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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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être changé.
    C’est alors que Bertille était intervenue.
    —  À la cour des Miracles, nul ne se souciera de Ma ni de ses maîtres.
    Isabeau y avait réfléchi et finalement Albérie, Marie et Ma avaient échoué dans un logis rue Vieille-du-Temple, recommandé par Croquemitaine pour son accès souterrain qui avait autrefois permis aux chevaliers de sortir de la ville et d’organiser de secrètes réunions.
    Marie grandit avec Constant dont Bertille et Lilvia se partageaient la maternité, et Isabeau veilla à ce que tous deux reçoivent le même enseignement par l’intermédiaire d’un précepteur qu’elle paya fort cher. Rudégonde employa Albérie à la boutique et Jacques de Chabannes félicita Isabeau d’avoir ainsi mené les siens. Mais ce bonheur-là dura peu.
     
    De fait, le roi François n’avait qu’une idée en tête : reconquérir le duché de Milan qu’il avait perdu dans ses campagnes successives contre Charles Quint, empereur du Saint Empire et roi d’Espagne, allié d’Henri VIII d’Angleterre. En 1523, la guerre éclata. Les provinces françaises furent envahies par les soldats anglais, espagnols et allemands. Commandés par le duc de Norfolk, les Anglais marchèrent sur Paris au début de l’hiver. La terreur gagna la ville. Le froid glacial la servit. Récoltes, vignes, arbres furent perdus et le commerce s’effondra. Rapines et violences se multiplièrent en Île-de-France ; les soudards dévastaient les maisons, mangeaient les maigres provisions, violaient, massacraient, hagards et sauvages. Croquemitaine dénonça l’un d’eux, surnommé le roi Guillot, qui avait tenté de trouver refuge chez les mendiants. Il fut arrêté, décapité et découpé en quatre morceaux qu’on suspendit aux portes de Paris pour l’exemple, ajoutant ainsi à la froidure la pestilence de ses restes. De plus, le roi fit interdire le port de bâtons en ville, ainsi que les jeux de dés, cartes, quilles et autres qui eussent pu entraîner riottes et bagarres, accolant l’ennui à la peur.
    Rudégonde et Isabeau ouvrirent leur porte aux miséreux, au mépris de leur réputation, partageant leur maigre pitance avec ceux de la cour des Miracles. S’occuper des autres rapprocha les femmes qui comptaient les jours avant que Paris soit assiégé. Dans cette attente, le guet fut renforcé et des chaînes tendues aux carrefours. Certains bourgeois élevèrent des fortifications, creusèrent des tranchées, tandis que d’autres fuyaient en province.
    La Palice insista pour qu’Isabeau le rejoignît à Lyon mais elle s’y refusa. Il était hors de question pour elle d’abandonner les siens, ces gueux dont nul ne se souciait. Enfin, contre toute attente, le duc de Norfolk fit demi-tour. Une épidémie s’était abattue sur son armée déjà décimée par le froid. Paris fut sauvé et la vie reprit son cours, lentement, meurtrie dans l’âme.
    Le 4 mars suivant, Jacques de Chabannes se présenta à la boutique éreinté et morose quant au sort de l’armée française, dans le sillage de son roi tout aussi acravanté. Les troupes s’épuisaient dans le siège de Milan que le roi refusait de lâcher, malgré les ravages de la peste. Plus le temps passait, plus le moral des soldats s’affaiblissait.
    À ce trouble s’en ajouta un autre, descendu d’Allemagne. Celui qu’éveillaient les propos d’un certain Luther qui s’élevait contre l’Église catholique, pervertie, souillée de lucre et de luxure. L’abbé Boussart se rangea à cette doctrine, entraînant dans son sillage de nombreux membres du bas clergé, mais aussi des notables, bourgeois et commerçants. Le peuple écrasé de tailles et de larcins était las. À chaque coin de rue, il se rebellait, chapardait aux étals pour manger à sa faim, hallebrené d’écouter ces prélats qui lui offraient le spectacle de bijoux resplendissants d’or et de pierreries à leurs doigts boudinés.
    À Lyon, le roi fut rattrapé par le décès de son épouse, la reine Claude. Guidé par sa peine, il exigea que son cercueil soit exposé dans la chapelle du château de Blois pour que sa vie de sainteté soit offerte en prière et permette de sauver la France, car le traître Charles de Bourbon, comte d’Auvergne et du Forez, celui-là même qui l’avait tant servi, avait rejoint son ennemi Charles Quint et lui ouvrait la route. La chance voulut que les troupes adverses rebroussent chemin, décimées par la peste. L’orgueil de François en fut

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