, qui s’ouvrait en dedans, mais qui n’avait pas de

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