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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tête flotte !
    Ceux qui l’entouraient l’entendirent.
Quelques-uns se levèrent d’un bond et tournèrent la tête vers Ursula et sa
fille Margaret qui leur rendit leurs regards, yeux écarquillés. Le prêtre ôta
sa chasuble qu’il lança au vicaire. Il releva sa robe qu’il attacha à sa
ceinture et attrapa le poignet de l’idiot.
    — Faut venir ! Faut venir !
insista ce dernier. Mon père, je ne mens point ! La tête de Molkyn nage !
    Entraînant Peterkin par la main, le pasteur
descendit la nef en vitesse. Ses paroissiens, lui emboîtant le pas, le
suivirent de près. Ils traversèrent le cimetière et passèrent sous le porche.
Au lieu de se diriger à droite, vers Melford, Peterkin prit à gauche, vers le
moulin de Molkyn. La brume matinale, encore épaisse et lourde, enveloppait la
campagne comme un linceul. Le père Grimstone eut conscience de la peur qui l’envahissait ;
un frisson glaça sa nuque en sueur. Les halètements de Peterkin et le
martèlement des pas de ses ouailles, derrière lui, brisaient l’oppressant
silence. Ils franchirent le pont de bois sur la Swaile et poussèrent le
portillon qui les conduirait au bief. Genêts et broussailles, de chaque côté,
dégoulinaient de pluie. Le père Grimstone ne voyait pas grand-chose à cause de
la brume. Peterkin s’arrêta et tendit le doigt.
    — Oui, oui, dit le prêtre en suivant des
yeux la direction indiquée, c’est le moulin de Molkyn.
    Il leva les yeux vers les grandes ailes de toile
qui se déployaient, comme celles d’un monstre, dans la grisaille ondoyante.
    — Faut venir ! grommela Peterkin.
    Ils gravirent une petite colline puis
redescendirent, sur l’autre flanc, vers le bief entouré de roseaux. Une fois
encore l’idiot tendit le doigt. La brume se déchira.
    Le père John, éberlué, resta bouche bée. Il
pouvait la voir à présent, comme les autres, derrière lui, la voyaient. Une
femme hurla. L’épouse de Molkyn, écartant les autres, voulut s’avancer. Repton
l’échevin la retint avec fermeté. Le père Grimstone se contenta de fixer la
scène. Peterkin n’avait pas perdu l’esprit. La tête du meunier avait été bel et
bien coupée, mise sur un plateau de bois et dérivait maintenant sur le bief.
    Quatre nuits plus tard, Thorkle, l’un des
fermiers les plus importants de Melford, se tenait dans sa grange à battre. Il
contemplait les gerbes de blé, les dernières de la moisson de l’année. Les deux
portes du bâtiment, ouvertes, laissaient s’infiltrer une brise froide. Thorkle
le voulait ainsi. Il essuya son front en sueur. Il aurait aimé que tout cela
soit terminé.
    Le soir tombait, annonce infaillible de l’hiver.
On serait bientôt à la veille de la Toussaint. Les habitants de Melford
allumeraient des feux pour écarter les âmes errantes des morts. Le fermier
réprima un frisson. Les morts prenaient possession de Melford. Lui et les
autres n’avaient guère connu de paix depuis que Sir Roger Chapeleys avait été
pendu au grand gibet du carrefour, hors la ville. Tant de meurtres épouvantables !
D’abord le tueur aux jets [2] .
Ces jeunes femmes, y compris Maîtresse Walmer, violées et cruellement
étranglées. On avait accusé Sir Roger et il avait payé ces méfaits de sa vie,
ce qui aurait dû mettre un terme à tout cela.
    Mais, cinq ans plus tard, une autre jeune femme
avait été tuée. Et l’affaire de Molkyn ? Sa tête, coupée net, flottant sur
un plateau de bois ! Thorkle et les autres, à la prière de leur pasteur,
avaient monté les marches et pénétré dans le moulin où un spectacle encore plus
sinistre les attendait : le corps décapité du meunier, installé dans une
chaire, trempant dans son propre sang. De plus, comme pour une macabre plaisanterie,
l’assassin avait placé une chope à demi pleine de bière dans les doigts blancs
et glacés du défunt. Que se passait-il ?
    Chapeleys n’aurait pas dû mourir. Thorkle
déglutit avec peine. Molkyn et lui le savaient bien. Et à présent ? Sir
Maurice, le fils de Sir Roger, avait écrit au conseil royal à Londres pour
demander qu’on enquête sur toute l’affaire.
    Thorkle regarda avec attention la porte au bout
de la grange. L’obscurité, comme la brume, attendait de pouvoir se faufiler à l’intérieur.
Il jeta un coup d’œil aux deux lanternes suspendues à leur crochet, puis son
regard se posa à nouveau sur les gerbes de blé. La ferme était tranquille. Il
regrettait de n’avoir pas emmené

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