Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
reposer sur lui,
davantage encore que sur Robert Bellen.
    L’assemblée commença à tousser et à racler des
pieds. Le père Grimstone remarqua que, sur le banc de devant, Molkyn, le
meunier, était absent. Mais son épouse, Ursula, était présente ainsi que Margaret,
son étrange fille aux cheveux blonds et au teint pâle. Alors, où était Molkyn ?
Après tout, le dimanche le moulin ne tournait pas, le blé n’était point moulu,
la farine point mise en sac. Molkyn aurait dû être là, surtout pour suivre son
sermon. Le prêtre leva la tête.
    — La mort ! tonna-t-il.
    Un frisson parcourut l’assistance : le
prêche promettait d’être passionnant.
    — La mort, reprit John Grimstone, est comme
une cloche qui a pour rôle d’appeler les chrétiens à la prière. Mais les
paresseux, après avoir ouï le premier carillon, attendent le second et souvent,
ils sont si engourdis par le sommeil qu’ils ne l’entendent point.
    Il jeta un bref coup d’œil sur la femme de
Molkyn.
    — Les cloches ont des timbres différents,
expliqua-t-il en adressant un sourire à Simon, le carillonneur. Celui du glas
dit : « Souviens-toi que tu dois mourir et tu ne pécheras plus. »
    Le père Grimstone retroussa le manipule de son
poignet gauche et, plein de flamme, poursuivit :
    — La mort est semblable à un huissier.
    Il s’interrompit pendant que ses paroissiens
acquiesçaient en maugréant. Tous haïssaient l’huissier, ce redoutable officier
de la cour de l’archidiacre chargé de détecter et de publier péchés et
scandales. Quand il en découvrait un, par exemple une femme mariée cédant à des
privautés avec son amant, il assignait les pécheurs à comparaître devant la
cour de l’archidiacre.
    — Oui, continua le prêtre, la mort est
comme l’huissier et porte une verge, signe de son office, une verge plus
aiguisée, plus cruelle que la flèche la plus acérée. Elle ressemble aussi à un
chevalier sur sa monture muni d’un énorme écu, soigneusement divisé en
quartiers. Dans le premier, un singe grimaçant symbolise un exécuteur
testamentaire se moquant de l’homme dont il dilapide la fortune. Dans le
deuxième quartier, on trouve un lion furieux car la mort dévore tout ce qu’elle
saisit. Dans le troisième, un scribe qui montre que toutes nos actions seront
notées et relatées devant le tribunal de Dieu. Et dans le quatrième...
    La porte du bâtiment s’ouvrit à la volée. Le
père Grimstone laissa retomber ses bras. Les fidèles tendirent le cou.
Peterkin, l’idiot du village, peu de cervelle et encore moins d’esprit, remonta
la nef en traînant les pieds. Ses cheveux hirsutes et emmêlés cachaient presque
ses yeux égarés ; ses chausses et ses bottes élimées étaient couvertes de
boue.
    Le père Grimstone descendit sans hâte de sa
chaire. Peterkin était un des enfants de Dieu. Il vivait de la charité de la
paroisse et dormait dans les granges ou chez grand-mère Crauford, mangeant et
buvant ce qu’on lui offrait avec parcimonie. Le prêtre s’aperçut que le pauvre
garçon était fort tourneboulé. En fait, il avait même pleuré : les larmes
avaient dessiné des filets de crasse sur son visage. Le simple d’esprit ouvrit
la bouche et cilla, mais ne put prononcer un mot. Les paroissiens commencèrent
à s’agiter devant une rupture si soudaine de la routine de leur dimanche matin.
    — Du calme à présent ! ordonna le
prêtre. Peterkin, que se passe-t-il ? Tu es dans la maison de Dieu. Nous
célébrons la messe. Tu le sais bien. As-tu faim ? As-tu soif ? Ou
as-tu fait l’un de tes cauchemars ?
    Peterkin n’écoutait pas. Il fixait quelque
chose, à gauche, et désigna du doigt un des tableaux du transept. Il tremblait
et l’intérieur de ses chausses était taché d’urine. Le père Grimstone lui
saisit la main.
    — Qu’y a-t-il ? insista-t-il.
Montre-moi !
    Comme un enfant, Peterkin le conduisit à travers
le transept, paysans et villageois s’écartant devant eux. Il montra une
peinture sur le mur représentant la décollation de Jean le Baptiste. Une Salomé
à l’air méchant avait déposé la tête du saint sur un plat pour l’apporter à sa
vindicative mère.
    — Est-ce de cela que tu as rêvé ?
interrogea le père Grimstone en maîtrisant son impatience.
    Peterkin eut un geste de dénégation.
    — Molkyn ! dit-il d’une voix rauque.
    — Molkyn, le meunier ?
    — Molkyn, le meunier, répéta Peterkin comme
un écolier. Sa

Weitere Kostenlose Bücher