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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sa lâcheté et sa cupidité, elle avait perdu M. de Cubsac, ne pouvant épouser un gentilhomme qui un jour l’aurait mise
     en présence de celle qu’elle avait dénoncée.
    Les larmes lui vinrent. Plusieurs fois M. de Cubsac était revenu et à chaque fois elle avait refusé de le rencontrer. Elle ne pourrait jamais se racheter, elle le savait. Elle avait même songé à s’enfuir, mais pour aller où, que devenir? Le plus terrible était qu’elle aimait cet homme.
    — Que te voulait cette dame? demanda Thérèse, troublée par le visage défait de sa nièce.
    — Rien d’important, ma tante… balbutia Perrine.
    — Rentrons alors, M. Le Bègue doit nous attendre.
    Perrine resta immobile, comme perdue.
    — Mais qu’as-tu, Perrine?
    — Ma tante, j’ai besoin de ton aide, dit finalement la jeune fille en fondant en pleurs.
    — Qu’as-tu? Qu’as-tu donc? demanda Thérèse.
    Perrine avait de plus en plus souvent ces crises de larmes, et la pauvre femme ne savait que faire pour la consoler.
    — Ma tante, quand M. de Cubsac était venu chez nous… Il avait dit où il habitait… T’en souviens-tu?
    — Où il habitait?
    La cuisinière des Hauteville réfléchit un instant avant de dire :
    — N’avait-il pas parlé de la rue de l’Aigle, à l’enseigne de la Coupe d’Or ?
    — J’ai besoin d’y aller… Accompagne-moi, je t’en supplie.
    — Mais Le Bègue?
    — Il en va de la vie de monsieur notre maître, Thérèse, implora Perrine.
    Désemparée, ne sachant que dire, sa tante accepta.
    Rue de l’Aigle, M. de Cubsac était chez lui car il avait une rage de dents et n’était pas allé à la messe.
    Assis dans son lit avec une vieille bouteille de bourgogne pour calmer sa douleur, il resta interdit quand son valet fit entrer
     les deux femmes. Quelque chose de grave avait dû arriver pour qu’elles viennent ainsi, alors que Perrine l’évitait depuis
     trois mois. La voyant si belle et si fraîche, sa passion se raviva brusquement, il oublia sa souffrance et demanda à son valet
     de les laisser.
    Perrine ne lui laissa pas le temps de l’interroger.
    — Monsieur de Cubsac, je suis la plus indigne des femmes pour oser me présenter ainsi chez vous, mais je vous en supplie, aidez-moi à sauver M. Hauteville.
    — M. Hauteville? Où est-il? s’enquit-il interloqué, tandis que Thérèse ouvrait de grands yeux éberlués.
    — À Paris, caché dans la salle du Petit-Bourbon avec M. Poulain. Mme de Montpensier vient d’envoyer ses sbires pour le prendre.
    Cubsac était un homme d’action. Il oublia sa douleur, sauta sur ses pieds, saisit sa rapière posée sur un coffre, prit une
     arquebuse à main toujours chargée, se coiffa de son chapeau et jeta sa cape sur ses épaules.
    — Panfardious! Rentrez chez vous, je m’occupe de tout! lança-t-il.
    — Non! dit Perrine, je vais avec vous!
    Cubsac regarda les deux femmes successivement en hésitant, puis il dit à Thérèse en montrant Perrine :
    — Je la ramènerai!
    Sans attendre la réponse, il prit la servante par la main tenant sa rapière et sortit de chez lui. Son cheval était dans une
     écurie à deux maisons de là. Il y courut, l’harnacha, attrapa Perrine par la taille, la jeta sur la selle, monta devant elle
     et mit sa bête au galop dans la rue encombrée.
    Combien de gens heurta-t-il? Il ne les compta pas. Il criait seulement :
    — Cap de Bious! Hors du chemin! Service de la Ligue!
    Ceux qui l’entendaient à temps s’écartaient, les autres tombaient dans la boue. Il renversa ainsi toute une procession de flagellants qui se fouettaient vigoureusement en suivant les reliques d’une sainte. Plusieurs des participants, bourgeois
     en pénitence et moines, tentèrent vainement de le poursuivre en le maudissant. Perrine s’accrochait à sa taille, terrorisée
     certes, mais éprouvant aussi un incompréhensible sentiment d’allégresse.
    En quelques minutes, il fut dans la rue du Petit-Bourbon. La porte donnant sur la cour était ouverte. Il éperonna sa bête
     et la fit entrer. Une dizaine de chevaux attendaient sous la garde d’un homme à pied portant une brette qui fut surpris en
     voyant entrer ce cavalier avec une femme en croupe. Pourtant, il ne s’inquiéta pas. Il était au service de la sœur du duc
     de Guise que tout le monde vénérait dans Paris.
    — Qui êtes-vous? lui demanda Cubsac du haut de sa monture.
    — Service de Mme de Montpensier! répondit l’autre, vous êtes

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