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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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son chien qui se trouvait sans doute près de
la maison, à l’affût des rogatons que sa femme lançait dehors. Le fermier
sursauta soudain. N’était-ce pas le chant d’un coq ? Comment cela se
faisait-il ? Ou était-ce son imagination ? Les Anciens ne prétendaient-ils
pas que si un coq chantait la nuit c’était signe de malemort imminente ?
    Thorkle entendit un bruit au fond du fenil. S’emparant
du fléau, deux battoirs retenus ensemble par une charnière en peau d’anguille,
il se dirigea vers la porte. A travers la longue cour, jonchée de boue et de
foin, il aperçut la lumière des chandelles de sa demeure. Il entendit chanter
son épouse. Elle avait bien des raisons de chanter, cette femme gaie et fourbe,
occupée à sa baratte ! Le fermier regagna la grange, rangea le fléau et
ramassa quelques épis qu’il jeta en l’air. La brise en emporterait la balle. Le
grain tomberait dans le grand morceau de cuir prévu à cet effet. Il avait agi machinalement.
Il était trop tard pour se mettre au travail.
    Le silence, comme ses propres peurs, oppressait
Thorkle. Le père Grimstone avait raison quand, sur le banc de confession, il
chuchotait à l’oreille de Thorkle et écoutait ses aveux. Le péché revenait bel
et bien vous hanter. C’était tellement différent quand lui et ses amis
lampaient de la bière à La Toison d’or  ! Ils avaient festoyé aux
places spéciales réservées aux jurés avant de revenir ensemble, paradant dans
les rues pavées, vers le Guildhall. C’était alors le cœur de l’été : le
soleil était fort et vibrant ; l’herbe haute, promesse d’une riche et
bonne moisson, était gorgée de sève ! Ces souvenirs emportèrent la
décision du fermier : il allait rentrer chez lui se rassasier de pain et
de viande avant de partir à la Toison d’or. Il voulait de
la compagnie, de la vie et des rires, un feu ronflant, le réconfort de ses amis
et de ses semblables.
    Il traversa le bâtiment pour barrer les portes
du fond. Il scruta le toit. Le chaume était en bon état, sans fuite. Il
achèverait son travail le lendemain. Il revint sur ses pas et s’immobilisa. Une
des lanternes, près de l’autre porte, avait été éteinte. Thorkle eut tout à
coup la gorge sèche. Une silhouette emmitouflée, un capuchon sur la tête, avait
surgi des ténèbres. Que dissimulait-elle ? Le fléau ? Il tira son
coutelas.
    — Que se passe-t-il ? Qui êtes-vous ?
    — Le vanneur qui sépare le grain de la
balle.
    Thorkle était certain d’avoir reconnu la voix étouffée.
    — Que voulez-vous ? questionna-t-il en
s’approchant.
    — Justice !
    — Justice ? glapit le fermier.
    Il était figé sur place. Preste, la silhouette
fit quelques pas en avant. Thorkle, éperdu, tenta de se mouvoir, mais l’assassin
fut plus rapide. Le fléau balaya l’air et son bord massif, frappant le
malheureux à la tempe, l’envoya rouler au sol. La douleur fut intense. Thorkle
sentait déjà le sang chaud. Il leva les yeux : le fléau s’abattit encore
et encore, faisant éclater le crâne du fermier jusqu’à ce que sa cervelle se
répande.
    Elizabeth, la fille du charron, redoutait les
lutins, les esprits et toutes les autres sombres et hideuses espèces qui
peuplaient les ténèbres, mais pas ce jour-là. Elle jugeait que ces contes n’étaient
que sornettes, ruses des parents pour éloigner leurs enfants des clairières
isolées et des sentiers déserts. Elle était amoureuse, ou du moins le
croyait-elle. Elle s’était rendue à Melford pour dépenser les pennies reçus à
son anniversaire mais, bien sûr, sa véritable raison... bon, il valait mieux ne
pas y penser ! Grand-mère Crauford avait peut-être raison, l’air pouvait
transporter ses rêves et les apporter à l’atelier de son père ou à sa mère, occupée
dans sa cuisine.
    Elizabeth s’arrêta au bout de la ruelle et jeta un
coup d’œil derrière elle. Le marché battait encore son plein. Adela avait
essayé de l’interroger, mais ça faisait partie du jeu, n’est-ce pas ? Il
ne fallait jamais confier à quiconque ses affaires secrètes. Si un admirateur
caché se faisait connaître, pourquoi devrait-elle l’avouer à des gens comme
Adela ? Elle filerait aussitôt à La Toison d’or jacasser
avec tout un chacun. Et qui plus est elle ne lâcherait point Elizabeth si vite.
Elle voudrait savoir de qui il s’agissait, comment et pourquoi. La jeune fille
sourit, repoussa sa longue chevelure et lissa sa

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