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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qui, avec une profonde indifférence, lui avait donné une poignée d’écus.
    Perrine avait compris qu’elle n’avait été qu’un instrument pour trahir son maître et l’argent de la duchesse avait ravivé
     sa honte. Judas aussi avait reçu une poignée de deniers. N’osant se confesser, elle s’était infligé des pénitences et des
     jeûnes, et n’avait jamais utilisé la récompense reçue.
    Bien sûr, elle s’efforçait aussi de se justifier. Mme Hauteville était une hérétique, et les hérétiques devaient être brûlées. C’est ce que disaient les curés, et qui d’autre qu’eux pouvait mieux savoir ce que voulait Notre Père?
    Pourtant chaque fois qu’elle songeait à l’effroyable sort des deux femmes, elle fondait en larmes jusqu’au jour oùelle avait appris qu’elles s’étaient évadées en tuant leurs gardiens. Ces crimes l’avaient soulagée. Ces femmes étaient non
     seulement des hérétiques mais des criminelles, s’était-elle convaincue. Elles étaient pires qu’elle.
    Malgré cela, quand la duchesse de Montpensier était venue à Saint-Merry réclamer vengeance, peu après la mort du duc de Guise,
     Perrine n’était pas restée sur le parvis pour recevoir sa bénédiction comme la plupart des gens du quartier. Elle ne voulait
     plus jamais rencontrer la duchesse pour oublier son infamie et elle croyait y être parvenue jusqu’au jour où Cubsac était
     venu la demander en mariage. Depuis, elle était la plus malheureuse des femmes.
    — Bonjour, Perrine, fit Mme de Montpensier comme la servante s’approchait lentement, les yeux baissés.
    La duchesse portait une robe de soie noire, un toquet noir et une fraise amidonnée immaculée. Sa beauté avait disparu, car
     ses traits étaient désormais profondément marqués par la maladie, la douleur et la haine.
    — Bonjour, madame, répondit Perrine en lui baisant la main.
    — Savez-vous que votre maître est de retour à Paris, ma fille? demanda Catherine de Montpensier assez sèchement.
    Perrine leva des yeux étonnés.
    — Non, madame.
    — Il y est pourtant. Si vous le voyez, je veux que vous me préveniez immédiatement. C’est bien compris?
    — Oui, madame.
    Le ton de la réponse, et une certaine réticence, ne parurent pas satisfaire la duchesse.
    — Vous n’aimeriez pas être brûlée comme hérétique, n’est-ce pas, Perrine? s’enquit-elle en souriant venimeusement.
    Elle jugeait inutile désormais de jouer la comédie avec cette sotte.
    — Madame, on les a trouvés! Ils sont dans la salle du Petit-Bourbon! cria une voix.
    Perrine tourna la tête vers celui qui venait de les interrompre : un homme ressemblant à un rat avec son menton fuyant, son nez trop long et ses lèvres ouvertes sur de grosses incisives. Elle remarqua la lourde épée et la miséricorde à sa taille. Un garde du corps?
    La duchesse resta impavide en lança au nouveau venu un regard sombre.
    — Je vous remercie, monsieur Lacroix, dit-elle sèchement. Dites-leur qu’ils m’attendent. J’irai les voir ce soir. Ont-ils apporté leurs décors?
    Elle se tourna vers Perrine, avec un sourire de circonstance.
    — Ce sont des comédiens que j’ai fait venir. Ils ont préparé une tragédie sur la mort de mes chers frères…
    Jugeant toute autre explication inutile, elle se dirigea vers le gentilhomme qui l’attendait pour la conduire à sa voiture.
     Lacroix les suivit, conscient d’avoir été imprudent de parler ainsi devant une inconnue.
    Perrine resta seule, observant que l’homme à face de rat rejoignait une dizaine de cavaliers, tous armés.

36.
    Perrine retrouva Thérèse l’esprit en désordre. Elle était plus fine que Mme de Montpensier ne le croyait et avait deviné que
     c’est de son maître et de M. Poulain que cet homme venait de parler, et non de comédiens. Ils étaient bien à Paris et les
     gens de la duchesse les avaient trouvés. Ils allaient les prendre et les tuer, sans doute après d’effroyables supplices.
    Longtemps elle avait été dupe, ou voulu l’être. Elle s’était efforcée de croire que la duchesse voulait vraiment demander
     à son maître de la prendre à son service. Mais au fond d’elle-même, depuis que M. Hauteville avait rejoint leroi de Navarre, elle avait deviné que la sœur de Guise ne visait qu’à lui faire du mal.
    Elle s’était prêtée à cet infâme dessein et avait trahi son maître. Non seulement elle n’y avait gagné que de la honte mais,
     par

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