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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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gentilhomme ?
    – Il m’a dit s’appeler Philippe, seigneur d’Aulnay. »
    Mabel tressaillit, demeura quelques instants rêveuse, puis, fouillant dans son escarcelle, en tira deux ou trois pièces blanches qu’elle remit au soldat.
    L’archer fit la grimace et murmura :
    « Le gentilhomme a été plus généreux !
    – Écoute. Ceci n’est que ma récompense à moi. Mais la reine te fera remettre autant de pièces d’or que je viens de t’en donner en argent. Seulement, si tu as le malheur de dire un mot de cette commission que tu as acceptée, je sais bien la récompense que te servira la reine.
    – Et quelle est cette récompense ?
    – Une bonne corde ! dit Mabel.
    – Je ne dirai rien, pas même à mon confesseur ! » affirma le soldat avec force protestations que Mabel n’entendit pas, car déjà elle s’était rapidement éloignée.
    Hors du Louvre, Mabel défit le paquet.
    « Deux émeraudes ! murmura-t-elle. Les deux émeraudes qui garnissaient l’agrafe du manteau de Marguerite ! Et c’est Philippe d’Aulnay qui les envoie à la reine !… »
    Mabel plaça les émeraudes dans son escarcelle et reprit sa course vers le Logis hanté du cimetière des Innocents.
    Bientôt elle y arriva…
    « Myrtille ! » appela-t-elle en montant.
    Aucune voix ne lui répondit.
    « Myrtille ! » répéta Mabel avec une angoisse mêlée de rage, en parcourant le logis de haut en bas.
    Mais bientôt, elle dut se rendre à l’évidence : Myrtille n’était plus dans le Logis hanté !…
    « Comment, réfléchit-elle, ai-je pu m’attacher ainsi à cette jeune fille ?… Et comment surtout, ajouta-t-elle avec un sourire funèbre, ai-je pu être assez folle pour croire à un serment de Valois ? Le misérable, après m’avoir emmenée, a fait enlever la pauvre petite, c’est sûr ! Je vois les choses comme si j’y avais assisté !… Pauvre enfant ! Pauvre petit Jehan, qui adore cette petite à en mourir, si elle lui est enlevée… Oh ! rassure-toi, mon Jehan ! Ta mère est là ! Ta mère veille sur ton bonheur !… Étrange destinée, poursuivit-elle, qui met le père en lutte avec le fils !… Que se passera-t-il dans le cœur de Valois quand je lui dirai : « Ton fils est vivant ! Et ton fils, c’est Buridan… »
    Qu’eût dit Mabel, si elle avait su que Bigorne avait déjà fait cette révélation ! Et en quelles circonstances elle avait été faite au comte ! Et de quel cœur Valois l’avait accueillie !
    Si vil et si misérable qu’elle supposait Valois, elle le jugeait encore d’après son propre cœur et ne pouvait imaginer que le père de Buridan n’ouvrirait pas ses bras à son fils !…
    L’espérance entrait donc à flots dans l’âme de Mabel.
    *
    * *
    Cependant les heures s’écoulaient au Louvre, et Marguerite, dans une mortelle inquiétude, envoyait à tout instant Juana pour savoir des nouvelles.
    Que faisait, que disait le roi ? Que s’était-il passé à la Tour de Nesle ? Que complotait-il, enfermé avec Valois ?
    Le roi, simplement, complotait la perte d’Enguerrand de Marigny et ne songeait guère à la reine.
    Vers quatre heures, Marguerite avait fini par se rassurer à peu près, lorsque Juana entra précipitamment en disant :
    « Madame ! Voici le roi qui vient !… »
    Marguerite ne jeta pas un cri, ne prononça pas un mot. Mais, dans le même instant, elle se trouva dans l’embrasure de la fenêtre, la quenouille à la main, le pied posé sur la pédale qui mettait en action le rouet…
    « Le roi ! Place au roi ! » annonça la voix forte de l’huissier de service.
    Louis entra avec son impétuosité ordinaire, cherchant des yeux Marguerite, et à l’instant il s’arrêta, un sourire heureux sur les lèvres, ses yeux pleins d’amour contemplant avec émotion le suave tableau qu’il avait devant lui.
    La poitrine du roi s’oppressa, ses yeux se voilèrent de larmes d’amour.
    « Comment, murmura-t-il, comment, dans une minute infernale, ai-je pu soupçonner cet ange ? Quelle folie m’a saisi d’imaginer un instant que cette figure que j’ai vue au tableau de la Tour de Nesle, c’était la figure de Marguerite !… »
    Il s’approcha doucement, saisit une main de la reine et y déposa un long baiser.
    Marguerite poussa un léger cri de surprise heureuse.
    « Ah ! mon cher Sire, c’est donc vous… Hélas ! je ne vous attendais plus de la journée !… Je vous vois si peu… Vous voyez, je

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