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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pardon, Sire, murmura Mabel. J’ignorais la présence du roi chez la reine. Sans quoi j’eusse choisi un autre moment pour venir parler de ces détails domestiques. Je me retire, et…
    – Donne ! » hurla le roi en arrachant le manteau à Mabel et en l’examinant avidement.
    Marguerite, de son côté, jeta sur ce manteau un regard de détresse vertigineuse.
    Et alors, elle s’effondra, tomba à la renverse, sans connaissance, foudroyée par une indicible stupeur, par une joie plus effrayante que sa terreur passée.
    Elle venait de voir les émeraudes fixées à leur place ordinaire !
    *
    * *
    Marguerite, revenue à elle, était assise dans son fauteuil. Une heure s’était écoulée. Le roi avait beaucoup crié, beaucoup sangloté et imploré un pardon que la reine, pressée de se retrouver seul, lui avait accordé avec une hâtive générosité.
    Une fois bien pardonné, une fois bien soulagé par ses larmes et ses cris, le roi était parti heureux, tapageusement joyeux, criant qu’il lui fallait absolument célébrer sa joie par un dîner auquel il prétendait faire assister le soir même tous ses chevaliers. Alors, Mabel avait raconté à la reine comment elle avait pu intervenir à temps pour sauver sa chère maîtresse. La reine la serra dans ses bras et la combla de ses caresses.
    « Bien ! songea Mabel, plus que jamais, je jouis de la confiance de Marguerite. Plus que jamais, je suis maîtresse de la situation. »
    « Mais, reprit Marguerite, tu dis que c’est un de mes archers qui t’a remis ces deux émeraudes ?
    – Oui, ma reine ! et ce brave attend sa récompense dans votre antichambre. »
    Alors, Marguerite leva les yeux sur Mabel et prononça sourdement :
    « Il n’y a que les morts qui ne parlent pas. »
    Mabel approuva d’un signe de tête.
    « Mais, reprit alors la reine, tu ne m’as point dit comment cet homme se trouvait posséder mes deux émeraudes.
    – Quelqu’un les lui avait données pour vous les remettre, fit Mabel. Et ce quelqu’un les avait arrachées de votre manteau, dans le placard de la Tour de Nesle.
    – Et qui est-ce, ce quelqu’un ? demanda Marguerite, frémissante.
    – Il s’appelle Philippe d’Aulnay !… »
    *
    * *
    La reine était tombée dans une rêverie profonde.
    En elle, pas d’émotion. Mais maintenant que le danger était passé, elle voulait éviter de revivre l’heure d’angoisse et d’épouvante qu’elle venait de vivre. Sans doute, sa résolution se trouva prise, car elle fit rappeler l’officier qui se tenait constamment dans les antichambres.
    « Monsieur, lui dit-elle, est-ce fait ?
    – L’homme est en ce moment au numéro six et il n’en sortira que sur les épaules du geôlier, qui jettera son cadavre au fleuve.
    – Vous êtes un fidèle et précieux serviteur, dit Marguerite, et le premier grade vacant sera pour vous. »
    Marguerite réfléchit quelques instants, hésita peut-être et se décida :
    « Vous allez prendre douze ou quinze de vos archers les plus robustes et surtout les moins bavards. Vous allez vous rendre à la Tour de Nesle, vous la fouillerez de fond en comble. Vous y arrêterez tout ce que vous y trouverez, hommes ou femmes, et vous viendrez me rendre compte de ce que vous aurez fait. Il s’agit d’une bande de truands qui ont attenté à la vie du roi. »
    L’officier partit.
    Une heure plus tard, il était de retour.
    « Madame, lui dit-il, la bande était sans doute sur ses gardes, car nous n’avons pu trouver qu’un seul de ces sacripants. Je l’ai arrêté de mes propres mains et l’ai fait mettre dans l’un des cachots du premier sous-sol en attendant qu’il vous plaise d’en disposer.
    – Savez-vous qui est celui que vous avez pu arrêter ?
    – Moi, je ne le connaissais pas, mais l’un de mes hommes qui l’a vu à Montfaucon l’a reconnu. C’est l’un de ceux dont la tête est mise à prix. C’est le sire Philippe d’Aulnay. »
    Marguerite pâlit légèrement.
    « Que faut-il en faire, madame ? » reprit l’officier.
    Marguerite, d’une voix sourde, demanda :
    « Où avez-vous mis l’archer de tout à l’heure ?
    – Dans le numéro six, madame.
    – L’un de ces deux cachots dont on ne sort que pour être jeté à la Seine, n’est-ce pas ? reprit Marguerite d’une voix plus basse et plus sourde encore.
    – Oui, madame ! Le numéro six est pris, mais il reste le numéro cinq.
    – Eh bien, dit Marguerite, mettez-y Philippe

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