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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
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antirévolutionnaire ne méritait que la mort 72 …
    Guevara, dans la Sierra déjà, considérait presque comme un honneur d’effectuer les tâches les plus lourdes. À la Cabaña, il poursuivit sur sa lancée. Le tribunal jugeait vite (5 heures en moyenne, en général de 20 h ou 21 h à 2 h ou 3 h du matin) et respectait plus ou moins les formes, car les connaissances du droit et de la procédure manquaient aux uns et aux autres. On ne sait combien de gens furent fusillés à Cuba dans les premiers temps de la révolution, sans doute plusieurs centaines, comme le soutient Hugh Thomas. Et l’on peut suggérer que plusieurs dizaines de personnes furent fusillées sous la responsabilité directe d’Ernesto Guevara.
    Il y eut pire : Jacobo Machover a recueilli les souvenirs de Fausto Menocal qui évoque le simulacre d’exécution qu’il subit à la Cabaña, dans les premiers jours de la Révolution 73 . Des procès eurent lieu aussi en public, dans un stade. Rien n’indique cependant que Guevara y ait participé. Il avait bien assez de la Cabaña et ne liquidait pas par plaisir comme cela était sans doute le cas de quelques personnalités dérangées comme cet Herman Marks, un Américain bizarrement accepté à ce niveau, qui jouait un peu le rôle du bourreau.
    Guevara faisait son travail comme il faut et demandait aux juges d’être scrupuleux : tout devait être fait pour défendre la Révolution. Comme jadis Lénine des juges du nouvel État bolchevik, il exigeait qu’on se préoccupât moins du droit et qu’on défendît plus le nouveau pouvoir « populaire ». Il aimait à le rappeler : le président guatémaltèque Jacobo Arbenz avait été vaincu précisément de ne pas s’être montré assez rigoureux dans l’épuration de ses propres forces nationales.
    La révolution est une affaire sérieuse
    Tous ceux qui, dans son armée, s’imaginaient faire la fête après deux ans ou presque de privations et d’abstinence en furent pour leurs frais. On raconte qu’alors que chacun ramenait joyeusement une fille, Guevara rassembla les « permissionnaires accompagnés » et « organisa un mariage collectif pour tous ces combattants et leurs compagnes dont l’union n’avait pas été officialisée », invitant un juge à venir enregistrer « leurs vœux », sans oublier un prêtre pour ceux qui désiraient une cérémonie religieuse.
    Cette volonté d’effacer la sexualité des autres, signe d’une individualité incontrôlée, Guevara la manifestera régulièrement. En 1965 au Congo, il obligera par exemple un des soldats qui l’accompagnaient dans son expédition africaine à se marier après qu’il eut appris l’existence de relations amoureuses entre lui et une jeune Africaine ! Le malheureux guérillero, père de famille, se suicida et le Che entonna devant les Cubains affligés l’air de l’ « indiscipline » qu’il fallait combattre avec la plus grande sévérité 74 .
    Castro arriva enfin le 8 janvier à La Havane, installa un brave magistrat progressiste, Urrutia, à la présidence de la République, lui-même se « contentant » de la direction de l’armée révolutionnaire dont il fut dit et répété – avertissement clair aux autres forces comme celle du directoire étudiant – qu’elle devait être la seule et que tous devaient s’y intégrer.
    Fidel poursuivit dans la capitale ses interminables discours. Guevara se souvient-il du premier, dans la nuit du 8 au 9 janvier, et de l’étonnante mise en scène à laquelle il donna lieu, avec la participation d’un colombophile utilisant des appeaux pour que les charmants oiseaux, symboles de paix, viennent se poser sur les épaules de Castro ? Tout cela donnait une image bien sympathique à l’étranger de ces révolutionnaires, tout comme la présence au gouvernement de José Miro Cardona, un professeur de droit pro-américain, parfaitement inoffensif et amovible à tout moment.
    Manœuvre et manipulation. Guevara pouvait-il en être satisfait ? Il ne pouvait parfois s’empêcher d’abattre les cartes et de rappeler où l’on allait. En petit comité, en tout cas, comme par exemple le 27 janvier 1959 devant des militants communistes qu’il voulait rassurer d’une tout autre manière que les milieux d’affaires, il promit que la révolution cubaine avait des ambitions radicales allant bien au-delà de ce que Fidel avait reconnu jusque-là. En fait, lui-même ne se privait pas d’agir dans

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