Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
dit :
    « Tu dois avoir faim et soif. Bois et mange. »
    Le Suisse eut un rire d’enfant heureux et s’installa devant les provisions. Il ne mangea pas : il dévora.
    Lorsqu’il fut rassasié, Mabel, qui l’avait regardé faire en l’étudiant, lui demanda :
    « Comment t’appelles-tu ?
    – Roller. Wilhelm Roller.
    – D’où es-tu ?
    – D’Unterwalden.
    – C’est en Suisse, n’est-ce pas ?
    –  Ya.
    – On m’a dit que les Suisses oubliaient difficilement un bienfait. Est-ce vrai ?
    –  Mein Gott ! Je vous ai dit que ma vie est à vous. Faites-en ce que vous voudrez.
    – On m’a dit, reprit Mabel, que les Suisses oubliaient encore plus difficilement l’injure.
    –  Tarteifle ! Si jamais l’officier qui m’a mis au cachot n° 6 me tombe sous la main, je lui tords le cou comme à un canard !
    – Mais, tu risques d’être repris et condamné pour avoir tué un officier du roi et, cette fois, je ne serai pas là pour ouvrir la porte de ton cachot. »
    Le Suisse secoua la tête.
    Il répondit, avec la même tranquillité féroce :
    « Cette fois-là, cela me sera égal de mourir. Je n’en veux pas à l’officier d’avoir voulu me faire mourir, mais je lui en veux de m’avoir condamné sans motif.
    – Mais enfin ! après avoir tué cet homme, n’aimerais-tu pas mieux regagner ton pays ? N’as-tu donc personne là-bas qui t’attende ? »
    Les yeux du Suisse se voilèrent et sa voix trembla :
    « Là-bas, sur les pentes d’Unterwalden, il y a une vieille femme aux cheveux gris qui ne s’endort jamais sans avoir prié Dieu, la Vierge et les saints pour Wilhelm : c’est ma mère !
    – Tu aimes bien ta mère ?
    – Elle m’aime encore plus que je ne l’aime.
    – Oui, fit Mabel, avec un frisson, c’est le sort de toutes les vieilles mères d’aimer leur fils plus encore qu’elles n’en sont aimées. Écoute, je ne veux pas que ta mère pleure de douleur en apprenant que son fils est mort dans la ville mystérieuse qu’elle redoutait pour lui. Car je sais trop ce que souffre une mère à apprendre la mort de l’enfant qu’elle a nourri. Wilhelm, tu reverras ta mère et ton pays. »
    Les yeux du Suisse exprimèrent une joie profonde, des larmes roulèrent sur ses joues.
    « Je te donnerai assez d’or pour que tu puisses regagner la Suisse. J’assurerai ton départ de façon que tu échappes à toute recherche. Et lorsque tu seras arrivé dans ton village, malgré les dépenses que tu auras pu faire, de l’or que je t’aurai donné il restera assez pour assurer une heureuse vieillesse à ta mère. En échange de tout cela, je te demanderai seulement de recommander à la vieille Margareth de prier tous les soirs, non plus pour toi qui n’en auras plus besoin, mais… pour une mère… une mère comme la tienne. Elle s’appelle Anne de Dramans.
    – Anne de Dramans ! fit Wilhelm Roller en frappant son front carré qui semblait taillé dans un bloc de granit arraché à la Jungfrau, le nom est gravé là.
    – C’est bien, fit Mabel. Maintenant, écoute-moi. L’officier que tu veux tuer n’est pas coupable envers toi. Il n’a fait qu’obéir, comme tu eusses obéi toi-même. En frappant cet homme, tu commettras donc un crime sans excuse.
    – C’est vrai, dit Wilhelm, pensif. Mais qui donc alors a voulu ma mort ? Qui donc dois-je haïr et frapper ? Oh ! vous allez me le dire, je le sens… Je devine que vous ne m’avez amené ici que pour dire cela !
    – Je vais te dire qui a voulu et froidement ordonné ta mort ; mais jure-moi d’abord de ne pas agir avant que je t’aie dit : « Il est temps. »
    – Je vous le jure, ya !
    – Tu resteras ici, tu ne te montreras pas.
    – Je vous le jure.
    – Je t’apporterai, deux fois par semaine, les provisions dont tu peux avoir besoin ; et, maintenant, jure-moi aussi que lorsque je t’aurai dit : « Il est temps ! » tu agiras sans hésitation et comme je te l’indiquerai.
    – Je vous le jure, répéta le Suisse. Et maintenant, à votre tour, dites-moi le nom de l’infâme ?
    – Marguerite de Bourgogne, dit Mabel.
    – La reine !… murmura Wilhelm Roller. Oh ! je l’avais pressenti. J’avais deviné que cette femme n’est qu’un démon vomi par l’enfer. J’avais surpris d’elle des regards qui m’avaient épouvanté. Et si j’osais…
    – Garde tes pensées pour toi, gronda Mabel, voyant que Wilhelm s’arrêtait. Mais, maintenant que tu sais

Weitere Kostenlose Bücher