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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avait recouvré le sentiment, et l’on espérait, dit M. Archibald, que cet événement n’aurait pas de suites fâcheuses.
    Cette dernière circonstance n’était pas tout-à-fait conforme à la vérité, car les médecins avaient déclaré qu’ils ne comptaient pas que Madge pût survivre aux mauvais traitemens qu’elle avait éprouvés. Mais Jeanie paraissait prendre un tel intérêt à cette infortunée, qu’Archibald ne crut pas devoir lui faire connaître sa véritable situation. Il la voyait si abattue et si agitée, par suite de cet événement, que, quoiqu’il eût le projet d’aller coucher à Longtown, il jugea convenable de passer la nuit à Carlisle.
    Cette décision fut très agréable à Jeanie, qui résolut de tâcher d’avoir une entrevue avec Madge Wildfire. Rapprochant quelques uns de ses discours sans suite du récit que lui avait fait Georges Staunton, il lui semblait qu’il était possible de tirer d’elle quelques renseignemens sur le sort du malheureux enfant dont la naissance et la disparition mystérieuse avaient coûté si cher à sa sœur, et elle ne voulut pas en laisser échapper l’occasion. Elle connaissait trop bien la triste situation de l’esprit de la pauvre Madge pour concevoir à ce sujet de bien vives espérances ; mais à présent que la vieille Meg n’existait plus, elle ne voyait aucun autre moyen pour arriver à la connaissance de la vérité et cette vérité lui paraissait trop importante pour négliger la moindre démarche qui pouvait contribuer à la faire découvrir.
    Sous prétexte qu’elle avait connu Madge autrefois, et que par humanité elle désirait s’assurer par elle-même qu’il ne lui manquât rien, elle témoigna à M. Archibald qu’elle souhaitait aller la voir à l’hôpital dans lequel on l’avait conduite. Il eut la complaisance de s’y rendre d’abord lui-même pour s’informer si l’on pouvait lui parler ; mais le médecin avait rigoureusement défendu que la malade vît personne. Il y retourna le lendemain, et apprit qu’elle avait été fort tranquille pendant quelques heures, et que le ministre qui remplissait les fonctions de chapelain de l’hôpital avait fait auprès d’elle des prières qu’elle avait paru écouter avec attention, mais que son esprit était ensuite retombé dans son délire habituel. Le médecin lui dit qu’elle n’avait plus qu’une heure ou deux à vivre, et qu’en conséquence on pouvait la voir si l’on le désirait, aucune précaution, aucun soin ne pouvant maintenant la sauver.
    Dès que Jeanie apprit cette nouvelle, elle courut à l’hôpital, accompagné de M. Archibald. Ils trouvèrent la malade, ou pour mieux dire la mourante, dans une grande salle où étaient rangés dix lits, mais dont le sien était le seul qui fût occupé. Elle chantait quand ils entrèrent, mais elle n’avait plus cette voix aiguë et perçante qui exprimait naguère son délire : c’était plutôt le ton d’une nourrice qui chante pour endormir son enfant. Le désordre de son imagination était toujours le même, mais les forces de son corps étaient épuisées, et les approches de la mort se reconnaissaient dans ses accens plaintifs. Le couplet qu’elle chantait quand ils arrivèrent faisait partie d’une vieille ballade où des moissonneurs parlent de leurs travaux :
    La nuit va succéder au jour ;
    Le repos va suivre l’ouvrage ;
    La moisson nous offre en partage
    Travail et plaisir tour à tour.
    La nuit revient quand le jour cesse :
    Le travail cesse avec le jour.
    Le foyer, avec allégresse,
    Nous verra rangés tout autour.
    Elle se tut en ce moment, et Jeanie s’approchant du lit, appela Madge par son nom ; mais Madge ne reconnut point sa voix : – Garde, s’écria-t-elle, garde, tournez-moi la tête du côté du mur, afin que je n’entende plus prononcer ce nom, et que je ne songe plus à un monde méchant.
    La garde ayant fait ce qu’elle désirait, elle parut plus tranquille, et se mit à chanter une strophe d’un cantique dont l’air était grave et solennel comme celui d’un hymne méthodiste :
    La foi réunie à la grâce
    A chassé l’incrédulité ;
    Et dans mon cœur la charité
    A fait à l’espérance place.
    Le banquet est prêt à s’ouvrir,
    On n’attend que moi dans la salle ;
    Revêts ta robe nuptiale,
    Âme chrétienne, il faut partir.
    L’air était solennel et touchant, grâce surtout à l’accent pathétique d’une voix qui avait été naturellement

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