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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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prédécesseurs.
    Clément Marot prit un air ennuyé.
    —  Je crains fort au contraire que sa présence vous incommode. Il semble avoir fortement insisté pour obtenir cette charge, ce depuis 1527 et l’incident qui suivit la pendaison du baron de Semblançay.
    —  Semblançay ? L’administrateur du royaume ? Il fut exécuté pour larcins, fausseté, abus et malversations ! Quel rapport avec notre suppléant ?
    —  Les loups, Isabelle !
    Elle leva la tête et son regard s’arrêta dans celui de son ami.
    —  De la mort de cet homme, Paris ne retint d’abord que mes vers, jusqu’à ce que son corps fût dépendu du gibet et retrouvé dans un pré à Pantin, déchiqueté par des crocs, tout comme cet autre, quelques mois auparavant, qui avait fait injure au roi. Ce, en plein cœur de la ville. Souvenez-vous de cette rumeur que je n’ai pas chantée, celle d’une louve grise se changeant en femme sur un rocher, la nuit où cela advint, nuit de pleine lune.
    —  Ragot de populace ! Nul esprit raisonnable n’y a prêté oreille, et le roi lui-même s’en est moqué en affirmant que les abords de la ville abritaient bien moins de loups que la cour n’en comptait dans ses prisons. Où voulez-vous en venir, l’ami ?
    —  Ce suppléant est un petit seigneur d’Auvergne, ma dame, qui après la mort de Bourbon acheta ses bonnes grâces en versant pour la rançon royale plus qu’aucun de ses pairs. On raconte que sa fille fut dévorée par les loups ainsi que sa gouvernante, mais qu’il n’en chasse qu’un depuis lors. Un garou au visage de femme.
    Isabeau sentit un sang mauvais battre à ses tempes. Clément Marot s’approcha d’elle en la voyant blanchir et lui prit la main avec douceur.
    —  Je vous suis dévoué, Isabelle, selon le vœu de votre amant dont j’avais l’amitié puisqu’il me sauva la vie une fois. Vos secrets vous appartiennent et je ne laisserai personne salir le nom que vous portez. Je sais toutefois par la bouche même de Jacques de Chabannes l’intérêt qu’il accordait aux agissements de cet homme. En son temps, il me demanda de prêter l’oreille et de l’avertir de ses mouvements. François de Chazeron est commis à Paris, ma dame. J’ignore ce qui vous lie à cet homme, mais j’ai songé qu’il était bon de vous avertir de ses desseins.
    Instinctivement, Isabeau porta la main à sa poitrine. La mode fort heureusement avait rehaussé les décolletés et la marque au fer rouge ne s’y pouvait deviner. Pourtant, à l’instant, elle la brûlait comme si elle datait d’hier. Isabeau s’assit avec lassitude.
    —  Servez-vous à boire, mon ami, suggéra-t-elle en montrant un buffet où une carafe de verre finement ciselée attendait sur un plateau d’argent avec deux coupes assorties.
    Comment avait-elle pu croire que jamais le passé ne la rattraperait ? Elle se trouva stupide. D’autant que les paroles de Clément avaient éveillé un doute. Un doute pernicieux. Qui était Marie en réalité ? Elle portait la marque et cependant…
    Isabeau s’empara du verre tendu par le poète et avala une gorgée de liqueur de myrtille.
    Clément s’installa à son tour, s’attardant à la regarder. Elle restait belle malgré les outrages du temps. Il se demanda quel âge elle pouvait avoir, quarante-cinq, cinquante ans ? Son visage était marqué, relâché dans son ovale qu’auréolaient des cheveux grisonnants sous la coiffe, et des rides se devinaient à la commissure des lèvres, sur le front, autour des yeux, malgré le fard. Le regard pourtant restait intact, fugace et vif, d’un vert si intense qu’on eût dit un sol moussu.
    Elle le leva vers lui et sourit. Beaucoup de choses les liaient désormais, sans parler de leur appartenance au mouvement luthérien. Que son amant en son temps et sans lui en parler ait gardé un œil sur François de Chazeron au travers de Clément Marot lui interdisait tout mensonge. Jacques de Chabannes ne distribuait pas sa confiance à tort et à travers. Il n’avait jamais été trahi dans ses choix.
    —  C’est une longue histoire, commença-t-elle.
    —  J’ai tout mon temps, assura-t-il en s’enfonçant dans son siège.
     
    Lorsqu’ils se séparèrent, Clément Marot était satisfait et honoré de ce qu’il venait d’entendre. Il s’enfonça dans les rues de Paris en songeant que, plus encore qu’auparavant, Isabelle de Saint-Chamond méritait son respect.

2
     
     
    Lorsque Philippus freina le pas de

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